_: ASSURANCES - FACE AUX RISQUES MÉDICAUX , DES PRATICIENS ET DES CLINIQUES POURRAIENT NE PLUS ÊTRE ASSURÉS Chirurgiens : grève du bistouri dans l' air La fièvre monte . Selon l' Union des chirurgiens français ( UCF ) qui a mené une enquête auprès de ses 9.000 adhérents à la fois hospitaliers et libéraux , 30 % d' entre eux pourraient se retrouver au premier janvier prochain sans couverture du risque médical . C' est-à-dire dans l' impossibilité matérielle d' exercer . Des chirurgiens qui n' entendent pas rester les bras croisés : « Si rien ne bouge d' ici là , nous déclencherons la grève des bistouris dès le 4 novembre » , avertit le docteur Cuq , responsable régional de l' UCF . Une situation sans précédent , qui résulte du désengagement des compagnies d' assurances dans le domaine de la santé mais aussi de la loi Kouchner du 4 mars 2002 . Elle prévoit l' indemnisation des victimes et fait obligation aux professionnels et aux établissements de santé de contracter une assurance en responsabilité civile . Pour les assureurs , c' est la goutte d' eau qui a fait déborder le vase . Il y a ceux qui ont remercié leurs clients après avoir jugé , d' emblée , que compte-tenu de la multiplication des dossiers contentieux , la couverture du risque santé n' était plus une activité rentable . C' est le cas des géants américains , Ace et Saint Paul , qui ont tiré le rideau dès cet été après avoir pourtant arraché , à grands coups de rabais sur les primes , plus de la moitié du marché de l' hospitalisation privée ces dernières années . Résultat , quelque 600 cliniques risquent de ne plus être assurées à compter du 1er janvier prochain . Et puis , il y a les assureurs qui ont envoyé leurs nouveaux tarifs . Et là , c' est la stupéfaction . Certains chirurgiens auraient reçu des augmentations de 300 à 400 % pour reconduire leur contrat en 2003 . PRIS EN OTAGE Pour Philippe Cuq , chirurgien à la clinique Saint-Jean à Toulouse , « la profession est carrément prise en otage par les assureurs . Dans mon cas , cela voudrait dire que ma prime va passer brutalement de 7.000 euros ( 49.000 francs ) à plus de 25.000 euros , alors même qu' elle a déjà doublé sur ces cinq dernières années . C' est totalement surréaliste . Les cliniques pourront peut-être absorber sur leur trésorerie . Mais pour nous , il est clair que si la situation n' évolue pas , nous ne pourrons plus exercer » . De leur côté , les assureurs plaident la vérité des chiffres : « Sur ces dix dernières années , les contentieux pour erreurs médicales ont doublé et le coût moyen des sinistres a été multiplié par quatre . Aujourd'hui , quand nous assurons un chirurgien , nous perdons entre 40.000 et 50.000 francs par an , plus encore s' il assure des spécialités à risques comme l' obstétrique ou l' anesthesie-réanimation » , assure Nicolas Gombeaud , chef du service juridique du Sou médical , une mutuelle qui assure 2 / 3 des médecins et 1 / 3 des chirurgiens . Comment le gouvernement , qui a fait de nouvelles propositions dimanche dernier ( lire ci-dessous ) pourra -t-il réduire la fracture entre les assureurs et les médecins ? Peut-être un début de réponse la semaine prochaine au ministère de la santé : le docteur-ministre Mattei organise une nouvelle table ronde pour trouver le remède . Réunion de la dernière chance ? n