_: FRANCE - DISPARITION - JOURNALISTE , ÉCRIVAIN , MILITANT POUR LES DROITS DES FEMMES , ELLE EST DÉCÉDÉE HIER Françoise Giroud , une femme engagée dans son siècle Françoise Giroud , décédée hier matin près de Paris à l' âge de 86 ans des suites d' un traumatisme crânien consécutif à une chute , aura durant près de 60 ans défendu ses convictions contre la guerre d' Algérie ou pour la cause des femmes , avant tout dans le journalisme mais aussi dans une vingtaine d' ouvrages et , plus brièvement , en politique . Le journalisme est « là où bat le coeur du monde » , expliquait -elle en 2001 dans un livre d' entretiens , « Profession journaliste » . « De toutes mes vies , celle que je préfère , c' est le journalisme » , disait -elle encore au Monde lors de ses 80 ans . Jusqu'à sa mort , elle tenait une chronique de télévision dans le Nouvel Observateur , mais c' est avant tout l' aventure de l' Express avec Jean-Jacques Servan-Schreiber , l' un des hommes de sa vie , qui lui était chère . Françoise Giroud était mère de deux enfants , dont un fils décédé , et une fille , Caroline Eliacheff . De son vrai nom France Gourdji , elle était née à Genève le 21 septembre 1916 , dans une famille bourgeoise aux origines russe et turque , fille du patron de l' Agence ottomane de presse à Constantinople . Elle débute sa vie professionnelle à l' âge de 16 ans comme sténo-dactylo , puis comme script-girl au cinéma aux côtés de Marc Allégret , notamment sur la « Fanny » de Pagnol ou encore de Jean Renoir sur « La grande illusion » . Au total , elle signera les adaptations ou dialogues de plus de 25 films . Pendant la Seconde Guerre mondiale , elle est agent de liaison dans la Résistance . Arrêtée par la Gestapo en 1943 , elle est incarcérée à Fresnes . A la Libération , Hélène Lazareff , la seule femme d' influence de la presse française d' alors , la fait venir à Elle , où , Directrice de la Rédaction ( 1946 - 1953 ) , elle formera nombre de jeunes femmes au journalisme . LA GRANDE AVENTURE DE L' EXPRESS En 1953 , elle créé avec « J.J . - S.S . » l' Express , premier « news magazine » français . Elle en sera directrice de la rédaction , mettant tout son poids à s' opposer à la guerre d' Algérie , puis Directrice de la publication à partir de 1971 . En 1974 , François Giroud se lance en politique . Avec Valery Giscard d' Estaing , elle est d' abord secrétaire d' Etat chargée de la condition féminine puis secrétaire d' Etat à la Culture . Une expérience qu' elle fait « par curiosité » et qui lui inspirera le corrosif « La comédie du pouvoir » ( 1977 ) . Vice-présidente du Parti radical ( 1977 - 79 ) , elle se prononce pourtant en 1981 pour François Mitterrand . Membre du jury du prix Fémina , elle a publié de nombreux livres dont « Si je mens » ( 1972 ) , « Ce que je crois » ( 1979 ) , « Le bon plaisir » ( 1979 , porté à l' écran par Francis Girod en 1984 ) . Les hommages sont unanimes . Le président de la République Jacques Chirac a salué « une femme de culture , de conviction et d' engagement » . Le ministre de la culture , Jean-Jacques Aillagon , a rendu hommage à « une des consciences les plus lumineuses de la société française » , Jack Lang a estimé qu' elle « alliait « le charme infini d' une intelligence rare , la générosité de son regard lucide et chaleureux sur la vie et le raffinement d' une écriture vive , éclatante et décapante » . Une femme de conviction , aux multiples vies , toujours marquées par l' engagement .