_: L' aube de l' automne , amour sacré , amour profane Le Festival de musique baroque d' Ambronay s' achève ces jours -ci . Succès artistique et succès public , les clés de sa réussite . Le plus ardu lorsque l' on veut écouter de la musique baroque à Ambronay , c' est de trouver son moment car chaque semaine ( cinq au total ) présente des concerts attrayants entre lesquels il est bien difficile de choisir . Programme remarquablement monté par Alain Brunet , infatigable maître d' oeuvre de ce festival en sa 23e édition . Comme bien d' autres , il est condamné à réussir , faute de quoi son équilibre financier serait menacé . Dans un budget de 1 , 68 million d' euros ( incluant l' Académie baroque européenne créée en 1993 , et la production discographique : cette année un album dédié aux Vêpres de la nativité de saint Jean-Baptiste - un CD Astrée-Naïve - , magnifiquement servi par l' alto Carlos Mena et fa Fenice de Jean Tubéry ) , le festival représente quelque 910 000 euros . Il avait accueilli l' an passé 17 000 spectateurs ( 12 500 payants ) ; il dépassera cette année les 18 000 entrées , ce qui est fort honorable . S' il quitte aujourd'hui l' enceinte de l' abbatiale d' Ambronay qui l' a vu naître et en reste le coeur , c' est que nombre de communes alentour sont demandeuses ; d' où un rayonnement qui englobe tout le département de l' Ain , célèbre aussi pour son patrimoine architectural et sa foisonnante gastronomie ( ses poulets et quenelles ) . La deuxième semaine présentait bien des attraits . Tout d' abord , dans le joli théâtre de Bourg-en-Bresse , l' ensemble Aurora , qu' Enrico Gatti dirige de son violon , joua des sérénades de Stradella , musicien sulfureux qui exerça son art à Rome et à Venise . Musique pleine de délicatesse , subtiles variations sur le thème de l' amour opposé au dédain en des joutes poético-lyriques finement distillées par E. Galli et J. Feldman , G. Banditelli et S. Foresti , vêtus des riches costumes de Marco Baratti , dans le plus pur style baroque . On plongeait ensuite - premier temps fort - dans les Grands Motets de Campra , servis par les Arts florissants de William Christie au sommet de leur forme : velouté des cordes , finesse et précisions des bois et trompettes , homogénéité du choeur le tout offrant un somptueux écrin aux solistes qui traduisirent avec une émotion profonde la religiosité extravertie du siècle des Lumières qu' exalte si bien le grand chef américano-français . Contraste saisissant avec l' austère Philippe Herreweghe , à la tête de son Collegium vocale de Gand et du Concerto Palatino ( formé de cornets à bouquetin et de trombones ) , qui introduisaient aux splendeurs de la Venise d' un Gabrieli ou d' un Schütz , dont les symphonies sacrées ou les psaumes de David sont marqués au coin de l' esprit du Concile réformateur de Trente . Interprétation là aussi sans égale qu' il s' agisse du choeur , des instrumentistes ou des solistes parfaitement idiomatiques . Même esprit dans les oratorios très pédagogiques et moralisateurs de Giacomo Carissimi que dans les Paladins de Jérôme Corréas , entourant de merveilleux solistes ( Monique Zanetti ou Françoise Masset , entre autres ) qui surent traduire l' émotion à fleur de peau qui sous-tend ces oeuvres . Troisième grand moment : Jules César en Égypte , somptueux opéra de Haendel qui conte les amours du stratège romain et de Cléopâtre , drame lyrique parfaitement construit aux rebondissements multiples et qui exige des chanteurs de haut vol et doués de réels talents de comédiens . Cette production de l' Opéra de Paris donnée en version de concert fut un succès total : Marc Minkowski et ses Musiciens du Louvre sont à leur affaire dans ce répertoire tout comme les solistes qui donnent vie à ce chef d' oeuvre . Ce fut enfin le concert de l' Académie baroque européenne , formée de jeunes interprètes issus des conservatoires et qui font là leurs premiers pas professionnels , cette année sous la houlette de Rinaldo Alessandrini , qui interpréta des oeuvres religieuses de Vivaldi , Pergolèse ou Scarlatti , parfaitement mises en place , jouées et chantées avec conviction et des dons , instrumentaux ou vocaux , certains . Au total , le succès aura , une fois de plus , été au rendez -vous de ce festival où l' on se sent bien . Ce soir , Festa criola avec Gabriel Garrido et l' ensemble Elyma ( samedi 12 ) et concert de clôture ( dimanche 13 ) , Bach , Haendel , avec Les Talents lyriques , Ch. Rousset . ( Tél. : 04 74 38 74 04 ) .