_: Guerre de tranchées La guerre menace , l' effervescence diplomatique est à son comble , les institutions internationales sont soumises à de rudes turbulences , et que font nos députés ? Ils s' étripent sur le mode de scrutin pour les régionales et les européennes . Difficile de concevoir un débat plus franco-français ! Au point qu' il en paraît même dérisoire au regard des graves enjeux qui sont suspendus au-dessus de la planète comme une épée de Damoclès brandie par Bush . La gauche a demandé à cor et à cri un débat au Parlement sur la crise irakienne . Le gouvernement en repousse l' échéance , préférant attendre les derniers développements de la situation internationale . Jusqu'à vendredi , date de la remise du second rapport des inspecteurs des Nations Unies , il ne peut modifier sa politique . Mais cette nouvelle étape du bras de fer Bush-Saddam aura forcément des répercussions puisqu' elle éclairera les pays membres du Conseil de sécurité , notamment ceux , comme la France , qui comptent sur la mission des inspecteurs pour désarmer l' Irak en évitant la guerre . Or , jusqu'à présent , il n' est pas prévu que les députés , qui seront en congé la semaine prochaine , reviennent dans l' hémicycle pour examiner la situation internationale . Ce débat risque donc d' être repoussé aux calendes grecques alors que l' opinion se mobilise à travers la manifestation anti-guerre qui aura lieu samedi dans tous les pays . Franchement , il serait pourtant opportun que dès la semaine prochaine , les différentes forces politiques puissent s' exprimer à l' Assemblée sur un sujet aussi crucial qu' une intervention militaire en Irak . En attendant , la France donne l' image d' un pays centré sur ses petites préoccupations politiciennes , imperméable au destin de la planète . En effet , était -il urgent , voire prioritaire , de s' atteler à la réforme du mode de scrutin ? Certes , il est de tradition de ne pas modifier celui -ci moins d' un an avant des élections . Or les régionales se dérouleront au printemps 2004 . Mais le contexte international exceptionnel aurait pu nous affranchir de cette règle . D' autant que cette réforme décidée à la va-vite est rejetée par toutes les formations politiques à l' exception de l' UMP . La date à laquelle elle est présentée ne change donc rien à l' affaire . Les députés ont entamé hier une discussion qui ne les grandira pas . Plus de 12 000 amendements ont été déposés , la grande majorité d' entre eux s' avérant évidemment grotesques . Pour les opposants à la réforme , le but est de ridiculiser le texte , de faire de l' obstruction et d' alerter l' opinion afin que le gouvernement retire son projet de loi . A défaut de mener le débat sur la guerre en Irak , les députés se livrent à une guerre de tranchées sur le mode de scrutin . Le premier aurait revalorisé le rôle du Parlement comme le souhaitent officiellement tous les responsables politiques , la seconde risque de le discréditer en dégénérant en une parodie d' affrontement démocratique . Juppé dénonce le blocage du Parlement en pleine « crise internationale » mais si le gouvernement considérait que la question irakienne était prioritaire , il aurait déjà organisé un débat à l' Assemblée sur le sujet .