_: MONDE : PROCHE-ORIENT ALORS QUE LE PREMIER MINISTRE , ARIEL SHARON , CAMPE SUR SES POSITIONS Colin Powell en Israël : la mission à hauts risques La crise entre Washington et Jérusalem est -elle inévitable ? A quelques heures de l' arrivée de Colin Powell , Ariel Sharon n' avait pas donné le moindre signe d' un possible assouplissement de ses positions . Au contraire . Hier , le Premier ministre a tenu un seul et même discours : « Pas question d' interrompre l' opération militaire en cours , ni de négocier sous le feu » . Lors d' une réunion avec des policiers , il est même entré dans le détail en révélant avoir prévenu les Américains que « l' armée israélienne ne se retirerait pas de Bethléem , Jenine , Naplouse et Ramallah tant que les terroristes qui s' y trouvent ne se seront pas rendus » . Quant aux villes qui seront évacuées par Tsahal , elles resteront encerclées jusqu'à la fin d' une période de calme dont il n' a pas précisé la durée . En tenant ces propos , le chef du gouvernement n' a fait que confirmer la ligne définie la veille , alors qu' il avait demandé à George W. Bush de ne pas exercer de pression sur Israël : « J' espère que les Etats-Unis , notre grand ami , comprendront que c' est une guerre de survie pour nous . On peut parler de paix , mais on ne peut obtenir la paix tant que la terreur existe » . Un credo applaudi par la totalité de son gouvernement , à l' exception peut-être de Shimon Pérès . Et puis , signe des temps , le Président de l' Etat hébreu , qui n' a pas de prérogatives politiques a fait entendre sa voix pour lui aussi critiquer ouvertement l' administration Bush et sa demande de retrait israélien des secteurs autonomes palestiniens . DES CONVERSATIONS TENDUES Face à cela , la presse , sans parler encore de bras de fer entre Sharon et Bush , était unanime à prédire des conversations tendues entre le secrétaire d' Etat et les responsables israéliens . Dans la même veine , un éditorialiste du Haaretz , le quotidien indépendant , estimait que d' ores et déjà deux questions primordiales se posaient : « En quoi consiste le mandat octroyé par George Bush à son secrétaire d' Etat et quelle est l' ampleur de la détermination américaine à mettre fin à la violence pour entrer dans une négociation politique » . Jusqu'où Colin Powell peut -il et veut- il aller face à Ariel Sharon pour obtenir satisfaction ? Aux yeux de Aluf Benn , le potentiel de confrontation entre le chef de la diplomatie américaine et le Premier ministre israélien existe dans pratiquement tous les domaines , à commencer par le sort de Yasser Arafat . Ariel Sharon considère le président palestinien comme un terroriste . Il est donc exclu de mener une négociation politique avec lui . Mais pour le chef de la diplomatie américaine , comme pour les Nations Unies , la Russie et l' Union européenne , Arafat est un leader reconnu et élu . Lorsque Colin Powell a annoncé son intention de rencontrer Yasser Arafat , la réaction du cabinet Sharon a été immédiate : « une telle rencontre serait une erreur tragique » . Colin Powell aura -t-il moins de fil à retordre avec la partie palestinienne ? Ce n' est pas sûr . Certes , compte tenu de la rencontre prévue avec le chef de l' OLP dans ses bureaux de la Muqata , samedi , l' atmosphère , du moins au début , devrait être meilleure . Mais tout pourrait bien , là aussi , se gâter très vite . En effet , le chef de la sécurité préventive à Gaza , Mohammed Dahlan , a déjà prévenu : « Les Palestiniens ne seront prêts à envisager l' idée d' un cessez-le-feu qu' après l' évacuation par les troupes israéliennes de tous les territoires autonomes » . Eteindre l' incendie et essayer d' envisager un avenir pour ces deux populations en guerre . La tâche du secrétaire d' Etat semblait hier tout à la fois démesurée et périlleuse .