_: PRESIDENTIELLES : LES FRANÇAIS APPELÉS AUX URNES DEMAIN Les inconnues du 1er tour Seize candidats briguent les suffrages des Français appelés aux urnes demain pour la septième fois dans l' histoire de la V e République . Si cette élection est déjà marquée par un nombre record de candidatures , elle aura suscité peu d' engouement parmi la population . Au point que les augures annoncent une abstention record , conforme à la tendance observée aux scrutins locaux et nationaux depuis 10 ans . Ils prédisent même des scores très bas pour les deux favoris , Jacques Chirac et Lionel Jospin , annoncés comme certains au second tour . A la veille du scrutin , Stéphane Rozès , directeur de l' institut CSA-Opinions et maître de conférences à Sciences-Po Paris fait le point sur le scrutin . Quels sont les grands enseignements de la campagne ? Les leaders naturels des deux camps ont choisi de mener une campagne de second tour , de rassemblement , où l' on compte plus sur les faiblesses de l' adversaire que sur sa propre dynamique . Ils ont eu des difficultés à obtenir l' écoute des Français . Ils n' ont pas compris la façon tardive et brouillonne dont Lionel Jospin a réorienté sa campagne sur un volontarisme de gauche placé sur le terrain sociétal alors qu' on l' attendait sur le terrain social . Ils n' ont pas adhéré aux critiques de Jacques Chirac sur la cohabitation dans la mesure où ils ont apprécié pendant cinq ans la façon dont il a ficelé cette cohabitation . Comment expliquer la montée attendue des extrêmes ? Lionel Jospin souhaitait pouvoir dire qu' après avoir gagné sur l' emploi , il avait une crédibilité pour gagner sur l' insécurité et la droite voyait dans ce thème le maillon faible de l' adversaire . Ils ont délaissé leur terrain de prédilection ( la régulation sociale pour Jospin , l' économie pour Chirac ) et ont fait le lit de l' extrême droite . Avant l' arrivée des cohabitants sortants , Chevènement incarnait l' autre solution . Le peu de distinction perçue entre les programmes des cohabitants , le caractère très communication de leur campagne finalement éloignée d' une certaine authenticité ont maximisé les votes à l' extérieur du système vers l' extrême gauche comme vers l' extrême droite . De nature idéologique contraire , elles attirent ceux qui sont dans un total refus du système et du clivage gauche droite et ceux qui en souhaitant voter le plus à l' extrême de leur propre camp pour être entendus . Quels sont les trois enjeux majeurs de ce premier tour ? Il ressemble à un scrutin à la proportionnelle . Avant , on s' orientait vers des candidats qui proposaient une vision et un projet global pour la société française . Aujourd'hui , émergent des petits candidats non sans succès qui détiennent des parcelles d' idées correspondant à une vision de l' intérêt général . Le premier enjeu , c' est la participation . Une forte abstention n' aidera pas le futur président à faire preuve d' audace réformatrice . Le deuxième enjeu , c' est le poids des extrêmes , de Chevènement et de Saint-Josse . Ces forces ont comme caractéristique d' avoir des électorats très disparates dont les comportements de second tour vont construire la figure du futur président . Cela dit , ces électorats ne seront que très peu sensibles aux consignes , suggestions ou sous-entendus de vote de leurs candidats de premier tour . Le troisième enjeu , c' est l' ordre d' arrivée et l' écart entre Chirac et Jospin . C' est un point psychologique non négligeable . Enfin , à droite comme à gauche , les scores des autres candidats seront déterminants pour le profil du Premier ministre potentiel et la campagne des législatives . Si les Français sont critiques à l' égard du personnel et du spectacle politique , ils n' en sont pas moins intéressés et exigeants .