_: FINANCES : COMPTES UN VERDICT SANS SURPRISE SUR L' ÉTAT DES FINANCES PUBLIQUES L' audit pointe les déficits de l' entreprise France C' est désormais un rituel de l' alternance : avant de se mettre au travail , le nouveau gouvernement voulait mettre les compteurs de l' entreprise France à zéro . Le verdict est tombé hier matin , confirmant une dégradation des finances du pays que le ralentissement de l' activité mondiale , amplifié par l' impact des attentats du 11 septembre laissait largement anticiper . En 95 , Jospin avait fait procéder , lors de son arrivée à Matignon , à cet exercice de vérité qui lui avait permis de passer au crible la gestion Juppé . Raffarin en a fait autant avec la gestion Jospin . Habilement , le nouveau Premier ministre avait demandé aux deux mêmes hauts fonctionnaires de la Cour des comptes de réaliser l' exercice , et selon la même grille d' analyse . Histoire de souligner l' objectivité de la démarche . Mais il y a les faits et les commentaires qu' on en fait . La politique reprenant ses droits sur l' impartialité , ils sont tombés drus , ravivant une inévitable polémique droite- gauche sur l' usage des deniers publics ( lire encadré ) . Pour l' essentiel , le décrytage de ces chiffres 2002 pointe un dérapage des dépenses de l' Etat ( + 2 , 4 % annoncés , 3 , 2 % escomptés au final , les recettes fiscales subissant une moins-value de 5 , 4 milliards d' & 226;& 130;& 172; et les dépenses dérapant de 7 , 4 milliards d' & 226;& 130;& 172; ) et révèle un nouveau plongeon dans le rouge des comptes sociaux avec une sérieuse embardée de la facture maladie ( + 6 % au lieu de 3 , 8 % ) . Lors de la présentation de la loi de finance , Laurent Fabius , le grand argentier du gouvernement Jospin avait tablé sur un déficit de l' ordre de 1 , 4 % du produit intérieur brut ( PIB ) . Une prévision optimiste que le retournement de conjoncture amorcé à l' automne dernier l' avait contraint à réviser en mars à 1 , 8 % - 1 , 9 % . Mais on serait encore loin du compte , les auteurs de l' audit parlant aujourd'hui d' un déficit compris entre 2 , 3 % et 2 , 6 % . COMMENT FINANCER LES PROMESSES ? Dans ces conditions , comment financer les mesures nouvelles annoncées par le gouvernement Raffarin , au premier rang desquelles la baisse de l' impôt sur le revenu de 5 % ? Car la France ne peut se soustraire à des engagements européens qui fixent la ligne rouge de son déficit à 3 % avec en point de mire un retour à l' équilibre en 2004 . En chargeant la barque de l' héritage socialiste , la droite n' est -elle pas en train de laisser entendre qu' elle aura toute les peines du monde , par la faute de ses prédécesseurs , à réaliser son programme ? La gauche le pense fortement . Le ministre de l' Economie , Francis Mer , qui a choisi de retenir la fourchette haute de 2 , 6 % de déficit public , s' est défendu d' une telle manipulation , affirmant que les promesses seront tenues coûte que coûte . Mais s' il prétend refuser de « porter un jugement sur le gouvernement passé » , il entonne tout de même l' air du « Qu' a -t-on fait de la croissance de ces dernières années ? » . Et de rappeler , dans le même mouvement , les « doutes » de l' ancienne opposition sur la « sincérité » du budget de l' Etat au moment de la discussion de l' automne . Une manière à peine voilée pour dire que Fabius aurait sciemment chaussé des lunettes roses pour embellir la réalité de la situation en prévision des élections . Ce ne serait pas faire justice à l' hôte d' alors de Bercy : il avait tiré la sonnette d' alarme en voyant les indicateurs s' allumer les uns après les autres , la baisse de l' activité amenuisant les rentrée fiscales et les cotisations sociales , alors que les dépenses s' emballaient , creusant d' autant les déficits .