_: SOCIÉTÉ - JACQUES CHIRAC A INSTALLÉ HIER LA COMMISSION STASI Sous le foulard , la laïcité en question Jacques Chirac a officiellement installé , hier , la « commission Stasi » par laquelle il entend structurer le débat sur la laïcité ; débat qualifié de « bouillonnant » par son entourage . La laïcité , séparation des pouvoirs de l' Eglise et de l' Etat ( 1905 ) est un des traits de notre démocratie fondée sur la reconnaissance des Droits de l' Homme et les principes de l' Etat de droit . Elle assure à chaque individu une autonomie que l' Etat doit respecter et garantir . Opposé à toute dérive communautariste en France , le chef de l' Etat a défini les missions et le calendrier serré de la commission de réflexion . Sa présidence a été confiée à l' actuel médiateur de la République , Bernard Stasi , ancien ministre centriste . Ce groupe d' experts est chargé de proposer , le cas échéant , une législation qui irait au-delà de la seule question du port du voile islamique . Une partie des débats devrait être diffusée à la télévision . L' installation de cette commission succède à des semaines de controverses sur la question du foulard islamique . LE FOULARD ET L' ÉCOLE A la suite d' incidents qui ont émaillé les cours de récréation ( port du foulard , antisémitisme ) , les ministres Luc Ferry et Xavier Darcos ont présenté , en février dernier , des mesures visant à réactiver les principes de la République à l' école . Depuis , associations , institutions , politiques ont laissé éclater leurs divergences sur l' opportunité de légiférer sur le port de signes religieux à l' école , ainsi que sur l' attitude à adopter face aux revendications communautaires . Alors que Jack Lang , l' ancien ministre de l' Éducation nationale s' est prononcé pour l' interdiction du voile islamique à l' école , Luc Ferry a préconisé de réaffirmer clairement les principes de la laïcité à l' occasion de la révision de la loi d' orientation sur l' éducation qui doit aboutir en 2004 . L' Assemblée nationale a , pour sa part , créé une mission d' information sur la question des signes religieux à l' école qui doit rendre ses conclusions avant la fin de l' année . Ces mêmes personnalités , et d' autres , ont par ailleurs été invitées à « plancher » devant le Conseil d' État qui a , lui aussi , entrepris son propre travail sur la question de la laïcité . FOULARD ET QUOTIDIEN Le ton du débat est monté d' un cran avec les propos de Nicolas Sarkozy sur le voile islamique , qui ont soulevé les huées , devant le rassemblement de l' Union des organisations islamiques de France ( UOIF ) , le 19 avril dernier . Un rappel à la loi ( pas de foulard sur les photographies d' identité ) qui avait été reçu comme une provocation par les militantes qui veulent marier citoyenneté et identité religieuse . Des réactions qui en retour ont provoqué un électrochoc dans la société française attachée à la séparation entre sphère religieuse privée et sphère publique . Si en avril dernier , le maire de Trappes ( apparenté PS ) a , au nom de la laïcité , repoussé la revendication de femmes musulmanes désireuses de plages horaires qui leur soient réservées à la piscine ( on ne se dénude pas devant les hommes ) , Martine Aubry , a attribué une heure hebdomadaire réservée aux femmes à la piscine de Lille-Sud . Dans le même temps , le chantier de la construction européenne a donné lieu à une polémique à l' échelle du continent , entre les partisans d' une mention explicite de l' héritage chrétien de l' Europe dans sa future constitution , et ceux qui s' y refusent au nom de la laïcité et des valeurs universelles . Selon Hanifa Cherifi , membre du Haut Conseil de l' intégration , « Le voile est au coeur du débat de la laïcité . Il faut aider les jeunes filles voilées à sortir de leur enfermement . Il n' y a pas d' émancipation par le voile , ni à Paris , ni à Kaboul , ni à Alger » .