_: POLITIQUE . Chirac-Jospin : leurs projets Cette fois , les Français peuvent juger programme contre programme . Après Jacques Chirac , Lionel Jospin a exposé le sien . Des plaquettes vont être distribuées dans le pays à des millions d' exemplaires , imputées naturellement sur les comptes de campagne des candidats . Tout est donc en place pour qu' un vrai débat démocratique s' engage . Car il ne s' agit plus seulement de juger un candidat sur sa mine mais sur des propositions : « Des promesses » , diront sans doute les sceptiques qui n' ont pas oublié l' aphorisme de Jacques Chirac ( « Les promesses n' engagent que ceux qui les reçoivent » ) . Mais aujourd'hui , le candidat du RPR , qui rame encore pour effacer cette désastreuse impression , préfère parler d' engagement . Quant à Lionel Jospin , il a articulé son programme lui aussi autour de « dix engagements » . Ce vocabulaire volontariste ne tombe pas du ciel , on l' imagine . Directement utilisé par les deux candidats pour convaincre les Français que leurs propositions sont crédibles . Et qu' ils sont animés par la volonté politique de les mettre en oeuvre . Pour autant , une majorité de Français estimait encore récemment ne pas voir de véritables différences entre Chirac et Jospin . Un discours repris très souvent par tous les autres candidats sur le thème « bonnet blanc et blanc bonnet , alors pourquoi pas moi ? » . Jean-Pierre Chevènement a même trouvé une formule - « c' est Chirospin ! » - pour traduire l' indifférenciation qui , à ses yeux , caractérise la politique préconisée par les deux cohabitants sortants . MESURES EMBLEMATIQUES Mais en examinant les programmes avec un peu d' attention , on s' aperçoit cependant que le propos est peut- être moins pertinent aujourd'hui qu' hier . On sait , en effet , qu' alerté par ses conseillers sur un danger de banalisation , Jacques Chirac a décidé de « droitiser » son programme . Et la baisse d' un tiers de l' impôt sur le revenu , seul impôt véritablement progressif en France , figure d' ailleurs comme mesure emblématique d' une telle politique . Lionel Jospin , qui dans un premier temps , avait déclaré que son programme n' était « pas socialiste » a finalement choisi une démarche parallèle ... à gauche . Confronté à une progression marquée du vote de l' extrême-gauche , le candidat du PS adresse des signes à l' électorat populaire , avec , comme mesure emblématique , l' éradication de la pauvreté en cinq ans . Sur un plan général , on s' aperçoit à l' examen que les deux programmes sont marqués à la fois par de fortes similitudes dans des domaines « de société » ( sécurité , éducation voire Europe ) alors qu' ils renvoient davantage à un clivage marqué gauche- droite en matière économique et sociale ( emploi , retraites , fiscalité ) . Au total , avec l' apport de tous les autres candidats , il y au moins matière à débat .