_: GUERRE EN IRAK - EDITORIAL La diplomatie et le canon Voilà désormais George W. Bush au pied du mur de la reconstruction de l' Irak . Certes la guerre n' est pas terminée . Et malgré la chute de Bagdad , il subsiste des poches de résistance irakienne dans le reste du pays . Mais l' effondrement du régime qui s' est volatilisé à l' image de Saddam apporte d' ores et déjà aux Etats-Unis une victoire plus rapide que prévu . Finalement , cette guerre n' aura été ni courte ni longue . Elle aura déjoué tous les pronostics ... et toutes les propagandes , aussi bien celles de Washington que de Bagdad . Son issue conforte le camp des faucons de la Maison-Blanche qui feront remarquer que la manière forte a payé . Et tant pis pour les morts qu' ils soient civils ou militaires , irakiens , anglais ou américains ! Dieu -qu'on a beaucoup utilisé dans cette affaire - reconnaîtra sans doute les siens ! Les faucons , eux , ne font pas de détail . Forts de cette victoire , ils seront tentés de pousser leur avantage en imposant en Irak la seule loi des Etats-Unis au détriment de l' Onu . En outre , ils espèrent que cette « guerre préventive » servira d' avertissement aux autres pays de « l' axe du mal » . Mais cet unilatéralisme brutal risque de se trouver confronté dès maintenant à la réalité politique de la reconstruction de l' Irak . La diplomatie va devoir prendre le pas sur le son du canon . Bush et Blair proclament en choeur vouloir instaurer la démocratie et remettre aux mains des Irakiens le destin de leur pays . Mais qui va incarner ce renouveau ? Quel régime peut fédérer un Irak où les divisions entre chiites , sunnites , kurdes nourrissent de violentes rancoeurs ? Le fédéralisme , qui pourrait réconcilier ces différentes confessions et ethnies , n' a jamais constitué une idée très répandue dans le monde arabe . Ahmed Chalabi , la personnalité la plus en vue de l' opposition susceptible de symboliser l' alternance à Saddam , dispose de peu de réseaux en Irak , et ne semble pas auréolé d' une probité exemplaire . Alors , Les Etats-Unis pourront -ils parvenir seuls à restaurer la confiance , l' ordre et la démocratie en Irak ? On peut en douter . En fait , les questions que soulevait leur intervention militaire avant le conflit sont toujours loin d' être résolues . C' est pourquoi Bush aurait tort de refuser de s' appuyer sur l' Onu pour rebâtir l' Irak . La légitimité de la communauté internationale ne sera pas de trop pour que toutes les forces qui , à l' intérieur du pays , ambitionnent de peser sur le destin de l' Irak , puissent parvenir à s' entendre .