_: Noeud gordien L' Europe est une menace pour les nationalistes serbes et un espoir pour les réformateurs . Il semble pourtant que les premiers l' ont l' emporté sur les seconds dans les élections d' hier . Anticipées pour cause de graves dissensions au sein même des équipes gouvernementales , ces élections devaient assurer le renouvellement du Parlement , et au-delà , sanctionner le destin d' une Serbie que l' on souhaiterait démocratique une fois pour toutes . Or cette Serbie n' a d' évidence pas fait du passé meurtrier table rase . Au contraire . Son nationalisme s' est exacerbé à chaque fois qu' un meurtre ethnique a pris un des leurs pour cible . En donnant sa voix et sa foi à deux hommes accusés de crimes de guerre : Milosevic et Seselj toujours à la prison de la Haye ( le deuxième s' est rendu de sa propre autorité au Tribunal pénal international ) la Serbie donne de manière tacite son aval à un génocide et aussi à l' assassinat en mars dernier du premier ministre réformateur Zoran Djindjic qui avait livré Milosevic au TPI . Ainsi la Serbie n' est qu' en apparence seulement un pays pacifié . Elle ressemble aujourd'hui à un inextricable noeud gordien dans l' Europe des Balkans où les guerres fratricides et les règlements de compte entretiennent un climat de violence et de vengeance . On a eu affaire par le passé à une guerre civile doublée d' une guerre de religion . Les séquelles en sont toujours présentes Enfin ce qui se joue en Serbie ressemble beaucoup à ce qui se passe partout ailleurs , tout au moins de ce côté -ci de l' Occident , chaque fois que les partis progressistes ne résolvent pas leurs ressentiments internes ni la grave et lancinante question du chômage ( 30 % ) Les situations de crise bénéficient aux partis extrémistes où qu' ils soient , sur les bords du Danube comme sur les bords de la Seine . Trois ans après la chute du régime de Slobodan Milosevic , la situation reste donc très conflictuelle dans un pays où les ultra nationalistes fondent leurs arguments sur le retour de la grandeur passée et sur la libération des tutelles étrangères . Leur tactique prend à revers les institutions démocratiques . Au bout de 230 jours d' audience , Milosevic le premier fait du TPI une tribune du haut de laquelle , il s' adresse non pas à la conscience universelle , dont il se moque , mais à ses partisans fanatisés comme lui par un patriotisme dévoyé . Mais qui peut l' absoudre lui et les siens aujourd'hui des crimes commis hier ? Dans les convulsions qui agitent la politique serbe , même l' homme le plus populaire du pays Vojislav Kostunica , leader du Parti démocratique de Serbie , emploie un double langage : celui de l' ouverture à l' Europe et de critique du TPI pour complaire à une opinion publique révulsée par l' ingérence d' un Tribunal crée par le Conseil de sécurité et qui lui apparaît aux ordres de l' ONU et donc contraire aux intérêts de l' identité slave . Le danger des ultranationalistes vient de leur détermination qui échappe à la raison ... et au dialogue . Ils n' hésitent pas eux sur le parti à prendre pour prendre le pouvoir . C' est pourquoi il est urgent que les réformateurs gagnent la partie engagée .