_: Chirac et l' auberge espagnole L' erreur des socialistes serait de verser dans un optimisme de mauvais aloi . Certes Jospin semble mieux maîtriser son dispositif de campagne que Chirac . Et même s' il n' a pas encore choisi la date précise de sa déclaration officielle de candidature , on sait qu' elle interviendra entre le 25 février et le 4 mars . A entendre les socialistes , rien ne devrait venir perturber ce calendrier . Bref , jusqu'à présent , ils paraissent s' appuyer sur des fondations plus solides que celles du camp d' en face . Mais ils auraient tort de considérer qu' ils bénéficient d' un avantage déterminant . Malgré la baisse de Chirac dans les sondages et sa précampagne flottante , le Président n' a pas encore dit son dernier mot . Et bien que dans les cercles politiques parisiens on évoque de plus en plus l' hypothèse d' un duel inattendu Jospin- Chevènement au deuxième tour , on n' en est pas encore là . C' est sous-estimer la pugnacité de Chirac en campagne . Rien n' est encore joué . Pourtant il est vrai que le Président a du mal à mobiliser ses propres troupes . Il a réussi à cannibaliser le centre mais il voit une partie de ses soutiens originels et de son électorat gaulliste lui échapper . Soit ils se réfugient dans l' abstention , soit ils se rangent sous la bannière de Chevènement ravi de prospérer dans les sondages et de créer l' événement . Le pôle républicain du député de Belfort ressemble à une auberge espagnole . Il est constitué d' un assemblage hétéroclite allant de l' extrême gauche aux chiraquiens et aux déçus de Pasqua , en passant par des communistes , des anciens socialistes , des radicaux et des centristes . Jusqu'à présent , Chevènement tient en main cette mosaïque politique qui risque pourtant d' éclater au soir du premier tour de la présidentielle si l' ancien ministre de l' Intérieur , devancé par Chirac et Jospin , se désiste pour l' un ou pour l' autre . Mais en attendant , compte-tenu de la structure de l' électorat majoritairement à droite qui rejoint Chevènement , la percée de celui -ci se fait davantage au détriment de Chirac que de Jospin . Et la déclaration de Patrick Devedjian ( « Si la droite veut voter Chevènement c' est qu' elle a perdu la raison » ) traduit bien l' inquiétude de la garde rapprochée du Président . Autant dire que lorsque Chirac entrera enfin en campagne , il devra prioritairement faire jouer la fibre du gaullisme historique pour faire revenir à lui ses « compagnons » . Cette mission avait été dévolue à Philippe Séguin , mais sa prestation à Troyes a davantage fourni des arguments aux socialistes qu' elle n' a porté ses fruits auprès de l' électorat de droite . Il faudra donc que Chirac s' y colle .