_: Le sommet des illusions Le sommet de la Terre a fait flop et le bruit en retentit jusqu'au plus profond des consciences même non écologistes . Sans doute fallait -il s' y attendre tant les objectifs annoncés étaient ambitieux . Pas utopiques , justes ambitieux . Ce qui veut dire réalisables . Parce que vouloir en 2002 harmoniser le développement durable de la planète et de ses habitants , c' est du point de vue de Sirius , tout juste raisonnable . Il était temps que l' homme mette de l' ordre , du savoir-faire et tout simplement de l' amour dans les pouvoirs exorbitants qui sont les siens sur cette Terre . Certes , il n' a pas dans cette voie si nouvelle pour lui , chaussé ses bottes de sept lieues . Il avance à pas comptés , mais il avance . La déception est donc à la mesure des espoirs . Quoique tout le monde - ou presque - s' accorde à reconnaître qu' il y a une prise de conscience généralisée d' un enjeu qui dépasse de loin les confessions , les cultures , les politiques . D' où on peut conclure que le sommet de Johannesburg qui réunit les représentants de 180 pays n' est pas la plate-forme d' action attendue , mais une tribune . Où sont énoncés des voeux pieux - c' est le sentiment qui ressort de la lecture de son Plan d' action- , où sont cloués au pilori quelques entreprises et pays peu coopératifs . C' est un laboratoire peut-être pas d' idées mais de confrontations qui donne du grain à moudre aux idéologues , aux écologistes , aux hommes d' action . Aux autres , à ceux qui défilent dans la rue avec des pancartes qui demandent « la terre , la nourriture , le travail » le boire et le manger , elle donne des raisons de colère . Puisqu' il est acquis que le Nord reste sourd aux problèmes du Sud , et que la France dans ce concert des nations , la France si donneuse de leçons , est prise au piège de ses propres intérêts et de ses idéaux humanitaires , Jacques Chirac qui se souvient sans doute d' avoir été ministre de l' Agriculture , a été parfait dans le rôle attendu de défenseur des intérêts agricoles français . Il est allé à Johannesburg pour cela et il aurait fait beau voir qu' il fasse le contraire . Mais sa présence à ce Munich Vert peut -elle faire oublier l' essentiel : l' absence de Bush . ? Un an après le 11 -Septembre , les chefs les plus puissants de la Terre ne sont pas prêts à des concessions en faveur de pays pauvres qu' ils suspectent en outre d' être des bases arrières du terrorisme . C' est la politique du serpent qui se mord la queue . On affirme à Johannesburg la nécessité d' une bonne gouvernance et d' une mondialisation équitable . Qui ne serait d' accord ? Mais les mots et les moyens jurent avec la réalité ... Le rideau tombe sur Johannesburg et son sommet où il paraît que les entreprises ont fait de « l' entrisme » , méthode que l' on croyait réservée aux politiques dissidents des époques pos-révolutionnaires . Peut-être après tout que la véritable révolution de Johannesburg c' est cela et dont il faudrait savoir tirer parti , car rien ne se fera de durable en écologie sans l' accord des multinationales . L' avenir dira si les leçons furent bonnes à prendre et si celui qui écrivait que la terre s' était imposée l' homme pour châtiment - il était poète , il était chilien - avait tort ou raison .