_: Bush le candide L' information est presque passée inaperçue . Elle témoigne pourtant de l' insondable embarras dans lequel le chaos irakien a plongé l' administration Bush : Le Pentagone vient de mettre au point un plan de réduction des forces armées en Irak , prévoyant de les faire passer progressivement de 130 000 , aujourd'hui , à 50 000 dans dix-huit mois . Ce plan envisage également le retrait des soldats américains et britanniques des principales villes irakiennes . Les militaires US , qui savent si bien jouer les candides , invoquent la nécessité de « maintenir le moral des troupes » pour justifier ce désengagement . Ils souhaitent , expliquent -ils , rassurer les « boys » sur une prochaine conclusion des opérations . Ils disent aussi vouloir se tenir prêts pour intervenir sur un nouveau théâtre militaire , en Corée du Nord , notamment ... Les hommes du Pentagone feignent d' ignorer les motivations domestiques qui ont poussé les conseillers du président Bush à imaginer , pas à pas , un retrait de l' Irak . Et à le faire savoir . C' est que l' Amérique ne veut tout simplement plus de cette guerre . A plus d' un titre . D' abord , elle lui coûte une fortune , ainsi que le rappelle le dernier collectif budgétaire qui fixe à 87 milliards de dollars le niveau des besoins pour les opérations militaires et les programmes de reconstruction en Irak et en Afghanistan . Ensuite , la litanie quotidienne des « casualties » , ces soldats tués au combat , dont les visages poupons s' étalent dans les quotidiens , ravive le cauchemar vietnamien qui a traumatisé plusieurs générations d' Américains . Enfin , l' opinion a le sentiment de plus en plus net , au fil des révélations , qu' elle a été grugée par Bush et son équipe sur les motivations réelles de cette intervention . Ils sont de plus en plus nombreux à penser avec le sénateur Robert Byrd , chantre du désengagement américain en Irak , que « toute cette aventure a été fondée sur la propagande et la manipulation » . En prétendant préparer une sortie d' Irak , George Bush veut avant tout rassurer le corps électoral à bientôt un an du renouvellement de son mandat . Reste que ce plan de désengagement a quelque chose de surréaliste . Rien , absolument rien , sur le terrain ne permet d' envisager ce retour à l' ordre et à la paix que l' Amérique se proposait d' offrir au peuple irakien libéré de Saddam Hussein . Pertes humaines quotidiennes dans l' armée , attentats à la voiture piégée , pillages sanglants sont , on le sait , le noir tribut payé à la « pax americana » en Irak . Et , en dépit des annonces rassurantes , l' économie est toujours en crise et la malnutrition continue à faire des ravages . Quant à l' émergence de cette démocratie , on n' imagine pas qu' elle puisse prendre les traits de ce gouvernement provisoire , fantoche et folklorique , à la solde du gouverneur local Paul Bremer . Comment dans ces conditions , peut -on envisager sérieusement un retrait massif de l' armée US sans risquer de précipiter l' Irak dans l' anarchie la plus terrible ? On reste confondu devant tant de candeur . Et l' on comprend mieux qu' une majorité d' Américains se cherche aujourd'hui , à travers les démocrates Wesley Clark Clark ou Howard Dean , celui qui renverra en décembre 2004 George W Bush à son ranch de Crawford-Texas .