_: TOULOUSE - LIVRE : IL EST CHEZ PRIVAT CE SOIR POUR SON NOUVEAU ROMAN , « IL FAUT TUER CHATEAUBRIAND ! » Dominique Baudis : « L' écriture c' est mon évasion immobile » Changement de style chez l' écrivain Dominique Baudis . Le président du CSA ( Conseil Supérieur de l' Audiovisuel ) , ancien maire de Toulouse , délaisse le Moyen-Age , époque de ses ouvrages historiques sur les Raimond , Comtes de Toulouse , et explore avec talent un autre genre littéraire , le roman d' aventure . Le héros de « Il faut tuer Chateaubriand » ( éditions Grasset ) , Déodat , est un orphelin de Toulouse qui s' enrôle dans l' armée de Bonaparte et embarque à Toulon , en 1798 , avec trente-cinq mille hommes et plus de cent-cinquante savants , direction l' Egypte . On le suit , de la maison natale rue Saint-Rome , au palais d' un pacha . Une destinée rocambolesque que Dominique Baudis évoquera à la librairie Privat ce soir à 18 heures . « Il faut tuer Chateaubriand ! » ... Ce titre-choc est un peu provoc non ? Dominique BaudisC'est accrocheur disons , mais le titre est à prendre au premier degré , car le roman est bâti autour d' une anecdote de la vie de François-René de Chateaubriand que l' écrivain raconte dans un récit de voyage , « Itinéraire de Paris à Jérusalem » . Au cours de ce périple au Caire , il rencontre un certain Abdallah de Toulouse , auquel il offre son fusil en guise de remerciement pour son accueil . Et lorsque Chateaubriand repart vers Alexandrie , des hommes tirent des coups de feu sur son bateau . J' ai brodé autour de cet attentat . Abdallah de Toulouse a donc vraiment existé ! Et pourquoi ce drôle de nom ? En réalité il s' appelait Jacques Durau , je lui ai dédié mon livre . C' était l' orphelin d' un cordonnier de Toulouse . Le colonel Dominique Dupuy , ancien boulanger de la rue Saint-Rome devenu un héros de la campagne d' Italie , l' avait pris en affection . Lorsque Dupuy repart en 1798 pour l' Expédition en Egypte , il embarque son protégé . Jacques Durau , Déodat dans le livre , a fait partie de ces soldats « oubliés » en Egypte après le départ à la sauvette de Bonaparte qui laissait derrière lui une armée en déroute . Lui et ses compagnons , une vingtaine de rescapés , ont été réduits en servitude , vendus par des marchands de soldats-esclaves et rebaptisés de prénoms arabes : Abdallah de Toulouse , Selim d' Avignon , Anouar de Carcassonne , Gamal de Rodez ... Propriété d' un pacha , Méhémet-Ali , Abdallah dirigeait une petite armée d' esclaves . L' existence de ces soldats perdus est -elle connue ? Très peu . Il n' y a guère que le témoignage de Chateaubriand sur le sujet . J' ai retrouvé également un article publié au début du siècle sur ce groupe de soldats . Parti d' une réalité historique , vous avez inventé tout le reste ? C' est l' avantage de choisir un héros inconnu , on peut faire ce qu' on veut avec , contrairement à mes précédents personnages , Raimond d' Orient et Raimond le Cathare , qui eux avaient joué un rôle important dans l' Histoire . Là c' est une vraie fiction et j' ai pris beaucoup de plaisir à inventer cette aventure . On sent que vous vous êtes un peu plus « lâché » sur l' écriture . Le ton est plus libre , il y a un souffle picaresque dans ce roman . Par contre vous ne semblez pas apprécier Châteaubriand ! J' admire l' oeuvre , mais je pense que l' homme n' est pas à la hauteur de l' écrivain . Je le trouve un peu décevant . On a l' impression que son souci principal est d' aller graver son nom sous les Pyramides , il a un regard assez méprisant sur les Egyptiens , « ces misérables fellahs » . Il a presque une attitude « beauf » Tous vos livres parlent de Toulouse , et tous parlent de l' Orient , c' est de la nostalgie ? Mes racines sont à Toulouse , et en Orient où j' ai vécu cinq années quand j' étais journaliste . J' aime beaucoup l' Egypte , j' ai du y séjourner une quarantaine de fois , pour le travail , en famille .. On écrit plus facilement sur ce qu' on connaît . Où trouvez -vous le temps d' écrire ? J' y consacre la plupart de mes week-ends , et toutes mes vacances . J' écris , à la main , cinq à six heures par jour . J' ai travaillé deux étés pour celui -ci . Quand j' ai un livre en chantier je l' emmène partout , pour y bosser ne serait -ce qu' un quart d' heure par jour . Que vous apporte l' écriture ? C' est mon évasion immobile . Je ne pourrai plus vivre sans . Quand un livre est fini j' ai une sorte de baby-blues , le seul moyen d' y échapper c' est de penser au prochain .