_: La nature du feu « Pour une autorité non violente » . Qui ne serait d' accord ? Le titre du colloque qui s' ouvre aujourd'hui à Paris , et où éducateurs , psychiatres , prendront la parole , est bien la preuve qu' il y a péril en la demeure et que l' autorité qui s' exerce notamment dans la cellule familiale est comme l' époque : portée à la violence . On croyait que mai 1968 avait à tout jamais aboli le rapport de force entre adultes et enfants , entre adultes et jeunesse . On voit bien qu' il n' en est rien et que l' autorité se confond avec la maltraitance dans certains cas extrêmes , et que la violence des coups et des mots continue de gangrener le rapport familial et social . Dieu nous garde de revenir en arrière , au temps des patriarches et des mandarins triomphants ! Mais où chercher aujourd'hui des modèles de modération ? Dans l' art qui exorcise nos passions ? Dans la philosophie qui les raisonne ? Chez les bouddhistes et le dalaï-lama descendu de ses cimes tibétaines pour administrer aux sociétés de consommation une parole de désistement ? Les cow-boys que nous sommes devenus ( il y a des cow-boys qui portent cravate et attaché-case ) ont perdu en route leurs idéaux de justice , de liberté et de bonheur pour ne retenir que ceux de la compétition et de la possession . On peine , tous , à retrouver la bonne mesure , le bon tempo , l' équilibre qui permettrait de vivre en bonne intelligence avec les nôtres et avec les autres . On peine à trouver une réponse , un correctif à la réverbération d' une violence qui s' est emparée des rapports entre générations . Flaubert disait : « Avec ma main brûlée j' ai le droit aujourd'hui de parler de la nature du feu » . Donc , parlons de la nature du feu , parlons des mots , justement , qui vont aussi dans ce colloque être mis , non en accusation , mais en question . Pour bien redire leur force maléfique lorsqu' ils ont pour fonction de punir , d' agresser , d' humilier , et qu' ils s' enfoncent comme des échardes dans la mémoire . Il n' y a pas d' âge où ce pouvoir ne soit ressenti et sans doute le jeune âge est -il le plus sensible , parce qu' il est sans défense . Pour autant qu' il y ait eu , qu' il y a , qu' il y aura , ceux qui exercent l' autorité et ceux qui la subissent , il reste que les premiers , les actifs si l' on peut dire , ont une responsabilité supérieure aux autres qui n' en sont pas pour autant dénués . Pour nommer son mal , on ne le guérit pas , certes , et un colloque ne viendra pas à lui tout seul à bout de la violence qu' il prétend mettre au ban de la société . Mais sans doute va -t-il conforter la parole du sociologue Alain Touraine : « Il n' y a jamais à choisir entre la violence et l' ordre , mais entre la violence et le conflit ou le débat. » Débattons .