_: Le pari de Ferry Le port du voile ne constitue pas la seule préoccupation de l' École . C' est pourquoi le gouvernement a lancé le grand débat sur l' Éducation qui , théoriquement , bat son plein . Jusqu'au 15 janvier , 15 000 réunions se tiennent à travers toute la France , associant enseignants , personnels techniques et parents d' élèves . L' objectif de cette vaste consultation est d' aboutir à une loi d' orientation l' an prochain . On peut néanmoins s' interroger sur l' opportunité d' une telle initiative qui risque de devenir une véritable usine à gaz à l' efficacité douteuse . Car des débats , l' Éducation nationale en a connus de nombreux . C' est tout juste si chaque ministre n' a pas organisé le sien . Balladur avait lancé la mode en 1993 , en faisant remplir aux étudiants un questionnaire au moment où son projet de SMIC jeunes faisait des vagues . L' année suivante , c' était autour de François Bayrou , dont le directeur de cabinet n' était autre que Xavier Darcos , l' actuel ministre de l' Enseignement scolaire , de procéder à des consultations avec tous les protagonistes du monde de l' Éducation . Enfin , Claude Allègre , en 1999 , avait interrogé lui aussi les lycéens sur la nature de l' enseignement qu' ils souhaitaient suivre . Cette expérience avait donné lieu à des réponses très hétéroclites , difficiles à synthétiser . Au final , rien de bien marquant n' était sorti de ces différentes initiatives . Afin d' éviter un tel écueil , la commission Thélot , chargée de recueillir la substantifique moelle des débats locaux , s' est dotée des moyens d' analyse les plus modernes . Mais parviendra -t-elle à rendre compte vraiment de la réalité des problèmes et surtout de la manière dont ils sont perçus par les enseignants et dans les familles ? Les syndicats critiquent déjà cette nouvelle consultation . Quant aux parents d' élèves , ils participent très inégalement aux débats . C omme si une grande lassitude , voire un vif découragement , avaient envahi le monde de l' École . Chaque ministre veut réformer le « mammouth » , mais se casse invariablement les dents dessus . La bête est coriace . Les syndicats se sont érigés en citadelles qui se défendent bec et ongles . Bref , personne ne sait plus très bien par quel bout prendre une réforme du système . Dans ce contexte morose , on peut se demander si le tandem Ferry-Darcos , qui a connu de nombreux démêlés avec les enseignants et les étudiants , est le plus à même de mettre en oeuvre un chantier dont l' expérience prouve qu' il est miné . Sans doute ses chances de succès auraient été accrues s' il s' était engagé dans ce vaste dialogue dans la foulée de la victoire de la droite en 2002 . Mais le gouvernement a temporisé , préférant privilégier la réforme des retraites . Pendant ce temps , les contentieux avec les enseignants se sont accumulés . Au ministère de l' Éducation , on veut croire que la démarche choisie permettra , en contournant les syndicats , d' élaborer une réforme légitimée par la consultation des enseignants et des parents d' élèves . Un pari qui est loin d' être gagné .