_: Les dernières forces Les syndicats et le gouvernement jettent leurs dernières forces dans la bataille des retraites . Les premiers appellent à une « généralisation » du mouvement revendicatif avec un nouveau temps fort le 10 juin . Le second , à travers les voix de Raffarin et de Fillon , confirme que la réforme ne peut être retirée , voire renégociée . Entre la rue et le pouvoir le dialogue de sourds continue . Les uns et les autres ont conscience que la manifestation d' hier constitue un tournant . Les syndicats poussent à l' amplification des grèves parce qu' ils sentent que , bien qu' ayant accompli une nouvelle démonstration de force hier dans les grandes villes de France , la mobilisation a légèrement faibli au point que la gêne a été moins durement ressentie par une partie des usagers . Ils sonnent donc le tocsin afin de rameuter toutes leurs troupes dans un ultime coup de collier . Le gouvernement , lui , décèle un « mouvement en repli » . Il en déduit que sa stratégie de fermeté , teintée de quelques concessions visant à scinder les conflits des retraites et de la décentralisation , est en train de porter ses fruits . C' est pourquoi , il ne tient pas revenir sur sa démarche alors qu' il est au milieu du gué . Il aurait même tendance à penser que la protestation va s' essouffler d' elle-même progressivement . Il mise aussi sur la lassitude de l' opinion publique et notamment des parents d' élèves dont l' organisation de vie est fortement perturbée par les grèves dans l' Education nationale . Ainsi donc , les syndicats et le gouvernement continuent à suivre leurs voies respectives . Il n' y a plus aucune chance désormais pour qu' elles se rejoignent . A moins d' une spectaculaire mobilisation dans les prochains jours qui impose un recul à Raffarin . Ensuite , la bataille sera menée sur le terrain politique à l' Assemblée . Là le gouvernement se retrouvera en position de force , pas seulement sur le plan arithmétique dans l' hémicycle , mais aussi sur le fond du dossier , parce que l' opposition est incapable de formuler un projet alternatif à la réforme des retraites . Le seul baroud d' honneur auquel la gauche pourra se livrer , c' est de procéder à une obstruction parlementaire qui contraigne le gouvernement à dégainer l' article 49 - 3 , ce qui n' est jamais très glorieux . Mais les socialistes ne semblent pas prêts à se lancer dans une telle procédure . Au fond , ce n' est pas tellement la mobilisation populaire qui manque dans la contestation du projet de réforme des retraites , c' est plutôt l' absence de débouché politique . Le gouvernement ne fait qu' appliquer son programme , profitant de la faiblesse de l' opposition . Sans faire grand cas du dialogue social contrairement à ses dires , et en restant sourd aux suppliques de la rue .