_: DOSSIER - SOCIAL : LA MOBILISATION NE FAIBLIT PAS , LE GOUVERNEMENT AVALISE LA RÉFORME DES RETRAITES Face à la rue , Raffarin joue toujours la montre Les manifestations font le plein et le calendrier des grèves est bien rempli pour les lendemains du pont de l' Ascension . Alors qu' une réunion de crise sur l' école était convoquée hier à Matignon et que le projet de réforme des retraites doit être avalisé par le Conseil des ministres aujourd'hui , près de 400 000 personnes ont défilé hier dans plusieurs villes de France . A Marseille ( entre 50 000 et 200 000 , un record ) comme à Toulouse ( entre 20 000 et 55 000 participant ) , à Bordeaux à Paris et dans une trentaine de villes moyennes , les enseignants , qui formaient le gros des cortèges , étaient secondés par des fonctionnaires de diverses administrations et aussi par des salariés du privé . A la Poste ( 20 % de grévistes ) , à France Telecom ( 26 % ) , les grèves ont été moins suivies selon les directions nationales . LE FUSIBLE FERRY Dans les manifs , les slogans deviennent en tout cas de plus en plus hostiles à l' égard des ministres Luc Ferry ( Éducation ) et François Fillon ( Affaires sociales ) et se dirigeaient aussi contre le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin . Interpellé par les dirigeants syndicaux , en perte de vitesse dans les sondages ( sa cote a chuté de sept points ) , il a décidé de reprendre l' initiative hier soir . Son intervention s' adressait surtout aux enseignants qu' il tente de calmer par quelques propositions ponctuelles ( lire ci-contre ) et qu' il met en garde sur des blocages d' examen . Ce discours a visiblement peu convaincu les grévistes de l' Éducation nationale , puisque Gérard Aschieri secrétaire général de la de la FSU a prédit dès hier soir que « le mouvement va se durcir » . A Perpignan et à Toulouse , les étudiants de certaines facultés sont même venus grossir les rangs pour s' opposer aux réformes de Luc Ferry , réaffirmant hier matin devant les députés qu' il « ne reculerait pas » . Pour la première fois cependant , Jean-Pierre Raffarin a mis son ministre de l' Éducation en retrait puisque Jean Paul Delevoye , Nicolas Sarkozy et Xavier Darcos vont prendre en main respectivement les dossiers des carrières , de la décentralisation et le débat sur l' école . Le fusible Ferry a été déconnecté en douceur . En tout cas , le face-à-face persiste entre un gouvernement qui joue le pourrissement du conflit sur la durée ( lire ci-dessous ) et un front syndical , peu affecté par le retrait de la CFDT , et qui commence à croire à la possibilité d' une amplification du conflit . Le pont de l' Ascension accorde un répit au gouvernement avant le mois de juin chargé ( retraites à l' assemblé le 10 , réforme des Universités le 18 ) . La mobilisation des journées de grève du 2 et 3 juin sera d' ici là une nouvelle épreuve .