_: MONDE : DEUX FEMMES PROCHES DE CHARLES PASQUA ONT ÉTÉ MISES EN EXAMEN La rançon des otages du Liban aurait été détournée Une rançon de plus de 3 milliards de dollars ( 3 , 66 millions d' & 226;& 130;& 172; ) versée pour libérer les otages français du Liban aurait été détournée . Principaux protagonistes de la négociation , qui avait conduit à la libération le 5 mai 1988 du journaliste Jean-Paul Kauffmann , des diplomates Marcel Fontaine et Marcel Carton Carton , Charles Pasqua , alors ministre de l' Intérieur et son conseiller Jean- Charles Marchiani sont soupçonnés d' avoir bénéficié d' une partie des fonds . L' épouse de ce dernier et Marie- Danièle Faure , proche collaboratrice de Charles Pasqua ont été récemment mises en examen par un juge d' instruction parisien pour « recel de blanchiment aggravé » et « recel de trafic d' influence » . Elles sont placées sous contrôle judiciaire et devront s' acquitter d' une caution de 150.000 & 226;& 130;& 172;. Selon notre confrère l' Est Républicain , qui révèle cette procédure , c' est une note transmise au procureur de Paris par la DST qui a tout déclenché . - Premièrement le patron du contre- espionnage français , Jean-Jacques Pascal , affirme que la libération des trois derniers otages détenus par le djihad islamique entre les deux tours de l' élection présidentielle de 1998 , a bel et bien été obtenue moyennant une rançon . Une somme d' argent aurait également pu être débloquée pour la libération de deux autres otages , Jean Louis Normandin et Roger Auque en 1987 . Or le gouvernement de l' époque , dirigé par Jacques Chirac , a toujours nié la moindre tractation financière . - Deuxièmement , selon la DST , cet argent serait en fait resté sur les comptes de deux intermédiaires libanais , les frères Safa . - Et troisièmement , toujours selon le contre-espionnage , une partie de cet argent aurait été reversée à Pasqua et Marchiani par le biais d' enveloppes livrées à leur entourage . Les frères Safa auraient , par exemple , retiré en liquide 1 , 2 millions sur un compte au CCF à Paris au cours de l' année 2000 . Leur chauffeur a même reconnu devant les enquêteurs avoir porté des enveloppes « contenant probablement de l' argent » à Christiane Marchiani et Marie-Danièle Faure . Ces dernières ont nié avoir reçu la moindre enveloppe . Charles Pasqua , candidat à la présidentielle , a ausitôt dénoncé une « ignominie » et a demandé l' ouverture de deux informations judiciaires à l' encontre du patron de la DST et du journal l' Est Républicain . « Aucune rançon n' a été versée » répète Charles Pasqua , accusant « le cabinet noir de Matignon de coup bas politique visant à destabiliser Jacques Chirac » . D' éventuelles poursuites contre lui ne pourraient passer que par la cour de justice de la République . Jean-Charles Marchiani , de son côté , s' en est pris à l' actuel patron du contre-espionnage français , Jean-Jacques Pascal : « il devra dire pourquoi il a monté de toutes pièces cette infamie » . Les magistrats ont en tout cas prévu d' autres auditions au cours des prochains jours . Elles devront répondre à trois questions sur l' affaire : Y-a -t-il eu une rançon ? Elle avait déjà été évoquée avec un montant très précis ( lire ci-dessous ) . Cette hypothèse paraît plausible . Les huit autres otage du Liban , dont l' équipe d' Antenne 2 , ont été relâchés contre la libération de prisonniers , voire des terroristes proches du gouvernement iranien , dont Anis Naccache . Pour les trois derniers ( Kauffmann , Carton , Fontaine ) , il ne s' est pas produit de tels échanges . Comment les ravisseurs ont -ils relâché les otages alors que la rançon n' a pas été versée ? L' ordre est , semble , venu de Téhéran , plus particulièrement d' un dénommé Kangarlou , intermédiaire entre les frères Safa et les ravisseurs . Soit ces derniers ont doublé Kangarlou , soit ils ont gardé la rançon avec son accord . Quels montants exacts ont été prélevés et reversés par les frères Safa ? Une enquête financière a été ouverte par la brigade du SRPJ de Paris sur ce point précis Enfin , l' affaire peut rebondir sur d' autres terrains . Elle doit , d' une part , relancer l' enquête sur l' attentat du DC 10 d' UTA qui a fait 163 morts au Tchad en septembre 1989 . Parmi les auteurs potentiels évoqués , figurait le djihad , qui s' en serait pris à un avion d' une compagnie française en représailles contre le non versement de la rançon . Il n' est pas exclu , d' autre part , qu' elle mène jusqu'à l' Elysée . Un tel versement de rançon , un tel déournemet peuvent -ils être décidés sans que le gouvernement n' en soit informé au plus haut niveau ? Jacques Chirac était à l' époque Premier ministre et avait fait des otages un point fort de sa campagne présidentielle de 1988 . Pierre Joxe , successeur de Charles Pasqua , avait tenté d' enquêter sur la façon dont la libération des otages avait été obtenue . Il s' était vu opposer un mutisme forcené de Jean-Charles Marchiani , pourtant haut-fonctionnaire à l' époque . Ce sera plus difficile face à un juge nanti d' un dossier lourd de treize ans d' investigations des services secrets , bien décidés à dérouler la pelote jusqu'au bout .