La Dépêche

1: OTAGES - LE GAZ A FAIT PLUS D' UNE CENTAINE DE MORTS ET AUTANT DE VICTIMES EN RÉANIMATION

2: Moscou :

3: mystères et questions autour d' un assaut

4: 4 . POURQUOI LES EFFETS DU GAZ SONT-ILS SONT-ILS AUSSI TERRIBLES ?

5: Jean GUISNEL :

6: 646 personnes sont encore hospitalisées , 150 dans des services de réanimation , 45 dans un état critique .

7: Vladimir Poutine a annoncé une journée de deuil national .

8: L' opération , considérée en Russie comme un succès malgré le nombre des victimes , semble avoir renforcé l' autorité du Président .

9: Elle fait craindre aussi à de nombreux observateurs un durcissement du régime qui ne se limiterait pas à la seule Tchétchénie .

10: Les médias , notamment , déjà soumis à un tour de vis , pourraient se retrouver dans la ligne de mire du pouvoir .

11: D' autant que si l' opinion publique approuve globalement la manière dont s' est déroulée l' intervention des commandos , la presse ne se prive pas de polémiquer sur le mutisme de la police , sur l' accueil déplorable réservé aux familles des otages et sur le mystère épais , entretenu par le gouvernement , quant à l' origine de ce gaz qui semble avoir tué terroristes compris plus de 150 personnes .

12: Des questions auxquelles le Kremlin devrait répondre s' il ne veut pas perdre tout le bénéfice de l' opération .

13: n

14: 1 . VLADIMIR POUTINE AVAIT-IL AVAIT-IL D' AUTRES OPTIONS ?

15: Comme c' est toujours le cas dans la conduite des opérations militaires dans un pays où les armées sont subordonnées au pouvoir politique , la responsabilité de l' assaut revient exclusivement au chef de l' Etat russe , Vladimir Poutine .

16: En l' espèce , devant l' une des prises d' otages les plus spectaculaires et dramatiques de l' histoire moderne , il a choisi la manière forte ;

17: parce que , a -t-il dit ,

18: « on ne met pas la Russie à genoux » .

19: D' autres responsables politiques ont eux aussi choisi , en leur temps , la manière forte ;

20: héros des démocrates israéliens , Yitzhak Rabin ( assassiné en 1995 ) avait décidé et organisé l' assaut contre un avion d' Air France détourné sur l' aéroport d' Entebbé ( Ouganda ) en juillet 1976 .

21: Six terroristes avaient été tués , de même qu' un otage .

22: Autre exemple , douze ans plus tard :

23: la grotte d' Ouvéa , en Nouvelle-Calédonie .

24: Entre les deux tours de l' élection présidentielle , l' exécutif ordonne l' assaut des preneurs d' otages .

25: Les troupes d' assaut françaises ( GIGN , commando Hubert de la marine , 11e régiment parachutiste de choc de la DGSE ) perdent deux hommes , libèrent les otages , et liquident dix-neuf indépendantistes canaques à l' issue de l' opération .

26: En matière militaire , il n' est jamais question que de politique .

27: Poutine aurait pu choisir de négocier avec les Tchétchènes , mais au prix d' une humiliation majeure , qu' il n' a pas voulu payer .

28: Dans son esprit , il n' avait pas d' autre option .

29: 2 . POURQUOI NE CONNAIT-ON CONNAIT-ON PAS LES CONDITIONS DE L' ASSAUT ?

30: C' est une constante dans les forces spéciales :

31: on ne détaille jamais à chaud la conduite de leurs actions , ni l' identité de leurs membres , ni la manière dont les ordres sont transmis ou exécutés .

32: Ni même si la mission a été menée conformément aux ordres reçus .

33: On en saura sans doute un peu plus dans quelques semaines ou dans quelques mois , lorsque des membres des sections d' assaut donneront quelques détails .

34: 3 . POURQUOI AVOIR UTILISE DES GAZ ?

35: Dans une telle opération , face à des preneurs d' otages aussi déterminés et à des détenus en nombre aussi important , une solution négociée aurait pris des semaines .

36: Un assaut était la seule option retenue dès le départ par le Kremlin , mais l' utilisation directe d' armes à feu aurait fait courir des risques encore plus considérables aux otages , d' autant plus que le théâtre était bourré d' explosifs .

37: Dans ce cas , l' utilisation de gaz incapacitants était une option risquée , mais relativement réaliste , et c' est le point de vue que défendent les autorités russes .

38: Hier soir , on ne savait encore rien de la nature des agents incapacitants ni de leur dosage .

39: Trente-six heures après l' assaut donné par les Spetsnaz , les forces spéciales russes , sur le théâtre de Moscou , le bilan ne cesse de s' alourdir .

40: Il est évident que jamais de tels gaz n' avaient été utilisés dans ces conditions , et les Russes ne tiennent pas à faire connaître les traitements qu' ils appliquent aux victimes .

41: Avec ce genre de toxique , utilisés dans des espaces confinés dont les « amis » peuvent aussi être victimes , on produit généralement des antidotes .

42: Mais curieusement , les autorités américaines qui ont demandé communication de ces informations pour traiter une de leurs ressortissantes victime de l' assaut , n' ont pas pu obtenir de réponse .

43: Pourquoi ?

44: C' est encore un mystère , cachant visiblement quelque vérité que le Kremlin aimerait garder pour lui .

45: 5 . L' UTILISATION DES GAZ EST-ELLE EST-ELLE UNE PREMIERE DANS CE TYPE D' AFFAIRE ?

46: En décembre 1979 déjà , le capitaine Barril , du GIGN , et trois de ses gendarmes , envoyés par le gouvernement français à la demande du royaume wahabite , inondent de gaz de combat des dizaines de preneurs d' otages dans la grande mosquée de La Mecque .

47: Les rebelles se rendent ;

48: l' opération , dans son ensemble , aurait fait près de 180 morts chez les preneurs d' otages , et à peine moins dans les forces armées saoudiennes .

49: 117 otages sont morts , deux seulement par balles , probablement tués par les terroristes , les autres sous les effets d' un gaz dont les autorités se refusent toujours à donner la nature et la composition .

50: Chef du service investigations au journal « Le Point » .