_: FINANCE . Eurolâtre et europhobe Trois Français sur quatre avouent encore lire le prix en francs dans les magasins pratiquant le double affichage . Un an après l' introduction de l' euro fiduciaire ( billets et pièces ) la plupart des européens apprécient sa forme et déclarent le manipuler sans grande difficulté . Les valeurs retenues pour les billets semblent bien répondre aux besoins des utilisateurs . Quant aux pièces elles remportent un vif succès avec leur faces nationales qui excitent l' âme du collectionneur qui sommeille en chacun de nous . Mais l' eurolâtrie s' arrête là . En effet , après douze mois d' usage , un grand nombre d' européens continuent , comme Ernst Welteke , président de la Bundesbank , à raisonner et compter dans leurs anciennes monnaies nationales . Le phénomène est encore plus marqué dans l' Hexagone du fait de la complexité du taux de conversion ( 1 euro = 6 , 55957 francs ) par rapport à nos grands voisins ( en Allemagne et en Italie il suffit de diviser le prix par respectivement 2 et 2.000 pour retrouver le montant en marks et en lires ) . Conséquences , plus de 75 % de nos concitoyens avouent lire le prix en francs dans les magasins pratiquant le double affichage . Et si près de la moitié des français raisonnent en « tout euro » pour les dépenses quotidiennes ils ne sont que 12 , 5 % à le faire pour les achats importants comme l' acquisition de gros électroménager , de voitures ou , a fortiori , de maisons . Un recours quasi systématique à l' ancienne monnaie qui traduit également une méfiance des consommateurs européens . En effet , plus de 80 % d' entre eux sont persuadés que les commerçants ont profité de la conversion pour gonfler leurs prix malgré les démentis apportés par les statistiques ( selon elles l' effet inflationniste du passage à l' euro ne serait que de 0 , 2 % pour l' an dernier ) . Cette forte résistance des européens face à l' euro est confirmée par une étude de l' institut Ipsos réalisée dans 7 pays de l' Union monétaire . Le résultat est pour le moins inquiétant , 45 % des personnes interrogées sont ... pour le retour de la monnaie nationale . L' euro : monnaie de référence , pas de réserve . Aujourd'hui , l' euro est accepté dans le monde entier et , ô divine surprise , il a terminé l' année en forte hausse par rapport au dollar ( + 17 , 8 % entre le 1er janvier et le 31 décembre 2002 ) . Parallèlement la monnaie unique conforte son rôle de monnaie de référence . Pour preuve , selon l' agence Déalogic , 42 % des émissions obligataires internationales sont libellées en euros et 45 % en dollar . Par contre la monnaie européenne ne parvient pas à s' imposer comme monnaie de réserve pour les Banques Centrales qui plébicitent toujours le dollar . Il en est de même sur le marché des matières premières , où le « roi dollar » conserve sa place prépondérante .