_: Bayrou chiffon rouge de Juppé L' UDF ne pèse plus bien lourd . Au gouvernement , elle est représentée par un seul ministre , Gilles de Robien . Ses troupes parlementaires ont été décimées par la création de l' UMP . Elle n' incarne aucun danger pour Raffarin puisque le mastodonte de l' UMP détient , à lui seul , la majorité absolue à l' Assemblée . Alors pourquoi Alain Juppé ne résiste -t-il pas à l' irrépressible besoin de ferrailler avec Bayrou ? Paradoxalement , cette guerre des barons aquitains risque , à terme , de profiter au Béarnais . Certes , le président de l' UDF ne se prive pas de critiquer l' UMP et surtout le principe du parti unique . Tout en s' affirmant solidaire du gouvernement , il dit également tout haut que rien n' a changé dans les pratiques politiques depuis le 21 avril . De quoi agacer sans doute l' Elysée et Matignon . Mais il n' y a pas péril en la demeure à droite . En terme de rapport de forces , l' UDF compte pour du beurre . Mais habité par les vieux réflexes du RPR , le caporal Juppé n' accepte pas de voir une tête dépasser au sein de la majorité . Il ne supporte pas que Bayrou lui morde les mollets . Il a beau se sermonner après chacune de ses sorties intempestives , il ne peut s' empêcher de foncer droit sur le mur centriste à la première occasion venue , comme sur un chiffon rouge . Il ferait preuve de beaucoup plus d' habileté en traitant par l' indifférence ou avec magnanimité le soutien critique de Bayrou au gouvernement . Car il voudrait faire de la publicité à l' UDF , il ne s' y prendrait pas autrement . Sa polémique avec de Robien au sujet de la candidature de Christian Blanc dans les Yvelines avait fortement contribué à faire élire ce dernier . Ce week-end , en répliquant aux critiques de Bayrou , il a placé le parti centriste au coeur de l' actualité politique . En fait , l' UDF n' a qu' à se féliciter de l' attitude de Juppé qui lui sert de faire-valoir . Si le maire de Bordeaux continue sur cette voie , il va réussir à redorer le blason de Bayrou . Ce qui n' est pas vraiment l' objectif qu' il recherche . D' autant que les Français ont toujours un faible pour le « petit » face au « puissant » . Par sa ténacité , le patron de l' UDF a conquis une popularité qui dépasse son poids politique . Alors que rien n' indique que sa stratégie de la « troisième voie » entre la droite et la gauche , qui a été largement rejetée lors de la présidentielle , sera gagnante en 2007 . Car pour qu' elle soit viable , il faudrait qu' une partie des électorats respectifs de l' UMP et de la gauche se rallient à lui . Si le gouvernement réussit , le candidat de l' UMP sera alors en position de force . S' il échoue , la gauche se mettra à croire en ses chances et ses troupes n' auront aucune raison de suivre Bayrou qui sera associé aux mauvaises performances de la majorité .