Le Corpus de Français Parlé Parisien (CFPP2000) est composé d’un ensemble d’interviews conversationnelles sur les quartiers de Paris et de la proche banlieue. Ces interviews conversationnelles sont constituées à partir d’un questionnaire sur la ville et comporte plus de 700.000 mots pour environ 50 heures de parole. L'ensemble a été mis à disposition du projet Orfeo. Les exemples tirés d'Orfeo et dont la source est le CFPP2000 étiquetés comme provenant du CFPP2000 doivent être accompagnés de la mention de l'article suivant : Branca et al. 2012. Discours sur la ville. Présentation du Corpus de Français Parlé Parisien des années 2000 (CFPP2000) Branca-Rosoff S., Fleury S., Lefeuvre F., Pires M., 2012
Corpus | CFPP |
Nom du fichier | Mira_F_88_14e |
Responsable(s) | Sonia Branca-Rosoff |
Florence Lefeuvre | |
Serge Fleury | |
Mat Pires | |
Résumé | interview sur la vie dans le quartier |
Date de l'enregistrement | 31/12/2010 |
Durée de l'enregistrement | 00:43:57 |
Nature du signal | audio |
Qualité du son | enregistrement défectueux |
Niveaux d'annotation | Annotation automatique |
Annotation | automatique |
Type | entretien |
Secteur | privé |
Interaction en milieu … | amical |
Modalité | oral |
Nombre de locuteurs | 2 |
Situation de l'enregistrement | face_à_face |
Adresse d'échantillon | /annis-sample/cfpp/Mira_F_88_14e.html |
Identiant du locuteur | Mira |
Âge du locuteur | 61+ |
Sexe du locuteur | F |
Profession du locuteur | inconnu |
Niveau d'études du locuteur | études supérieures |
Lieu de naissance du locuteur | Serbie, Belgrade |
Identiant du locuteur | Sonia_Branca-Rosoff |
Âge du locuteur | 61+ |
Sexe du locuteur | F |
Profession du locuteur | enseignant-chercheur |
Niveau d'études du locuteur | études supérieures |
Lieu de naissance du locuteur | USA, New York |
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Sonia_Branca-Rosoff: | donc moi de toute façon même si euh même si tu penses que c' est pas intéressant je me suis enfin ce que tu as dire je me suis rendu compte que je ne savais même pas quand tu étais arrivée à Paris comment tu étais arrivée à Paris dans quelles conditions en fait je ne sais rien |
Mira: | ah bon bah écoute ça je peux te bah ça je peux te dire bien sûr ah c' était on est a~ on est arrivés cinquante-deux à Paris par le train et parce que la Yougoslavie il y avait des changements de de de comment dire c' était la le Royaume après c' est Tito qui est venu et la guerre et tous ces choses-là et on n' avait pas suffisamment là-bas de liberté pour peindre parce que bon dans les beaux-arts on travaillait mais après il fallait qu' ils apprennent vraiment c' était fallait peindre peindre les ouvriers qui sont souriants |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah c' était le réalisme socialiste |
Mira: | oui le réalisme socialiste et nous n' avons pas eu envie de faire ça malgré qu' on ait pour gagner de la vie pour gagner quelque chose on nous commandait le portrait de Lénine Staline je sais pas quoi de là-bas mais après nous avons il y avait des des bourses des gens qui à Paris et finalement nous on après ça commencé à se radoucir un peu et on nous a laissés partir |
Sonia_Branca-Rosoff: | sans bourse |
Mira: | sans sans bourse euh comme ça on nous a laissés partir et mais avant de partir euh nous avons eu après les beaux-arts toujours eu des expositions chacun avait l' exposition |
Sonia_Branca-Rosoff: | et et quelle peinture vous faisiez à ce moment-là |
Mira: | euh c' est qu' on ah on a fait la peinture classique bah aux beaux-arts on faisait bien sûr on faisait moi j' ai surtout aimé f~ j' ai fait des copies de fresques de mais pas pas comment dire spéciales euh exactes j' ai fait assez libre j~ pour moi mais autrement on faisait la peinture à dessiner |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon mais quand même tu as appris aussi il y a un aspect d' artisan dans la peinture il y a pas que |
Mira: | oui oui oui oui c' est ça qu' on apprend à l' école on apprend le chose les techniques les couleurs de dessin des gens et après après on a après nous avons travaillé on voyageait quelques fois comme ça en groupe on faisait la peinture dans la nature et après on a fait chacun une exposition et Vlada vend-~ vendu la une toile à l' ambassadrice française et elle a dit vous avez vous allez à Paris sûrement et on vous paiera là-bas c' est comme ça que nous sommes venus |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord vous aviez quel âge |
Mira: | euh si vous voulez cinquante-deux cinquante-deux ça veut dire euh je suis née vingt-deux trente ans |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah oui dis je croyais que vous étiez venus beaucoup plus jeunes non vous étiez déjà des artistes installés dans la vie |
Mira: | un peu pas tout à fait installés c' était parce que tout était tu sais à cause de la guerre tout a été en retard c' était tout était bous boulversé alors euh je veux bah maintenant tu me demandes et et moi je constate j' ai pensé aussi que j~ nous sommes venus en vingt-deux ans ici dans c' est |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon et donc voilà vous voilà prenant le train avec quelques économies quand même |
Mira: | avec euh pff je me rappelle plus du tout |
Sonia_Branca-Rosoff: | comment ouais |
Mira: | parce que dans le temps vu les sans argent mais tout de même oui oui c' est l' a-~ l' a-~ l' a-~ on avait l' a-~ l' argent de cette |
Sonia_Branca-Rosoff: | de cet~ cette toile oui d' accord qui avait été vendue à un à un prix un prix qui déjà |
Mira: | de cette toile de de cette toile là-bas si elle a elle a payé un prix que bon pour on a pu tout de même vivre les premières mois |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | ici |
Sonia_Branca-Rosoff: | et et alors c' était |
Mira: | où et on s' est arrêtés parce que tu sais c' est quatre ans de guerre c' est c' est terrible et tout était à Belgrade gris et ruiné les ru~ les choses affreux et nous nous sommes arrêtés à Venise nous descendus du train à Venise et c' était le rêve bien sûr |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | après avant bien sûr nous sommes venus en train d' accord et à en arrivant à Milano les grands affiches grandes expositions de Van Gogh alors bien sûr là c' est le bagage tout de suite c' est euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui parce qu' on pouvait laisser les bagages à la gare en c' temps-là on peut plus maintenant on peut plus à cause des attentats les gens ont peur |
Mira: | à la gare ah non ah c' est vrai |
Sonia_Branca-Rosoff: | peut-être pas en Italie mais en France tu ne le fais plus bon mais c' est des c' est des bêtises que je te raconte mais |
Mira: | je ne savais pas tu vois je ah je savais |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas ça ça ne serait plus possible en |
Mira: | France non non ça non là le c' est le euh le s bagage c' était le matin on est allés le plus tôt possible c' était la une merveille et après après de la gare de Lyon comme on avait déjà pris le plan de Paris bien sûr et donc on connaissait Paris Paris comme ça des livres des cartes des je sais pas quoi de tous les histoires et tout et et Vlada a voulu aller à directement Gare de Lyon Etoile et c' était une fête ce jour-là |
Sonia_Branca-Rosoff: | tu veux dire que vous aviez nan vous aviez laissé les bagages à nouveau gare de Lyon |
Mira: | parce que les bagages de nouveau pour aller à l' Etoile direct |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui là oui mm |
Mira: | et il y avait une énorme dra~ un énorme drapeau qui qui était sous sous l' Etoile et en p-~ en plus moi c' était la première fois que j' ai j' ai vu quelque chose de énorme |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | une porte grande comme une grande maison une très grande maison j' étais vraiment étonnée fascinée après on j' ai ch-~ j' ai choisi parce que j' aime la Seine on ha-~ on habitait un hôtel un hôtel rue de la Bûcherie sur la Seine qui donnait juste et de comment dire l' hôtel donnait sur la Seine était la deux-~ la d-~ c' était pas sur les quais c' était la première rue qui tu sais tu sais où elle est la rue de la Bûcherie |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh c' est à par rapport à Saint-Michel je sais plus si c' est oui |
Mira: | après Saint-Michel c' est à à l le le long le long de la place Notre-Dame ça commence |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est quand on va vers Saint-Séverin mm d' accord |
Mira: | ah euh je sais pas comment s' appelle Saint-Jacques rue Saint-Jacques |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui oui oui |
Mira: | et jusqu' à la fin de de Notre-Dame alors l~ nos fenêtres donnaient sur Notre-Dame |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est merveilleux |
Mira: | c' est d-~ c' est un hôtel allez long dans |
Sonia_Branca-Rosoff: | les modeste ouais |
Mira: | couloirs le le water pour |
Sonia_Branca-Rosoff: | tout le monde ouais |
Mira: | pour tout le monde deux waters je crois quelque chose comme ça mais c' était par mois payé par mois voilà et après |
Sonia_Branca-Rosoff: | après et vous connaissiez des Yougoslaves euh à Paris ou vous étiez seuls euh |
Mira: | on n' était on ne c~ euh on connaissait ah oui oui le le Vlada avait l' oncle euh qui vivait à Paris depuis d~ des années marié avec une femme française avec une fille peut-être que c' ét~ ils nous ils nous ils nous n' ont pas attendus mais je crois qu~ ils sont ils sont pas sortis à la gare mais euh on on il fallait on ils ont dit qu' on peut dormir chez eux pour trouver l' |
Sonia_Branca-Rosoff: | hôtel vous êtes allés dîner |
Mira: | pendant que pendant quelques jours comme ça et bon après on a trouvé cet hôtel |
Sonia_Branca-Rosoff: | après mais ça c' était donc des conditions de vie s minable tu étais pas habituée |
Mira: | à ça oui je sais pas comment te dire non c' était la vie était tellement minable à Belgrade tellement dure la guerre et tout ça ça c' était horrible comme ça tu descends tu suffis de voir Paris les femmes par exemple euh avec les pff vestes rouges ou jaunes ou je sais pas quoi que là-bas tout était qu-~ c-~ décoloré et c' était c' était gai pour nous |
Sonia_Branca-Rosoff: | et tu avais cette impression de fête en arrivant à Paris |
Mira: | oui absolument tout de suite tout de suite c' était la fête d' abord cet ce énorme drapeau tu peux imaginer le drapeau jusque je crois que jusqu' à la terre et mais je ne sais pas quelle fête Vlada peut-être sait c' était pas le quatorze juillet mais |
Sonia_Branca-Rosoff: | quand tu es arrivée tu parlais français déjà |
Mira: | oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est le français de l' école |
Mira: | un peu à l' école bien sûr on appren-~ on a~ apprenait le français officiellement le français et allemand et mais moi j' ai j' avais des leçons de j' avais une Française qui a qui m' a donné des leçons une Française qui venait comme ça chez nous qui me donnait des leçons et aussi l' anglais mais l' anglais pour moi c' était plus facile après bon c' était pff mais je me débrouillais je me débrouillais |
Sonia_Branca-Rosoff: | parce que tu as un français |
Mira: | mais c' était un autre français parce que ce que tu apprends ce n' est pas acheter les les choses dans les boutiques c' est tout de même l-~ une langue différente comme maintenant par exemple pour moi c' est très difficile de suivre quand les enfants parlent |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est quelques fois difficile pour les parents hein mais oui donc ça ça m' explique je me suis |
Mira: | c' est une langue un peu spéciale |
Sonia_Branca-Rosoff: | toujours demandé pourquoi ton français était de si bonne qualité donc c de très bonne qualité tu as un français oui très châtié très |
Mira: | que moi ah oui parce que mon père insistait mon père était très mathématicien alors il voulait les précisions et toujours il me euh me demandait les choses par exemple des des-z-verbes de temps de choses comme ça il fallait que je dise mais ça finalement bon ça servi peut-être je sais pas pourquoi mais ça n' a pas servi beaucoup après il fallait apprendre mais à l' hôtel nous avons trouvé tout de suite euh des jeunes des amis sympathiques des un couple par exemple un étudiant roumain avec s~ et marié avec une Française ils habitaient dans une chambre on habitait l' autre mais elle avait sa mère était première main chez Dior |
Sonia_Branca-Rosoff: | mm mm mais en même temps ils n' avaient pas assez d' argent pour trouver autre chose qu' une chambre d' |
Mira: | hôtel oui s il en avait pas bon s il en avait pas d' argent peut-être la la mère n' était pas contente qu' elle se qu' elle-z-a choisi un roumain |
Sonia_Branca-Rosoff: | sans d' accord sans fortune |
Mira: | je ne sais même pas de quoi ils vivaient ah je sais pas parce que les Roumains en ce moment étaient assez riches il y avait une église roumaine euh là en haut de de la place Maubert Maubert et et lui il allait toujours il on lui donnait des des tasses des tasses de café des je sais pas des tas de choses les Roumains et et elle elle faisait les écharpes et moi j' ai commencé à f~ travailler avec elle sur la soie |
Sonia_Branca-Rosoff: | ouais |
Mira: | comme ça là maintenant comme ça là dans le temps euh le temps elle t-~ elle t~ elle travaille |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas oui nan elle peut plus maintenant malheureusement elle tremble trop elle tremble trop elle ne contrôle pas sa main |
Mira: | ah oui ah oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | pour le moment |
Mira: | et je me rappelle oui je me rappelle que on a travaillé et euh cet ami roumain il est allé euh pour montrer tu sais la librairie Shakespeare |
Sonia_Branca-Rosoff: | mm mm |
Mira: | et bah ça c' est rue de la Bûcherie |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord alors je vois très bien où |
Mira: | c' est c' est à côt voilà voilà et de temps en temps ils je sais pas comment mais il il exposait des écharpes il vendait les écharpes je ne sais Vlada après elle a il a trouvé parce qu' il y avait des émigrés je crois il y avait quelques émigrés ah oui il y avait un ami qui était professeur marié avec une Française il était professeur à la Sorbonne il donnait des leçons de serbe et on a co~ on a connu et et je crois que Vlada a fait Vlada est ah oui parce que nous sommes venus avec les Rabanovitch en même temps nous quatre c' est-à-dire le d-~ deux jours avant avant le et il travaillait à la peinture bâtiment pour vivre moi j' ai fait des écharpes |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord et Vlada aussi a fait |
Mira: | mais |
Sonia_Branca-Rosoff: | si alors attends euh il faut que oui ça marche |
Mira: | en tout cas c' était merveilleux je me rappelle pas la seule chose que je me rappelle le problème c' était de prolonger le visa chaque je sais pas combien est-ce que c' était chaque trois semaines ou chaque trois mois je me rappelle plus parce qu' il y a longtemps |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah d' accord c' était et c' était difficile déjà en ce temps-là |
Mira: | et c' était difficile oui et après bon j' ai l' impression que tout de même et oui on nous a dit toujours que les Français sont pas faciles à contacter ils euh et pour nous c' était pas du tout ça alors tout de suite ils euh comme ça voilà par par par exemple voilà la la la la tante de Vlada était française et c' est c' est c' est un c' est un milieu un type mariée avec un français à l' hôtel il y avait |
Sonia_Branca-Rosoff: | la ah oui |
Mira: | et donc ça vous a fait un réseau de Français au-delà d' eux oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | parce que c' est un peu spécial |
Mira: | et en plus cette Française qui faisait |
Sonia_Branca-Rosoff: | le c' est toujours mariés la la couture |
Mira: | qui faisait |
Sonia_Branca-Rosoff: | la ouais |
Mira: | la peinture et elle elle euh j~ euh jouait à la guitare et tout de suite on a appris les anciens c' est-à-dire appris pas nous nous n' avons pas chanté mais les ph-~ f-~ les elle chantait les chansons de Moyen-Age et c' était vraiment extraordinaire et d~ du Moyen-Age et tous les chansons populaires |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | parce que je crois je sais pas qu' est-ce qu' il s' est passé avec son père est-ce qu' elle a j' en sais rien elle était seule et qu' est-ce que je voulais dire à cause de ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | non tu parlais des chansons chansons |
Mira: | oui oui parce que c' était euh tu sais il y a tout de même des f~ des femmes spéciales dans la mode sa mère était très belle très coquette la tante chez la tante chez Yves Saint Laurent et la mère chez Dior première main enfin |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon donc ils savaient coudre des habits jolis hein |
Mira: | et elle et c' était c' était comme Anastasia et Bettina la mère était pff comme ça et l' autre la fille qui s' est mariée avec le Roumain elle était adorable mais les autres étaient adorables aussi mais coquettes mais elle n' était pas coquette du tout elle était très simple elle ça je c' est vraiment le souvenir |
Sonia_Branca-Rosoff: | et pourquoi vous avez quitté ce quartier comment vous êtes arrivés alors euh dans ton quartier oui |
Mira: | ah ici après mon frère est venu à Paris |
Sonia_Branca-Rosoff: | ton frère est architecte |
Mira: | mon frère architecte et il est venu à Paris et à ce moment-là on on euh comment dire on a restauré Saint-Malo et on avait besoin beaucoup de de d' architectes et on a téléphoné à mon frère parce que des autres jeunes et un architecte qui est venu et il est venu pff il a travaillé à Saint-Malo plusieurs mois je crois tout de suite en venant en venant le s-~ il est venu le soir à la gare de Lyon et il est parti le len-~ le lendemain matin pour vraiment |
Sonia_Branca-Rosoff: | parti avec le travail mm mm |
Mira: | et il a c-~ il a connu euh il était très ami avec les les jeunes architectes |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | et un des jeunes architectes était Teyssere |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord oui |
Mira: | et et et ici il y avait une dame qui habitait une peintre elle est morte et ici l' a-~ l' appartement était plein des des c' était les beaux-arts vraiment il a accepté tous les les jeunes de venir ici c' était l' atelier des des étudiants et après il a dit à mon frère de venir de lui donner une une chambre après il nous a donné à nous une chambre à pourquoi l' hôtel pourquoi vous venez pas et après sa mère a décidé de nous donner l' appartement |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord de vous louer pas de vous donner |
Mira: | et depuis pas de nous donner mais écoute parce que tout le monde a voulu le louer |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui d' accord |
Mira: | mais bon et on pes-~ enfin enfin on payait un peu la comment dire pour rentrer |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | tout le monde paie pour rentrer alors nous aussi je me rappelle plus du tout il y a trop longtemps et je sais qu' on a payé on payait le loyer et il a dit |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | comme vous êtes peintres vous vous occupez de l' appartement je on ne fait pas de dépenses pour |
Sonia_Branca-Rosoff: | le pour le mettre en état le rénover |
Mira: | pour le mettre en état et bon alors c' est |
Sonia_Branca-Rosoff: | après et ça te plaisait de changer de quartier non hein tu aimais la Seine et ses |
Mira: | quartiers non j' aimais la Seine et ici ça m' a paru normal pff j' étais pas mais d' abord on a habité euh dans des chambres et tous les toutes les les jeunes architectes travaillaient ici dans l' atelier |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon ah oui vous n' aviez pas non plus d' intimité alors |
Mira: | oh bah c' était très court très je me rappelle plus de combien ça duré mais très peu peut-être un an ou même pas j' en sais rien je me rappelle pas de ça seulement euh c' était sympathique très sympathique et après on a eu ça et Vlada fait la il a peint l' a~ l' appartement |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord et ce quartier c' était quand même euh le Montparnasse euh d' après-guerre c' était c' était assez vivant il y avait plein d' artistes d' artistes |
Mira: | ah oui oui oui ah oui il y avait ça aussi nous avons non euh eu euh nous avons eu Vlada a eu l' atelier dans le l' Académie de Sciences dans la coupole de l' Académie de Sciences à Belgrade |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est pas vrai oui |
Mira: | il a eu parce que c' était moitié en ruine oui mais mais mais tout de même on a on a été là-bas et à côté de nous il y avait un sculpteur celui-ci qui a fait cette sulpture qui était très ami de Zadkine |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui oui ah d' accord mm |
Mira: | et après comme nous sommes venus on a découvert Zadkine ici c' était arrière Notre-Dame de non rue d' Assas |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui |
Mira: | et et comme ça il y avait bon il y avait Beckett il y avait Ionesco |
Sonia_Branca-Rosoff: | tu as connu Beckett si tu l' as connu Beckett |
Mira: | oui oui j' ai connu Beckett parce que Bettina son mari était premier éditeur de Beckett |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord |
Mira: | John |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais connu d' amitié ou comme ça de loin vous êtes devenus amis |
Mira: | bof amis je ne sais peux pas dire amis bon ben on se voyait à de temps en temps à à la Closerie des Lilas parce qu' à ce moment-là il venait tout le temps à la Closerie |
Sonia_Branca-Rosoff: | à la Closerie des Lilas oui |
Mira: | les autres venaient les autres à au Dôme par exemple Ionesco était |
Sonia_Branca-Rosoff: | toujours oui |
Mira: | et et c' est comment sa sa femme et bon après le ils ils se faisaient le rendez-vous à au coin de Simone de Beauvoir |
Sonia_Branca-Rosoff: | et et Sartre |
Mira: | et Sartre |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais donc ça c' est un monde qui t' a plu qui t' a qui t' a intéressée ou au fond tu étais ailleurs tu t' en fichais |
Mira: | un peu mais non parce que tu sais quand tu viens de quelque part tout est intéressant et c' est tout de même |
Sonia_Branca-Rosoff: | quelque chose oui |
Mira: | c' était des gens spécials et en plus c' était des gens très spécials et Beckett et Zadkine et Ionesco c' était des gens vraiment |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc ils venaient chez vous de temps temps ou c' était à une vie de café |
Mira: | plutôt c' était c' était on on allait chez Zadkine je crois que c' était samedi qu' il recevait |
Sonia_Branca-Rosoff: | ouais |
Mira: | et avec Beckett c' était la Closerie des Lilas et l' autre ben finalement on allait on sortait |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | on après bon après il y avait beaucoup de monde qui venait chez moi c' était facile à ce moment-là bon d' inviter les gens et après mm il y avait quand Vlada eut la galerie rive gauche euh on a connu aussi beaucoup de de peintres par exemple Dubuffet Dubu- Dubuffet ou Jörg il était dans la même galerie que Vlada ici rive gauche |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | et comme ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | les donc ça ça s' est fait vite |
Mira: | après oui on a vu que euh c' était les Français euh bien sûr les serbes aussi invitent les gens à la maison mais comment dire irrégulier le matin le midi le soir n' importe quand et ici c' était les dîners |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui oui on n' arrive pas l' improviste chez les gens |
Mira: | on n' arrive pas l' impro à l' improviste et puis quand c' est le dîner c' est presque un spectacle et comme ça moi j' ai j' ai décidé de faire parce que c' est c' était tout de même on entrait tout de même dans dans un monde qui s' intéressait de l' art qui était dans l' art alors c' était tout de même des gens un peu spéciales et les femmes de peintres s~ sont je peux dire merveilleux les femmes tous les femmes de peintres c' était des femmes extraordinaires |
Sonia_Branca-Rosoff: | tu veux dire que elles tenaient le moral des |
Mira: | ils tenaient le moral ils étaient euh accueillants ils étaient t~ tolérantes des des maris ils |
Sonia_Branca-Rosoff: | des maris |
Mira: | je sais pas comment dire un monde |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais toi tu étais un peu à part parce que tu es femme de peintre mais tu es d' abord peintre |
Mira: | non j' ai été peintre j' ai Vlad~ parce que Vlada ne supporte pas il a tout de suite voulu que j' expose quand j' ai mais après après j' ai laissé comme ça j' ai travaillé mais j' ai pas exposé beaucoup et parce que je suis lente et Vlada bon il avait ses ses galeries |
Sonia_Branca-Rosoff: | et donc Vlada vous êtes arrivés en cinquante-deux tu as dit et Vlada a commencé à avoir euh cette galerie rive gauche assez vite |
Mira: | donc c' était c' était c' était |
Sonia_Branca-Rosoff: | il a fallu quelques année de de vaches enragées |
Mira: | ah non non il f-~ il fallait bon il fallait tout de même je ne sais pas dire exactement quatre cinq ans six ans |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc il y a eu six ans très durs quand même |
Mira: | oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais dont tu gardes pas le souvenir |
Mira: | de non mais mais ça je le oui parce que par exemple il faisait la peinture bâtiment après il faisait par exemple |
Sonia_Branca-Rosoff: | ces oui |
Mira: | euh Krief était ami de tu sais le le Claude Krief le journaliste était a-~ a après ils ont connu |
Sonia_Branca-Rosoff: | Charles Claude Krief le journaliste oui oui |
Mira: | dont le Vlada et et Pierre ils ont connu ça et et Claude Krief a comment c' était eux ils ont habité l' hôtel et ils ont fait connaissance avec beaucoup de peintres de cet hôtel à comme c' était c' est euh mm rue rue Monsieur-le-prince ou quelque chose comme ça mais comme nous rue de la Bûcherie c' était aussi groupés là c' était comme ça des |
Sonia_Branca-Rosoff: | des hôtels très pauvres |
Mira: | et des peintres et il y avait des peintres qui étaient plus âgés un peu et qui ont bon estimé est aussi très bon peintre et Vlada est tombé comme ça avec avec Jörg Dubuffet |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui et Vlada quand même avait à Paris beaucoup de notoriété hein à un moment donné hein ouh oui non non non Vlada a toujours il a |
Mira: | toujours c' était un des bons peintres de l' école de Paris exposé il a d' abord exposé rive gauche après Jean Buchet et et et le et Aregal |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | mais maintenant c' est un peu la crise de un moment il y avait la crise terrible dans la peinture parce que les prix les galeries faisaient des |
Sonia_Branca-Rosoff: | de la peinture |
Mira: | prix vraiment énormes mais ça je crois ça dû être vingt une vingtaine d' années euh que la peinture était très comment dire estimée |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui et puis il y a eu un moment où le marché s' est un peu déplacé de Paris à New-York |
Mira: | euh non c' était beaucoup beaucoup plus tard |
Sonia_Branca-Rosoff: | non ça vous n' avez pas s- oui ça vous n' avez pas souffert peut-être |
Mira: | oui oui après nous sommes allés ailleurs ah mais oui c' est vrai nous sommes allés à New-York en soixante mille neuf cent soixante |
Sonia_Branca-Rosoff: | cinquante-deux soixante tu vois c' est rapide maintenant je pense oui oui ça ça n' a pas duré |
Mira: | c' est vrai |
Sonia_Branca-Rosoff: | si longtemps parce que quand nous sommes allés à New-York Vlada avait déjà galerie Arial il a passé par rive gauche et Jean Buchet il était oui donc ce quartier pour revenir à mes quartiers de Paris tu tu y es allée parce que c' était commode mais tu ne l' as pas choisi et maintenant tu l' aimes ou tu ce |
Mira: | quartier ah ou-~ maintenant j' aime oui après j' ai-~ j' aime beau~ maintenant j' aime beaucoup mais je j' adore les quais les quais de la Seine mais ici c' est tout de même euh comment dire tout près de de Luxembourg la Closerie des Lilas je maintenant maintenant |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui ce que tu aimes c' est le Luxembourg en fait |
Mira: | maintenant je suis dans le Luxembourg je j' aime beaucoup mais je vais jamais c' est-à-dire je passe comme ça par le Luxembourg mais je suis pas de ceux qui |
Sonia_Branca-Rosoff: | qui oui et justement ce quartier tu t' y promènes euh tu ou ou en fait tu sors du métro et tu rentres chez toi |
Mira: | maintenant |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui mainten~ ou en général tu as vécu des années des années là qu' est qu' est-ce que c' était ton |
Mira: | oui c' était |
Sonia_Branca-Rosoff: | ton espace à toi on faisait c' est pour ça j' ai |
Mira: | dit le les euh ici euh c' était on était invités à dîner chez des chez eux chez l' autre comme ça et après il fallait que il fallait rendre ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | rendre les dîners |
Mira: | et c' est pour ça que je te dis c' est à la maison beaucoup beaucoup de monde même mais on s' est trouvés dans par exemple au Select parce qu' au Select à ce moment-là n' était pas un café euh mondain c' était ben disons que la Closerie des Lilas était un peu mais mais bon c' était pas mondain à ce moment-là ni la Coupole par exemple après les vernissages |
Sonia_Branca-Rosoff: | ouais ouais |
Mira: | on allait à la Coupole parce que la Coupole est grande on peut être quarante à dîner mais |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est drôle je ne t' imaginais pas comme un pilier de café |
Mira: | c' était c' ét- |
Sonia_Branca-Rosoff: | je ne savais pas que tu allais beaucoup dans les cafés je te voyais pas comme quelqu' un qui avait aimé la les cafés la vie des cafés |
Mira: | non non j' étais pas je n' étais pas beaucoup dans les cafés mais c' est on se c' était très oui c' était très facile parce que tout le monde n' avait pas euh on venait chez nous |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' était le rendez-vous des amis oui |
Mira: | mais tout le monde n' avait pas euh des des appartements et des ateliers comme ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | de l' espace |
Mira: | et euh bah mais comme maintenant les rendez-vous c' est toujours dans les cafés |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est vrai oui oui oui et sinon le |
Mira: | quartier mais là-bas par exemple quand quand je suis venue |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | c' était absolument inimaginable je ai jamais allée dans un café c' est mon grand-père qui allait dans le café quelques fois et même pas souvent et où on nous invitait par exemple dans les restaurants à manger |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | et quand je suis venue à Paris ici ah je me suis dit mais comment c' est possible que les jeunes vont dans des cafés parce qu' il fallait avoir de l' argent mais c' était pas écoute le café était très bon marché mais tout de même le café et j' ai dit comment c' est possible parce que pour de mon avis c' était que les vieux qui vont dans les cafés les jeunes je sais |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas c' était jeunes vieux c' était pas hommes femmes le café n' était pas interdit aux femmes c' était un problème d' âge |
Mira: | problème d' âge |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui d' accord |
Mira: | voilà tout d' un coup je pense à ça mais j' ai complètement si tu m' as pas demandé je de temps en temps j' ai des des des comment dire des images de tout ça mais maintenant puisque tu me demandes je me rappelle de tout et je vois que vraiment on avait de la chance d' abord de dire de de vivre ce Paris vraiment |
Sonia_Branca-Rosoff: | mm tu l' as vu changer quand quand est-ce que ça commencé à tout à l' heure tu me disais que que tu es saisie par l' angoisse des gens et la tristesse et quand est-ce que tu dirais que ça basculé ton Paris euh de jeunesse pour euh cette ville qui souffre |
Mira: | je ne peux pas te je ne peux pas dire des années je quelques fois je pense que ça s' est passé il y a euh une fois on on me dit euh je j' ai fait une exposition et après ils m' ont invitée de nouveau à faire je sais pas une exposition spéciale avec beaucoup de tableaux dans un salon et moi je dis mais c' est gentil puis vous vous m' avez pas oubliée il y a dix ans que j' ai il y a dix que j' ai exposé elle dit comment dix ans trente-cinq ah c' est pour ça je te dis l' âge pour euh les années ça je n-~ je n' ai pas le souvenir exact |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | de je sais t~ je sais seulement qu' on est allés soixante à New-York première fois qu' on est allés |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais vous n' avez jamais pensé vous installer définitivement en Amérique vous étiez |
Mira: | euh non non Vlada était bon j' étais fascinée par New -York aussi picturalement et mais j' ai jamais euh pensé d' habiter à New-York Vlada était très |
Sonia_Branca-Rosoff: | plus tenté |
Mira: | tenté plus beaucoup plus tenté mais à ce moment-là voilà c' est pour ça je je me rappelle que c' était déjà c~ déjà il avait cette galerie déjà il avait oui il ét-~ il était chez Polack |
Sonia_Branca-Rosoff: | et alors euh oui tu es quoi au bout de toutes ces années d' abord parisienne euh en même temps un peu serbe euh beaucoup française au bout du compte je sais même pas si tu as la nationalité française peut-être que non oui |
Mira: | j' ai la nationalité parce que aussi nous entre tous ces peintres et tout ça nous avons connu un un ami qui était la possibilité de nous donner le mais il y a longtemps il a dit ah parce qu' il savait que nous avons beaucoup de problèmes pour |
Sonia_Branca-Rosoff: | les les visas |
Mira: | les visas alors il dit pour pour nous maintenant ça simplifie euh que qu' on que vous prenez la nationalité française alors ils nous ont donné je n' en ai même pas demandé |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | ils nous ont donné la nationalité française je peux pas te dire quelle année |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon c' est c' est pas grave c' est ça change rien euh et tu pouvais garder également la nationalité yougoslave |
Mira: | oui on a fait oui on a pu garder |
Sonia_Branca-Rosoff: | la d' accord |
Mira: | ah je me suis finalement comme ce que tu me demandes comment je me sens je me sens ah je ne peux absolument pas j~ je vis ici je ne peux pas changer maintenant je vis ici beaucoup plus que là-bas |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | mais je ne peux p-~ je je suis tout de même serbe |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais |
Mira: | et j' ai par exemple je ai jamais voté |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah tu n' as jamais voté |
Mira: | ni là-bas ni ici jamais parce que je trouve que je suis t- je trouve que les Français avec moi j' ai que des comment te dire louanges pour les Français pour la comment on était là comment on était accueillis comment tout était bien et après la la crise a commencé dans les dans les de l' art à cause de ces |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui |
Mira: | les problèmes de galerie et des des collectionneurs mais euh je sais pas pourquoi je te dis ça parce que euh je me je ne me sentais pas le droit de voter je ni en Yougoslavie parce que je n' étais pas je ne sais pas pour qui voter je ne voulais pas mm |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui tu n' es plus dans cette vie là parce que tu te sens extérieure maintenant |
Mira: | euh là-bas je ne savais pas quand j' étais en Yougoslavie mais j' ai j' ai eu le temps de voter |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | j' ai pu voter mais j' ai jamais voté là-bas et ici aussi je n' ai pas voté parce que j' ai tout de même je trouve que c' est formidable que les que |
Sonia_Branca-Rosoff: | tout le monde euh ce soir on va on va bientôt arrêter mais je veux juste que tu termines ce que tu disais parce que j' étais complètement étonnée tu as dit je ne vote |
Mira: | pas ah oui oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | et et et tu le droit de vote ça parait quand même quelque chose de fondamental |
Mira: | ah oui oui voilà j' ai le d-~ je ne suis pas du tout quelqu' un qui aime la responsabilité je suis quelqu' un qui qui accepte les choses qui voit les choses mais je n' ose je n' ose |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas du tout donc le ch- oui |
Mira: | décider |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais tu as des opinions politiques |
Mira: | je je décide c' est pour ça que par exemple la la peinture me convient parce que je fais ce que je veux je n' ai pas obligé d' exposer je |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui mais tu as des opinions politiques |
Mira: | ah j' ai des opinions politiques ah mais d' abord j' ai été terriblement déçue en Yougoslavie parce que euh moi j' ai pensé que que le communisme hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | ouais oui vous vous avez vous étiez jeunes au moment de la guerre et vous avez été engagés en tout cas Vlada très engagé |
Mira: | bah oui Vlada a été engagé on était on on pensant que le communisme c' était d' idéalisme merveilleux tout et après on a vu que Tito était tout sauf communiste |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | euh le plus grand luxe le p pff mais il y avait sûrement des bonnes choses euh comment dire dans dans l' organisation il y avait pas euh par exemple il y a -~ avait comme en France ça existe euh ce que ce que comment dire on a on a les l' aide de l' Etat tout le monde peut travailler tout le monde peut étudier tout le monde ah c' est c' est l' Etat tout de même |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça ça été installé par les communistes |
Mira: | ça été oui mais c' est ça et ça bon après De Gaulle a installé ic~ j' ai |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Mira: | euh j' ai compris que c' est De Gaulle si je c' est qui a fait le premier les euh quoi le les retraites pas les retraites |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui euh |
Mira: | qu' est-ce qu' il a fait |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh |
Mira: | l' aide |
Sonia_Branca-Rosoff: | écoute il m~ alors |
Mira: | c' est les je crois que les le l' aide dans les hôpitaux |
Sonia_Branca-Rosoff: | non la Sécurité Sociale c' est plus ancien |
Mira: | les maladies |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est écoute je ne sais plus j' ai honte de ne pas savoir mais je pense que c' est il y a eu le Front Populaire aussi donc en trente-six quand même il y a eu beaucoup de lois qui ont |
Mira: | je ne sais |
Sonia_Branca-Rosoff: | je ne sais |
Mira: | pas mais j- je j' ai comme ça entendu |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais d' accord |
Mira: | et bon et et après euh je n' étais pas du tout j' avais des amis de tous les côtés mais je n' ai jamais comment dire fait fait la différence parce que on n' était p- je ne sais pas mon père était p politique il était blessé dans la guerre de quatorze on a même on a écrit dans les journaux euh comment dire gloire aux aux soldats morts pour la patrie on et finalement on l' a ramassé il était vivant et bon et il était dans la politique il s' est s' ét-~ il s-~ était au courant toujours de tout mais après quand le titisme est venu ce n' était pas ce qu' on a imaginé et mes amis qui étaient par exemple super idéalistes communistes parce que moi je n' étais pas politisée tellement mais j' ai j' é~ j' étais toujours pour l' égalité pour le les choses de de gauche finalement mais ce n' était pas tel exactement ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | et du coup ça tu étais trop déçue pour t' y intéresser en |
Mira: | France et moi je je n' étais pas sûre de rien et je et comme je ne je ne connaissais pas suffisamment le |
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