_: PROCHE-ORIENT : LE PRINCE HÉRITIER SAOUDIEN PROPOSE UN PLAN DE PAIX À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE Comment Abdallah a piégé Sharon Auteur d' un ouvrage de référence sur Ben Laden , « Au nom d' Oussama » , et d' un deuxième à paraître « Les archives secrètes d' Al Quaida » ( Edition Jean Picoulet ) , Rolland Jacquard décrypte la personnalité et la stratégie du prince héritier saoudien Abdallah qui vient de présenter un plan de paix pour le Proche- Orient . Qu' est -ce qui se cache derrière l' initiative du prince Abdallah ? D' abord le souhait de reprendre le leader-ship dans le monde arabe . Il est évident qu' il arrivera en position de force les 27 et 28 mars à Beyrouth où il devrait présenter cette proposition lors du prochain sommet des pays arabes . Depuis 1995 date à laquelle , il a pris la régence du roi Fahd , il avait besoin de restaurer l' image de son pays où depuis quelques temps des divergences sont apparues au sein des élites du royaume : dans les relations avec les Etats-Unis mais surtout par rapport à l' ambiguité du pouvoir avec des chefs religieux qui n' ont cessé de soutenir Ben Laden . L' impasse du conflit au Proche- Orient lui a donné , donc , l' occasion de redonner une audience à son pays , à la fois dans le monde arabe mais aussi dans le concert des Nations . Ce plan a -t-il des chances d' aboutir tant que Sharon est au pouvoir en Israël ? C' est la grande astuce de cette initiative . Car il est évident qu' elle est piègée et qu' elle met Sharon en difficulté . On voit mal comment son gouvernement peut y survivre , comment il peut accepter le démantèlement des colonies juives dans les territoires occupés . Elle va permettre , au contraire , aux arabes de reprendre l' nitiaitive vis-à-vis d' Israël et obliger les Américains à se positionner . Et ils peuvent difficilement réfuter le plan saoudien dans la mesure où il y un an , à Camp David , le plan Barak / Clinton , prévoyait déjà le retrait des Israéliens des territoires occupés . A l' époque les Saoudiens s' y étaient opposés .... Est -ce à dire , que si demain Israël acceptait ce plan de paix , les Saoudiens reconnaitront l' Etat hébreu ? Oui , bien sur . Mais pas seulement . L' ensemble des pays du monde arabe suivrait . C' est tout l' enjeu de la partie diplomatique qui est en train de se jouer . On saura dans un mois , à Beyrouth , comment les cartes vont se redistribuer , y compris au Liban Sud avec les revendications des Syriens dont Abdallah a toujours été très proche . D' une certaine façon , en proposant ce plan de paix , l' Arabie saoudite n' apporte -elle pas sa pierre à la guerre totale contre le terrorisme engagée par les Américains ? Bien sûr . Il est évident qu' aujourd'hui Ben Laden et son organisation ont besoin que ce conflit perdure pour espérer pouvoir retrouver une audience dans les masses musulmanes . Non seulement , ils réduisent de cette manière le fond de commerce d' Al Quaida , mais en plus ils effacent l' image de double jeu dont souffrait la diplomatie saoudienne . Si vous aviez à définir la personnalité du prince Abdallah ... Treizième fils du roi Abdel Aziz qui a fondé l' Arabie Saoudite en 1932 , c' est avant tout un pragmatique . Autoritaire au plan de la sécurité intérieure - il dirige d' une main de fer la garde nationale ( 75.000 hommes ) - il est d' une grande souplesse sur le plan diplomatique . Il a fait des études de relations internationales à Londres , connaît très bien la France et son nationalisme le fait se méfier des Américains qu' il considére trop proches d' Israël , même s' il les sait incontournables dans le Golfe . En fait , son initiative au Proche-Orient obéit aussi à son désir d' accélérer la succession du roi Fahd et de couper l' herbe sous le pied de ses concurrents , notamment Sultan , le ministre de la Défense . Il compte pour cela sur sa bonne image auprès des jeunes puisqu' il est un des rares dignitaires du royaume , vierge de toute affaire de corruption , notamment dans les ventes d' armes .