_: SEVILLE : L' UNION EUROPÉENNE SE PENCHE AUJOURD'HUI SUR L' IMMIGRATION Clandestins : l' Europe se cherche Deux ans et demi après son lancement , la politique commune d' asile et d' immigration est toujours en panne . A la fin du mois de mai , la réunion des ministres de l' Intérieur à Rome avait exprimé une certaine volonté de travailler ensemble . Notamment sur le projet de création d' un corps de douaniers européens . Un projet qui pèse son poids de symbole mais dont les contours restent pour le moment entièrement à définir . C' est ce flou , ce manque de décisions concrètes que José Maria Aznar qui présidera demain et samedi le sommet de Séville voudrait effacer . « Les masques de l' hypocrisie doivent tomber » , a -t-il lancé à ses partenaires européens avant de les accueillir . EN ORDRE DISPERSE Car si l' ensemble des membres se multiplie en déclarations d' intentions sur la nécessité d' harmonisation , la réalité est un peu différente . La progression en Europe des courants populistes et d' extrême droite a singulièrement fait monter les enchères . Chaque pays avance en ordre dispersé avec pour seul point commun , le durcissement de sa politique d' immigration . Ainsi en Italie un texte prévoit de limiter désormais le droit de séjour à deux ans et de l' accorder seulement à ceux disposant d' un contrat de travail . En Grande-Bretagne , Tony Blair a proposé un ensemble de mesures destinées à la législation dont une procédure accélérée pour refouler ceux dont les demandes d' asiles sont rejetées . En Autriche , une loi vient d' être adoptée contraignant les étrangers à apprendre l' Allemand sous peine de suppression des aides sociales voire du permis de séjour . Et l' Espagne n' est pas en reste : après avoir régularisé 400.000 clandestins en 2001 , Madrid prévoit de supprimer la possibilité pour un immigré clandestin de régulariser sa situation après un séjour de cinq ans , d' aggraver les peines pour les contrevenants et de limiter les regroupements familiaux . Durcissement de la législation également dans les peines encourues par les passeurs : en Angleterre le « tarif devait passer de 2 à 10 ans de prison , en Italie et en Allemagne de 5 à 15 ans . L' Europe propose , elle , des sanctions de 8 ans d' emprisonnement pour les cas les plus graves . Car c' est bien les filières de trafic clandestins que chaque pays membres veut juguler à la mesure d' une immigration mal contrôlée et qui fait peur . Personne n' a oublié le Drame de Douvres où 58 clandestins chinois avaient péri asphyxiés dans un camion en juin 2000 , où les échouages réguliers sur les côtes européennes de bateaux chargés de clandestins . Selon des estimations officieuses , quelque 500.000 immigrés arrivent illégalement chaque année dans l' UE , alors qu' ils étaient 680.000 à être entrés légalement en 2000 . Au total , près de trois millions d' étrangers vivraient actuellement dans la clandestinité dans les pays de l' UE , pour 13 millions d' immigrés légaux . D' où la nécessité de réguler ses flux d' immigration et d' harmoniser les politiques d' accueils . EUROPE FORTERESSE Sur le fond , le débat oppose les tenants d' une approche avant tout répressive ( Espagne , Grande- Bretagne , Italie ... ) à ceux qui prônent une approche « équilibrée » ( France , Suède , Belgique ... ) . Objectifs de ces derniers , éviter la construction d' une « Europe forteresse » que dénonce déjà Amnesty International et de nombreuses organisations non gouvernementales . « On ne peut pas passer d' un excès de laxisme à la constitution d' une Europe fermée sur elle même » a expliqué Nicolas Sarkozy , le ministre de l' Intérieur français . Paris étant sur une ligne médiane : avancer par étapes progressives et privilégier les relations bilatérales aux frontières comme c' est déjà le cas avec la Belgique et l' Italie . On le voit , sur un sujet aussi sensible que l' immigration , l' harmonisation est un véritable défi pour l' Europe . Les quinze seront -ils capables de jouer en équipe sous le maillot étoilée de l' Union ? C' est pas gagné .