_: TOUR DE FRANCE 2002 - EDITORIAL A propos de Jalabert Dans la chaleur revenue de juillet , le sport nous livre ces leçons de grande humilité , cet implacable réalisme auquel ne résistent ni le courage ni les velléités . Hier comme la veille , le long des Pyrénées , beaucoup parmi nous rêvaient pour Laurent Jalabert de victoire et d' exploit . Mais c' était bien sûr ignorer la loi du cyclisme , cette inexorable loi du plus fort qui n' a que faire des audaces et du panache . Patiemment , lentement , imperturbablement , Lance Armstrong et sa machine ont broyé nos rêves d' amateurs . Il fallait bien admettre que c' était ça , les cols de la vie . Que la glorieuse incertitude qui , paraît -il , serait celle du sport n' est en définitive qu' une brève récréation octroyée entre parenthèses à quelques braves intrépides , mais qu' en fin de course , au bout des comptes , la victoire et le pactole reviennent aux meilleurs investisseurs . Ce n' est pas pour pédaler dans le vide que la multinationale de « l' US Postal » possède le plus gros budget du Tour de France . D' autres , sur un autre terrain , auraient aimé , après l' amère déconfiture de nos Bleus en Corée , qu' un homme réellement « nouveau » insuffle à l' équipe de France de football une mentalité d' effort et de solidarité , ce désir de « faire corps » et ce désir de séduire qui , depuis près d' un an , lui faisaient visiblement défaut . Raymond Domenech Domenech , un peu « fort en gueule » , entraîneur des « Espoirs » et qui , par conséquent , connaît bien l' avenir du football français , eut peut-être redonné à l' équipe son brio perdu et l' indispensable culot qu' on prête à la jeunesse . L' institution sportive lui a préféré Jacques Santini qui n' est pas à proprement parler un foudre de joie , mais qui bénéficiait avant tout du soutien des clubs professionnels - ces clubs de l' élite qui considèrent , forts de leur trésorerie , que le spectacle footballistisque est leur propriété . Santini a remporté , avec sa très très chère équipe de Lyon , le championnat de France - et , là encore , le sport nous démontre qu' à un certain niveau le « désir » ne suffit plus , qu' il y faut des alliances entre initiés et l' encouragement des plus gros budgets . C' est ainsi que Michael Schumacher devrait , dès demain , au Grand Prix de France , être sacré , pour la cinquième fois , champion du monde des pilotes de Formule 1 . Encore , toujours , la loi du plus vite , de la meilleure et de la plus riche écurie . Rien n' enlève aux athlètes et sportifs , à Schumacher et Armstrong , leur part de grand talent , leur volonté , leur « soif » de la « gagne » . On ne devient pas un grand champion sans travail , sans obstination , sans quelques sacrifices . Mais , comme le dit la chanson , sans technique un don n' est rien qu' une sale manie - et la technique demeure forcément tributaire des investisseurs . C' est ainsi que les sports de haut niveau , placardés aux couleurs des sponsors , sont devenus une activité économique comme tant d' autres , avec un juste retour sur investissement . Il arrive parfois qu' un trublion ou un poète se mêlent de victoire , qu' ils enthousiasment pour un temps les foules et leur fassent croire que le sport culbute les hiérarchies - c' est alors qu' il nous fait rêver - et nous nous rassasions des rares et divines surprises . Mais - faites votre classement- , le résultat final est d' une simplicité biblique : face à Goliath , David ne fait jamais le poids .