Le Corpus de Français Parlé Parisien (CFPP2000) est composé d’un ensemble d’interviews conversationnelles sur les quartiers de Paris et de la proche banlieue. Ces interviews conversationnelles sont constituées à partir d’un questionnaire sur la ville et comporte plus de 700.000 mots pour environ 50 heures de parole. L'ensemble a été mis à disposition du projet Orfeo. Les exemples tirés d'Orfeo et dont la source est le CFPP2000 étiquetés comme provenant du CFPP2000 doivent être accompagnés de la mention de l'article suivant : Branca et al. 2012. Discours sur la ville. Présentation du Corpus de Français Parlé Parisien des années 2000 (CFPP2000) Branca-Rosoff S., Fleury S., Lefeuvre F., Pires M., 2012
Corpus | CFPP |
Nom du fichier | Jacqueline_Pelletier_F_65_Ivry |
Responsable(s) | Sonia Branca-Rosoff |
Florence Lefeuvre | |
Serge Fleury | |
Mat Pires | |
Résumé | interview sur la vie dans le quartier |
Date de l'enregistrement | 03/03/2010 |
Durée de l'enregistrement | 01:26:54 |
Nature du signal | audio |
Qualité du son | environnement peu bruité |
Niveaux d'annotation | Annotation automatique |
Annotation | automatique |
Type | entretien |
Secteur | privé |
Interaction en milieu … | amical |
Modalité | oral |
Nombre de locuteurs | 2 |
Situation de l'enregistrement | face_à_face |
Adresse d'échantillon | /annis-sample/cfpp/Jacqueline_Pelletier_F_65_Ivry.html |
Identiant du locuteur | Jacqueline_Pelletier |
Âge du locuteur | 61+ |
Sexe du locuteur | F |
Profession du locuteur | inconnu |
Niveau d'études du locuteur | lycée |
Lieu de naissance du locuteur | inconnu |
Identiant du locuteur | Sonia_Branca-Rosoff |
Âge du locuteur | 61+ |
Sexe du locuteur | F |
Profession du locuteur | enseignant-chercheur |
Niveau d'études du locuteur | études supérieures |
Lieu de naissance du locuteur | USA, New York |
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Jacqueline_Pelletier: | euh j' ai une une jeune maman on va dire ça comme ça qui a une trentaine d' années qui il y a ben ça fera un mois le dix a voulu sauter par le balcon c' est-à-dire qu' elle avait elle est en-dessous de chez moi elle avait elle était passée par dessus le balcon elle était sur le bord elle se tenait qu' à une main elle était prête à se jeter faut savoir qu' il y avait les trois mômes en bas donc euh bien évidemment euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais c' est sa situation ou |
Jacqueline_Pelletier: | sa situation euh bon elle s' est disputée avec une de ses copines en face bon c' est une une personne qui non non non elle elle a une trentaine elle doit avoir trente-cinq ans maintenant Cynthia c' est une personne ça enregistre pas hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | fragile quand même euh si mais je peux éteindre |
Jacqueline_Pelletier: | si non non mais c' est pas grave euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | oui parce que je donne des noms donc il faudra vous effacerez donc cette jeune maman euh bon se fait soigner euh parce que les elle est souvent dépression et c' est là que la solidarité quand même des voisins joue parce que quand on l' a entendue enfin moi quand je l' ai entendue crier j' ai surtout entendu la petite qui disait maman fais pas ça je vais au balcon je la vois se par-dessus le balcon prête à se jeter |
Sonia_Branca-Rosoff: | je les efface j je vous ex-~ expliquerai |
Jacqueline_Pelletier: | après donc euh je dis Cynthia fais pas de connerie j' arrive sur ces entrefaites le temps du balcon que j' aille à la porte euh il y avait des voisins qui venaient euh frapper chez moi puisque |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon ben qui se qui avaient entendu |
Jacqueline_Pelletier: | ils venaient donc euh j' ai on a été chez enfin les enfants m' ont ouvert puisqu' ils me connaissent très très bien et c' est des un un voisin et un jeune hein qui doit avoir une vingtaine d' années qui ont réussi à la remettre par-dessus alors après bon ben je vous explique pas les pompiers cetera et tout donc euh c' est vrai qu' elle a quelques problèmes c' est vrai qu' elle a pas une vie facile euh bon enfin voilà quoi ça c' est il y a il y a quand même je veux dire dans ces bâtiments et dans cette cité une solidarité qu' on trouve pas partout |
Sonia_Branca-Rosoff: | a c' est ce que vous aviez commencé à me dire |
Jacqueline_Pelletier: | voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | et bon donc c' est c' est quand même important donc moi ça fait comment euh vingt plus de vingt-cinq ans que j' habite à Ivry euh avant j' étais dans un peu plus bas que le centre d' Ivry puisque moi j' avais été euh licenciée par euh je faisais je travaillais chez Testut pesage électroniqueracheté par Tapie donc il y a eu plusieurs charrettes et j' ai été relogée à l' époque ici j' étais enceinte de mon dernier fils là qui a vingt-cinq ans donc c' est vrai que que dans dans cette cité populaire c' est la plus grande cité d' Ivry hein on peut même dire que c' est une petite préfecture il y a quand même une solidarité qu' on trouve pas partout |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais parce qu' avant votre expérience justement alors euh vous êtes |
Jacqueline_Pelletier: | ben arrivée vous avez dit il y a vingt-cinq ans ça fait ça fait longtemps mais avant vous vous habitiez ben avant euh bon moi j' ai eu un parcours on va dire entre guillemets du du combattant parce que bon moi j' étais euh j' habitais à Bondy j' ai eu j' étais mariée j' avais eu mes donc mes deux premiers enfants mon mari a eu des problèmes de santé très sérieux puisqu' il a été interné et ça été bon voilà donc je me suis retrouvée seule avec mes mes enfants de ma fille de deux ans mon fils de quatre ans donc après euh ben je suis pas enfin je je suis partie de Bondy |
Sonia_Branca-Rosoff: | une expérience douloureuse |
Jacqueline_Pelletier: | euh on est revenus sur Paris euh et et après bon ben je suis rentrée chez Testut et c' est c' est Testut qui m' a entre guillemets euh sauvé la mise hein j' étais collaboratrice d' un acheteur je suis rentrée comme secrétaire au départ puis après collaboratrice d' un acheteur |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais là vous étiez toute jeune alors enfant de deux ans |
Jacqueline_Pelletier: | c' est ah ben j' étais j' étais j' étais toute jeune hein j' étais toute jeune puisque mon fils le premier a quarante-sept ans et ma fille a quarante-cinq ans |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | donc j' étais toute jeune je me suis retrouvée toute seule avec mes mes deux enfants |
Sonia_Branca-Rosoff: | vous n' aviez jamais travaillé |
Jacqueline_Pelletier: | j' avais travaillé mais quand je me suis mariée j' avais cessé complètement mon travail donc avant de retrouver dans le secrétariat j' ai fait différents j' ai travaillé oh j' ai vendu des légumes enfin bon voilà c' est ça été un parcours très très très difficile avant de retrouver cet emploi chez chez Testut quand l' usine de chez Testut a fermé j' avais quand même quinze ans d' activité chez Testut et j' étais plus toute jeune hein puisque j' avais enfin toute jeune si sauf qu' à l' époque déjà pour le chômage euh quarante ans c' était déjà pas facile |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est ça |
Jacqueline_Pelletier: | donc |
Sonia_Branca-Rosoff: | malgré le expérience |
Jacqueline_Pelletier: | malgré ah ben c' est encore pire parce que moi quand j' allais à l' A N euh comment au chômage quand après mes ma période de chômage puisqu' à cet~ à l' époque on avait la période de chômage et après on pouvait continuer avec euh la période de de grossesse ce qui m' a permis de commencer à gagner voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui parce que vous aviez un autre enfant |
Jacqueline_Pelletier: | j' avais un autre enfant j' avais rencontré quelqu' un hein ça se passait bien ou très bien au départ et ensuite j' ai bénéficié si on peut dire ça de mon chômage pour continuer à l' élever moi dans ma petite tête j' ai j' ai dit bien il aura un peu plus d' un an je vais retrouver facilement du travail et bien non ça été la grosse galère hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | parce que ouais ah parce que vous aviez déjà des enfants et que on disait les maladies d' enfants non même |
Jacqueline_Pelletier: | pas pas ils me et non non non même pas mais euh ils j' étais trop trop âgée hein et j' ai pas eu le temps parce que j' ai encore les les réponses des employeurs pourquoi j' ai gardé ça mon âge maintenant où on entourait mon âge et après quand j' allais à l' ANPE à l' époque |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est aussi discriminant que la nationa-~ enfin la l' origine mm mm |
Jacqueline_Pelletier: | ben co-~ c' est complè-~ exactement c' est c' était exactement la même chose et quand euh je voulais je voulais retravailler dans le secrétariat je j' ai dit j' ai pas besoin de trouver un poste de secrétaire même de standardiste de même hôtesse et cetera et |
Sonia_Branca-Rosoff: | tout ouais |
Jacqueline_Pelletier: | oui non mais vous comprenez avec les capacités que vous avez puis après on m' a dit oui mais avec votre expérience on trouvera jamais et c' est là qu' on a commencé à me proposer à l' époque c' étaient des TUC les CRA enfin toutes ces petites choses là euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | précaires donc toujours précaires |
Jacqueline_Pelletier: | précaires précaires précaires précaires dans la précarité euh bon donc j' avais été relogée ici entre temps mon il y a eu des différents familiaux c' est assez graves puisque mon mari s' était mis enfin mon le père de mon fils s' est mis à boire donc ça veut dire que il y a eu séparation et je peux dire que moi j' ai un fils qui est né dans le chômage et qui a vécu dans le chômage et dans le RMI avec un parcours extrêmement difficile |
Sonia_Branca-Rosoff: | parce que il faut beaucoup de courage pour croire à l' avenir |
Jacqueline_Pelletier: | c' est euh oui sauf que euh sauf que maintenant et ben c' est un c' est un jeune de vingt-cinq ans qui n' a pas voulu continuer ses études qui en arrêtant ses études a dit bon maman je vais me mettre à travailler il a commencé chez le Mac Do chez Mac Do il a continu~ enfin en en contrat ensuite il a été au Jardin des Plantes il a travaillé trois ans au Jardin des Plantes ils lui ont pas renouvelé son contrat parce qu' il remplaçait quelqu' un qui avait pris un congé maternité du Jardin des Plantes il est re~ rentré dans euh dans comment dirais-je ça s' appelle c' est une entreprise si vous voulez qui a des logements HLM et sans aucune compétence il est rentré là-dedans et ben il est passé euh agent technique il va se marier le mois prochain ça fait sept ans qu' il est avec sa petite ma petite belle-fille ils ont acheté un appartement et c' est un enfant |
Sonia_Branca-Rosoff: | qui qui a trouvé sa voie et qui |
Jacqueline_Pelletier: | a et qui a trouvé sa voie qui est merveilleux et qui s' est pas dit et ben euh comme on dit souvent ben de toute façon c' est un prochain euh un prochain chômeur donc il a eu l' chômage RMI |
Sonia_Branca-Rosoff: | parce que là ç~ là ça y est là c' est c' est stabilisé une fois qu' on est dans la ou |
Jacqueline_Pelletier: | ah il est en si complèt-~ complètement donc euh voilà je peux dire que cet enfant euh malgré malgré toute cette précarité qu' il a connue parce que bon c' est vrai que dans la ville d' Ivry on a quand même de la chance parce que ça il faut quand même le souligner hein on a quand même euh quand les enfants partent en vacances c' est sous le avec le coefficient familial suivant le salaire des parents enfin des parents ou de la maman puisque malheureusement il y a beaucoup de mamans qui sont toutes seules avec un ou plusieurs enfants donc il y a quand même des colonies où mon fils est toujours parti en colonie tout le temps il est parti aux sports d' hiver il a mangé à la cantine c' est plus facile de manger à la cantine que de faire un bon repas le midi et un bon repas la maison |
Sonia_Branca-Rosoff: | parce que parce que vous vous comptiez les sous pendant ce temps là |
Jacqueline_Pelletier: | c' est pas évident ah on compt-~ ouais ouais ouais bon le sport c' est pareil à Ville d' Ivry on peut faire du sport mais on a des aides donc voilà il a je je veux dire qu' il a vraiment eu euh il il s-~ il connaît la valeur de l' argent parce que quand il avait euh par la famille des sous c' est un enfant qui a toujours dit il mettait ses sous dans une boîte et quand il voulait s' acheter quelque chose qui lui convenait il économisait et ça lui est resté c' est c' est quand même moi je trouve que c' est fabuleux non vraiment |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc ça c' est le dernier le petit dernier les deux aînés |
Jacqueline_Pelletier: | le dernier |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh |
Jacqueline_Pelletier: | alors les deux aînés |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh ont grandi plus facilement enfin à part le drame de la maladie |
Jacqueline_Pelletier: | non ben non pas pas pas du tout plus facilement puisque euh avec le le drame de de la maladie de de leur père euh en fait euh moi j' avais c' est c' est dur à dire faut dire les choses telles qu' elles sont hein euh oui c' est c' était quand même très très sérieux hein ce qu' il avait donc on m' a dit dans la balance vous avez lui et vous avez vos enfants donc j' ai fait une chose qui n' était pas euh correcte on va dire ça comme ça mais j' ai choisi mes enfants et j' ai je j' ai cessé on va dire de le voir en suivant quand même mais j' ai vécu quand même avec euh euh des la gendarmerie aux fesses et cetera et tout ben parce que moi je présentais pas mes enfants fallait que je le présente à l' hôpital que je le présente quand il était à Montpellier cetera et tout mais comme j' ai toujours voulu protéger mes enfants |
Sonia_Branca-Rosoff: | pourquoi ah d' accord oui d' accord d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | bien voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord et ça le juge ne tenait pas compte de la du caractère mm |
Jacqueline_Pelletier: | ben c' est-à-dire que moi j' avais des euh il avait une maladie si vous voulez où il y avait des moments où il était oui de rémission |
Sonia_Branca-Rosoff: | de rémission mm mm |
Jacqueline_Pelletier: | et des moment où ça n' allait pas du tout il voulait mourir pour l' humanité donc euh donc voilà donc euh bon et comme ma plus grande a voulu se mettre en rapport avec lui donc je lui ai dit où il était et après elle a laissé carrément tomber elle me dit maman tu avais raison c' est c' est pas possible donc euh mes grands ont vécu eux aussi dans dans la difficulté parce que moi l' époque j' étais toute jeune hein euh je me suis retrouvée avec deux mômes quand même de deux ans et de quatre ans euh sans avoir retravaillé cetera et tout donc il a fallu pareil période de chômage et tout bon est-ce que c' est le fait de voir que je me suis battue dans les difficultés et que ben j' ai toujours essayé de de tenir le choc qu' eux s' en sont bien sortis |
Sonia_Branca-Rosoff: | eux aussi ça s' est bien passé |
Jacqueline_Pelletier: | eux eux aussi |
Sonia_Branca-Rosoff: | et avec vous aussi |
Jacqueline_Pelletier: | et avec moi aussi puisque moi je voyez j' ai ma fille qui elle est en face hein elle vient boire son café tous les tous les matins avant d' aller au travail et elle rentre du travail |
Sonia_Branca-Rosoff: | vous avez beaucoup de chance |
Jacqueline_Pelletier: | j' ai énormément de chance moi mes enf-~ vous voyez mon petit dernier là |
Sonia_Branca-Rosoff: | ouais enfin c' est pas que de la chance vous avez |
Jacqueline_Pelletier: | il travaille comment porte de Saint-Cloud tous les matins il passe boire son café avant d' aller travailler j' ai mes enfants mon mon grand il m' emmène tout faire mes courses euh ils ils m' entourent je ne suis puis bon il faut reconnaître aussi qu' on est très famille hein ils ont connu leurs grands-parents leur arrière-grand-mère et on a toujours eu ce lien |
Sonia_Branca-Rosoff: | alors justement racontez-moi parce que euh comment comment la famille est arrivée dans cette zone de la de la région parisienne vous êtes une famille de vieux Parisiens vous |
Jacqueline_Pelletier: | non non non oui oui oui moi mes parents euh quatre générations hein quand même eux mes parents sont toujours restés sur Paris |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | vous êtes une petite Parisienne au départ d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | ouais en fait je suis une Parisienne je suis arrivée sur euh dans |
Sonia_Branca-Rosoff: | la et Bondy vous avez dit au départ |
Jacqueline_Pelletier: | alors j' étais à Bondy oui parce que quand euh on avait une petite loge une petite loge je raconte n' importe quoi des conneries on avait une petite pièce pièce à l' époque quand j' ai eu mes deux premiers avec mon époux avant qu' il tombe malade une chambre de bonne au sixième étage vous savez les chambres de bonnes avec le petit vasistas bon je on avait que ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui oui euh c' est ouais ça dans Paris |
Jacqueline_Pelletier: | il s' est trouvé qu' on a dans Paris à République moi j' ai passé mon enfance à |
Sonia_Branca-Rosoff: | République d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | c' est mon |
Sonia_Branca-Rosoff: | quartier vous êtes une petite fille du onzième |
Jacqueline_Pelletier: | du onzième |
Sonia_Branca-Rosoff: | voilà |
Jacqueline_Pelletier: | voilà donc euh euh ça fait qu' on a eu euh un appartement à Bondy nous sommes donc partis avec euh les enfants à Bondy on enfin on avait un su~ on avait un bel appartement euh euh et mes pa |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça n' a pas été trop dur pour vous le passage Paris banlieue vous ne l' avez pas vécu comme euh |
Jacqueline_Pelletier: | non non parce que c' est vrai que j' ai découvert euh qu' on pouvait avoir l' eau courante qu' on pouvait avoir les toilettes à la maison qu' on pouvait avoir la douche parce que moi j' ai vécu dans une chambre de bonne avec mes parents jusqu' à l' âge de ben quand je suis quand on j' ai quitté mes parents j' avais dix-sept ans pour me marier donc je r-~ me suis retrouvée dans une chambre de bonne et nous on a jamais connu l' eau l' eau |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça dans votre vie de femme mariée mais dans votre vie de petite fille c' était pareil pareil ah c' étaient les vieux appartements ah mais c' étaient pas des appartements c' était une pièce qui était plus petite que ça dans un sixième on avait un grand couloir on allait chercher l' eau robinet dans un seau |
Jacqueline_Pelletier: | dans ma vie et ben pareil c' était pareil |
Sonia_Branca-Rosoff: | et on allait aux toilettes sur le palier on allait se laver aux bains-douches bien sûr on avait une cuvette où on pouvait se laver on avait une salamandre où on allait chercher le bois euh en bas avec le charbon oui |
Jacqueline_Pelletier: | donc pour moi voilà c' est c |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui vous en avez sou~ vous avez s le souvenir d' en avoir souffert pendant non oui |
Jacqueline_Pelletier: | pas j' en ai pas souffert moi j' ai eu une vie merveilleuse moi euh étant môme j' ai jamais souffert de tout ça parce que j' avais euh des parents très équilibrés j' avais ma grand-mère qui était concierge bon le le boulevard Voltaire c' était ma salle de jeux ah j' étais connue comme |
Sonia_Branca-Rosoff: | tout oui |
Jacqueline_Pelletier: | bon voilà donc j' en ai pas souffert donc c' est vrai que quand je me suis retrouvée à Bondy dans un bel appartement |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui le côté bel appartement commodités |
Jacqueline_Pelletier: | bel appartement des meubles une chambre à coucher euh j' étais très mère poule et puis patatras voilà donc c' est vrai que c' est pas facile |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | et voyez malgré tout euh on s' en sort mais on s' en sort quand on a entre guillemets la tête un peu sur les épaules euh parce que faut quand même savoir que euh euh la période pour les gens qui sont au chômage à une certaine époque et moi je me rappelle avant que l' APEI~ à l' époque où on a l' APEIS est ouverte ici sur Ivry la première APEIS hein c' était dans |
Sonia_Branca-Rosoff: | une et APEIS est quoi exactement |
Jacqueline_Pelletier: | Association pour la défense des ét~ des des chômeurs et des précaires |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord donc ça c' est votre côté militant |
Jacqueline_Pelletier: | militant bon moi j' ai été à l' APEIS quand je me suis retrouvée quand j' ai été |
Sonia_Branca-Rosoff: | au après Testut |
Jacqueline_Pelletier: | euh non oui c' est ça après Testut je retrouvais pas de travail donc j' ai été à l' APEIS et que c' étaient euh des employés d' ESCAEF qui avaient ouvert cette première dé~ pour défendre les chômeurs donc j' ai été à l' APEIS et ça c' était mon début de militantisme parce que j' ai été pour me faire aider et c' est là que on se rend compte du parcours du combattant pour prouver pour réussir à avoir ses droits auprès des ASSEDIC pour réussir à avoir des aides pour réussir à avoir des acomptes parce qu' à l' époque on avait pas d' aides on avait pas d' acomptes hein c' était |
Sonia_Branca-Rosoff: | l' époque c' est dans les années |
Jacqueline_Pelletier: | alors c' était à cette époque là c' était en quatre-vingt-six quatre-vingt-sept |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça commencé |
Jacqueline_Pelletier: | hein ça commencé le rôle de l' APEIS donc fallait quand même déjà un peu à l' époque on parlait des chômeurs oui les chômeurs c' est des feignants na-na-na bon mais il y a eu quand même une grande grande bataille euh les gens se sont défendus euh je me souviens qu' à une certaine époque si j' ai bonne mémoire en quatre-vingt-quinze quand même quand on a défilé à Paris on a été applaudi euh mon il y avait quand même les gens venaient à l' APEIS pour obtenir leurs droits pour or-~ obtenir des aides parce que avec le le peu d' argent que que les gens avaient et ben ils pouvaient pas il y avait pas de Noël la bataille les aides pour Noël qu' on donne aux chômeurs c' est la bataille de non mais c' est la bataille de l' APEIS |
Sonia_Branca-Rosoff: | maintenant oui c' est ouais |
Jacqueline_Pelletier: | c' est grâce à l' APEIS hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | et les rapports avec les syndicats |
Jacqueline_Pelletier: | les sé-~ les rapports avec les syndicats ét-~ étaient très bons sauf que bon euh au début quand même l' APEIS était plus ou moins reconnue parce qu' on disait mais qu' est-ce que c' est que ceux-là euh mais après quand on quand les quand ils ont vu euh comme on l' ampleur que prenait cette APEIS et comment ils défendaient les gens et cetera et tout donc après c' est ça ça s' est très ça s' est très bien passé mais à l' époque les gens venaient ils demandaient des renseignements quand on leur demandait de venir à des manifestations ou de venir à des réunions pour parler des difficultés qu' ils avaient |
Sonia_Branca-Rosoff: | ils venaient |
Jacqueline_Pelletier: | pas il y avait du monde sauf que j' en passe hein parce qu' autrement je vais vous parler pendant trois heures sauf qu' à que maintenant |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | c' est plus du tout pareil les gens si vous voulez moi j' ai cette sensation maintenant effec-~ bon j' ai quitté l' APEIS puisque j' ai commencé mon mandat de conseillère municipale en quatre-vingt -un quatre-vingt-un oui bon j' ai je suis passée conseillère municipale il y a sept ans là il y a huit ans maintenant puisque |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah vous m' avez pas dit que vous étiez conseillère municipale oui parce que vous étiez une militante de l' APEIS c' est un peu aussi |
Jacqueline_Pelletier: | comme ben j' étais une militante de l' APEIS de l' APEIS je bon euh je suis communiste hein je ne m' en cache pas et j' en suis fière donc je militais et un beau jour euh ben j' ai été proposée euh j' habite une cité populaire quand même il y a mille quarante-six logements où il y a trois mille enfants |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui donc vous avez |
Jacqueline_Pelletier: | et et on voit il suffit d' entendre le téléphone pour voir bon et puis bon moi j' ai j' ai toujours moi j' aime beaucoup discuter avec les gens de par justement ce que j' ai connu à l' APEIS |
Sonia_Branca-Rosoff: | que vous servez de relais euh |
Jacqueline_Pelletier: | hein dialoguer avec les gens vous savez je vais vous avez des gens qui viennent à l' APEIS qui venaient devant votre bureau qui s' asseyaient qui vous disaient je sais pas pourquoi je viens vous voir et qu' on restait pendant quelques temps sans parler et qu' au bout d' un moment ben tout ça ça se dégageait la souffrance des gens et tout mais c' est atroce donc il arrive un moment donc j' ai eu et j' ai eu cette chance quand même qu' on ait accepté dans un conseil municipal parce que ça faut le dire quelqu' un qui était au RMI |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah même dans une ville communiste ce n' était pas évident |
Jacqueline_Pelletier: | ben écoutez euh j' en ai pas connu beaucoup mais j' ai j' ai d' ailleurs remercié j' ai eu l' occasion de le dire j~ voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | alors dites-moi euh au fond à un moment donné euh votre engagement militant est un engagement à |
Jacqueline_Pelletier: | plein complètement |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' une certaine façon euh c' est votre deuxième carrière enfin je devrais pas dire le mot carrière mais oui |
Jacqueline_Pelletier: | co-~ co-~ c' est complètement parce que quand quand arri~ quand on trouve plus de travail qu' on est au RMI hein parce que là je passe hein j' avais cinquante ans cinquante-cinq ben donc euh après euh comment les enfin les personnes qui tenaient l' APEIS bon eux ont et ont ont été en mairie hein euh c' étaient des hommes merveilleux vraiment vraiment qui le sont toujours d' ailleurs et que voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça vous fait un réseau d' amis aussi |
Jacqueline_Pelletier: | a oui oui mais s~ ça fait un réseau d' amis bon pour moi ce c' est pas des collègues c' est plus que ça hein c' est vraiment plus que ça parce que on a vécu tellement des choses dures ensemble que ben voilà quoi euh donc ça c' est des liens qui peuvent pas se se défaire vous avez moi j' ai encore des personnes que je côtoyais que je j' avais à l' APEIS qui me téléphonent quand je les rencontre ils sont ils traversent la rue et ça c' est ça c' est c' est quelque chose de de formidable donc si vous voulez effectivement après j' ai tenu l' APEIS donc ça été un engagement pendant plusieurs années |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça et puis ça duré de de quelle année à quelle année c' est juste pour arriver |
Jacqueline_Pelletier: | alors l' APEIS j' ai dû tenir l' APEIS pendant enfin moi bon j' ai toujours suivi l' APEIS depuis quatre-vingt-sept hein donc j' ai dû quitter l' APEIS euh ben au moment où j' ai je suis passée conseillère euh municipale donc c' est en deux mille un c' est là que j' ai été obligée de quitter l' APEIS parce que j' y allais hein j' ai continué pendant pendant pendant quelques voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais bon vous avez été responsable pendant un moment et vous |
Jacqueline_Pelletier: | mais après euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | vous étiez quoi présidente trésorière euh secrétaire de l' APEIS |
Jacqueline_Pelletier: | j' étais secrétaire de l' APEIS j' étais secrétaire de l' APEIS |
Sonia_Branca-Rosoff: | et ça ça ne il y avait pas assez d' argent pour que ça soit un poste un vrai poste oui c' était du bénévolat |
Jacqueline_Pelletier: | ah non non non c' était l' APEIS ça ça toujours été que du bénévolat que du bénévolat voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | et conseillère aussi |
Jacqueline_Pelletier: | ah ben conseillère aussi |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh résultat c' est RMI et rien d' autre de toute façon |
Jacqueline_Pelletier: | non rien d' autre parce que bon euh mais c' est un choix hein on accepte ou on accepte pas hein bon moi quand on m' a proposé d' être conseillère municipale j' ai dit mon dieu mais je vais jamais y arriver il me dit tu vas voir Jacqueline ça va bien se passer |
Sonia_Branca-Rosoff: | et conseillère municipale vous faisiez quoi vous aviez quelle délégation |
Jacqueline_Pelletier: | alors ah j' avais une délégation extrêmement importante puisque j' étais à l' action sociale commission d' action sociale avec une adjointe |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est logique |
Jacqueline_Pelletier: | donc euh ben pareil hein puisque euh en mairie les assistantes sociales vous envoient des dossiers de gens qui sont dans une situation extrêmement difficile voire des fois on se dit mais comment on va faire ce qu' on va donner ça va boucher quoi un petit trou de rien du tout hein donc ben voilà ça continué donc j' avais cette délégation là j' avais la délégation quelque chose de très très intéressant qu' on connaît pas beaucoup c' est les commissions de sécurité |
Sonia_Branca-Rosoff: | pour les écoles pour les bâtiments publics |
Jacqueline_Pelletier: | alors pour les écoles pour les bâtiments publics pour les hôtels euh pour les grands magasins euh Carrefour il y a des commissions de sécurité par exemple quand euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | pour les |
Jacqueline_Pelletier: | hôtels euh à Ivry-sur-Seine il y a comment le Forum de l' emploi au Robespierre il y a une commission de sécurité qui passe pour voir si tout est donc ça été quelque chose euh d' enrichissant |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui oui |
Jacqueline_Pelletier: | euh formidable hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | le paradoxe hein parce que vous avez plein de compétences du coup vous êtes une une gestionnaire ultra-compétente et ça n' a jamais été reconnu |
Jacqueline_Pelletier: | comme alors |
Sonia_Branca-Rosoff: | non qualification professionnelle |
Jacqueline_Pelletier: | non parce que à l' époque je suis quelqu' un je vous parle maintenant comme ça mais je suis extrêmement timide et je ne sais pas me vendre à je vous promets alors ça c' est un truc que je suis incapable de faire là c' est parce que je vous parle de mon vécu autrement euh je suis incapable de me vendre j' ai été aussi euh titulaire au groupe scolaire Makarenko maternelle et primaire |
Sonia_Branca-Rosoff: | titulaire |
Jacqueline_Pelletier: | euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | en les les parents d' élèves |
Jacqueline_Pelletier: | voilà non non non titulaire comme conseillère municipale |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah chaque conseiller municipal suit plus précisé d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | plus ou moins euh un groupe enfin soit une maternelle soit une élémentaire soit des collèges et donc moi j' étais là donc vous voyez il y a eu ça aussi euh j' ai sui-~ je faisais aussi alors ça c' est pareil c' est un enrichissement aussi je faisais aussi euh tous les mardis vous savez quand la ville passe des marchés et après il faut euh comment ouvrir les dossiers euh euh choisir ceux que l' on va euh que le maire va va prendre comme maître d' oeuvre et cetera et tout donc j' ai eu ça aussi donc vous voyez |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est ça c' était pas une responsabilité euh confiée à vous seule j' imagine qu' il y a un collectif derrière |
Jacqueline_Pelletier: | non non ah non ah non non non il y a il y a bien sûr il y a les adjoints hein tout ce que je vous dis il y avait des adjoints au-dessus de moi hein sauf au groupe scolaire Makarenko quand il y avait des conseils d' école enfin qu' il y avait des choses comme ça j' étais toute seule et ça ça été un enrichissement aussi |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui c' est passionnant vous avez euh |
Jacqueline_Pelletier: | vous voyez j' ai j' ai fait beaucoup de choses |
Sonia_Branca-Rosoff: | sept ans de gestion municipale d' une grande ville déjà euh |
Jacqueline_Pelletier: | oui et puis alors c' est c' est j' ai eu vraiment des des commissions intéressantes vraiment intéressantes ça a été un enrichissement je vous assure |
Sonia_Branca-Rosoff: | et alors euh avec en plus cette expérience qui n' est pas basée sur un quartier si je vous demandais de vous définir comme habitante d' Ivry euh vous diriez que vous êtes surtout de cette cité au début vous m' avez parlé de la cité de la ville |
Jacqueline_Pelletier: | je suis je suis de ma cité |
Sonia_Branca-Rosoff: | de la banlieue |
Jacqueline_Pelletier: | je suis de ma cité |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est d' abord |
Jacqueline_Pelletier: | je suis de ma cité euh je d' abord euh bon je serai peut-être certainement même un jour obligée de de partir |
Sonia_Branca-Rosoff: | et pourquoi donc |
Jacqueline_Pelletier: | ben parce que moi je sais pas ce que la vie me réserve hein parce que vous savez la maladie ça arrive comme ça d' un seul coup hein bon là ça va j' ai été opérée du coeur c' est ça ça s' est bien passé mais je vois avec avec mes parents j' ai eu mon papa qui est décédé de la maladie d' Alzheimer bon maman est est morte aussi dans d' atroces souffrances elle pouvait plus respirer mais mais je veux dire que ça on s' y attendait pas donc euh j' ai été obligée de mettre mes parents maison de retraite ce qui a été une j' ai eu la chance hein j' ai eu la maison de retraite pas loin |
Sonia_Branca-Rosoff: | tout le monde est très culpabilisé dans ces cas là c' est pas facile |
Jacqueline_Pelletier: | pas ah oui non mais ça c' est u ça c' est horrible c' est horrible et je vous assure que je souhaite à personne de vivre l' Alzheimer d' un de ses proches ah oui ça m' a complètement mon père ça m' a bousillée vraiment mais malgré tout j' ai bon avant je vivais dans un dans un deux pièces avec mon fils j' ai eu la possibilité d' avoir cet appartement parce que quand papa était en maison de retraite à l' époque je pouvais le prendre il venait le week-end ici et à l' époque j' avais mon fils qui avait sa chambre parce qu' avant on était que dans un petit deux-pièces lui je lui avais laissé la chambre et je dormais dans dans la salle à manger |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui donc c' est une vie de mère de famille qui n' a pas de chambre à soi |
Jacqueline_Pelletier: | ah moi j' ai jamais eu de ch-~ vraiment de chambre à moi jusqu' à maintenant voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | jusqu' à maintenant d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | et ça n' a pas duré très longtemps enfin j' ai pas profité très longtemps de ici j' en profite maintenant j' ai un appartement qui est superbe je suis trop contente sauf que mon fils a eu l' opportunité avec sa petite chérie puisque ça fait sept ans qu' ils sont ensemble de de trouver un petit studio et ils ont eu un appart-~ maintenant ils ont ils ont acheté à Ivry bien évidemment parce que lui c' est sa cité hein il faut pas lui parler d' autre chose euh ils sont partis au bout de j' avais emménagé ici on va dire au mois de mai ils ont dû partir de la maison peut-être à peine six mois |
Sonia_Branca-Rosoff: | après vous voulez dire que du coup c' est un peu menacé cet appartement ou non vous pouvez le garder |
Jacqueline_Pelletier: | ah non jamais de la vie ah oui oui oui ah vous savez ici à Ivry les on quand les les comment les personnes prennent de l' âge on leur demande pas de prendre un appartement plus petit sauf s' ils désirent |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | c' est important vous savez de rester dans ah oui oui oui oui non mais oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc ça y est c' est votre maison c' est enfin votre appartement |
Jacqueline_Pelletier: | oui oui bon comme j' ai des petits enfants et des maintenant je suis arrière grand-mère donc il y aura j' ai de quoi les coucher quoi mais voilà donc voyez c' est quand même un un parcours est-ce que pour revenir à ce que je vous disais tout à l' heure euh ce que je trouve quand même bon c' est vrai qu~ qu' on est qu' on est solidaires quand même dans dans cette cité et surtout dans ce bâtiment d' autres endroits |
Sonia_Branca-Rosoff: | là vous me parlez plus de politique finalement là vous me parlez des gens hein |
Jacqueline_Pelletier: | oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | parce que tout à l' heure vous parliez-~ de la solidarité politique le fait qu' Ivry ville de gauche |
Jacqueline_Pelletier: | ah ben oui ah oui non mais ça ah vous a soutenue |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça au niveau de la ville mais là ce que vous me racontez avec la cité c' est autre chose c' est le tissu humain |
Jacqueline_Pelletier: | c' est c' est c' est le tissu humain alors ce tissu hu-~ ce tissu humain euh bon on sait quand quelqu' un a besoin de quelque chose euh on se connaît euh quelqu' un est malade donc on va aller le voir sauf que depuis quand même depuis quelques années on va dire trois quatre ans je trouve que euh de par ce que j' entends ce que les gens me disent on va dire les anciens je trouve que cette cité qui était un un mixage de tout le monde ben malheureusement je trouve et c' est on le remarque quand même c' est que dans notre cité il y a plus ce euh je ne vais pas trouver le mot |
Sonia_Branca-Rosoff: | la population est en train de changer |
Jacqueline_Pelletier: | la population est en train de changer on on devrait continuer à mettre euh une mixité de gens aussi bien des Français que d' autres personnes or actuellement sans être je veux pas être euh je suis pas du tout raciste hein vous le comprenez bien euh on a beaucoup beaucoup d' Africains qui débarquent qui c' est pas bien ce que je dis c' est pas des |
Sonia_Branca-Rosoff: | non non mais je comprends ce que vous voulez dire |
Jacqueline_Pelletier: | voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | et c' est la il y a une nouvelle immigration ils arrivent il faut les loger et ils arrivent en masse |
Jacqueline_Pelletier: | voilà et et le problème et le problème c' est que les gens de la cité s' en rendent compte et ça commence à poser on commence à dire oui notre cité elle va devenir un ghetto c' est très difficile |
Sonia_Branca-Rosoff: | comment elle était peuplée avant alors quand vous êtes arrivée vous avez dit les gens viennent de partout c' était quel genre de population donc |
Jacqueline_Pelletier: | ben quand et ben on avait des Français on avait des des gens qui étaient Marocains Algériens euh Africains mais tout ça il y avait pas une il y avait pas plus de Français pas au détriment des autres pas plus d' Africains au détriment des autres or |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est l' équilibre qui se rompt au profit des des Africains |
Jacqueline_Pelletier: | voilà l' équi-~ je trouve que je Africains ou autres mais beaucoup hein beaucoup et là euh j' entends et ça ça me |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui oui d' accord par exemple dans votre immeuble |
Jacqueline_Pelletier: | ben dans dans mon immeuble |
Sonia_Branca-Rosoff: | vous avez vu changer la population |
Jacqueline_Pelletier: | ça ça change |
Sonia_Branca-Rosoff: | petit à petit oui |
Jacqueline_Pelletier: | mais moi ça ne me gêne absolument pas parce que voilà mais c' est v-~ c' est vrai que euh dans des par exemple en face euh euh s~ ils ont relogé que des Africains à côté là c' est pareil donc et puis alors est-ce que c' est la crise que vis~ vivent les gens actuellement dans le temps on entend beaucoup maintenant quand on est en réunion d' ailleurs ah ben oui mais de toute façon dans cette cité il y en a plein qui payent pas leur loyer alors ça c' est un truc qui me fout hors de moi hein ça c' est ça me |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui parce que les gens ne se rendent pas compte de la dureté de des conditions de vie |
Jacqueline_Pelletier: | parce que oui mais ça on l' entendait de de oui mais mais elle elle est chômeuse de toute façon elle a plein d' aides machin et tout hein ça il faut euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | à quel moment il y a justement euh du collectif dans dans la cité comment ça marche il y a un comité de locataires j' imagine ou |
Jacqueline_Pelletier: | alors alors non il y a même pas de comité de de locataires on avait c' est un exemple on avait euh on avait on faisait tous les ans hein ça ne se fait plus je veux pas dire ça c' est méchant ce que je depuis que je suis plus c' est c' est terminé bon on faisait la fête de la cité |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | la fête de la cité je vous montrerai tout à l' heure quand on sera sur le balcon se tenait là au au centre de la cité |
Sonia_Branca-Rosoff: | là où il y a les jeux d' enfants |
Jacqueline_Pelletier: | voilà donc il y avait bien sûr il y avait je sais pas qui est il y avait comment euh les écoles il y avait le Secours populaire il y avait la CNL il y avait Cap jeunes il y avait euh comment les éducateurs qui venaient enfin |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon et donc il y avait un spectacle euh des chants |
Jacqueline_Pelletier: | alors il y avait il y avait un spectacle il y avait des danses on on avait réussi à plutôt que de faire des des frites et de vendre des merguez on avait réussi à ce que les gens fassent un dîner populaire apportent chacun |
Sonia_Branca-Rosoff: | quelque chose apportent |
Jacqueline_Pelletier: | c' était génial on on avait comment un un chanteur qui venait qui nous chantait des chansons anciennes comme à la Bas~ Bastille enfin les choses comme ça euh les enfants avaient on les maquillait bon sauf que il a été dit mais c' est vrai je le reconnais je le reconnais euh les gens n' osent pas rentrer dans cette cité vous avez vu comment elle est notre cité |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh je sais pas je suis venue donc par la rue que vous m' avez indiquée hein donc la la boulangerie là l' épicerie puis je suis ren- |
Jacqueline_Pelletier: | vous avez vu par où vous êtes venue oui voilà si vous voulez donc il y a une entrée voilà il y a donc l' en~ il y a donc une entrée là il y a une entrée ici mais si vous voulez euh pour les gens rentrer dans la cité c' est comme s' ils rentraient dans ils ont peur |
Sonia_Branca-Rosoff: | elle elle a mauvaise réputation votre cité ah oui le matin là ça l' air d' un calme total |
Jacqueline_Pelletier: | je vous assure alors que dans ces alors que dans mais c' est tout le temps comme ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | hein bon c' est vrai que comme partout il y a des fois des dérapages |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais c' est c' est récent aussi la peur |
Jacqueline_Pelletier: | on l' a toujours entendu moi quand j' ai dé~ quand j' ai j' ai dit que je venais habiter ici on m' a dit ' oh la la mon dieu la cité euh Hoche ils disent plus la cité ' oh la la la cité Hoche ben |
Sonia_Branca-Rosoff: | non oui vous avez assisté dans votre vie à des incidents |
Jacqueline_Pelletier: | au non pas particulièrement |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon euh désagréables ou |
Jacqueline_Pelletier: | c' est vrai que depuis quelques temps le le problème récurrent qu' il y a dans cette cité c' est que les scooters les les quads non mais c' est pas ça le problème c' est que ils en font |
Sonia_Branca-Rosoff: | le bruit |
Jacqueline_Pelletier: | dans |
Sonia_Branca-Rosoff: | les dans les allées |
Jacqueline_Pelletier: | dans les allées alors que c' est interdit et quand les là ben c' est parce qu' il fait un peu froid mais vous verriez l' été c' est rempli de d' enfants donc euh c' est quand même dangereux donc |
Sonia_Branca-Rosoff: | et ça il n' y a pas moyen les mères ne peuvent pas euh euh les mères de famille |
Jacqueline_Pelletier: | ben vous savez euh oui non mais alors ça aussi je trouve |
Sonia_Branca-Rosoff: | hein dire ça suffit euh oui |
Jacqueline_Pelletier: | je trouve qu' il y a que je trouve que les les parents baissent un peu les bras très sincèrement |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc il y a un vrai problème d' éducation des des jeunes adolescents |
Jacqueline_Pelletier: | il y a il y a non non non très é très franchement il y a un vrai problème d' éducation hein parce que tout de même quand on voit euh dix onze heures du soir des petits bouts qui sont tout seuls en train de jouer c' est pas très normal |
Sonia_Branca-Rosoff: | est-ce que c' est parce que les parents n' ont pas assez de place pour euh dans les appartements |
Jacqueline_Pelletier: | ben non parce que attendez logiquement les parents euh qui sont relogés dans les cités comme comme la nôtre ont un appartement convenable bon bien sûr après si il y a des naissances répétées euh euh parfois il y a de la famille aussi qui vient habiter c' est mais je trouve quand même qu' il y a un au niveau de l' éducation je trouve que je géné-~ je veux pas généraliser mais il y a quand même on voit qu' il y a un certain laisser-aller tout de même tout de même |
Sonia_Branca-Rosoff: | qui ça touche donc quand même plutôt ces Africains qui arrivent non c' est général |
Jacqueline_Pelletier: | non non non ah non non non c' est général |
Sonia_Branca-Rosoff: | les gamins insupportables |
Jacqueline_Pelletier: | c' est général |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est ça peut être aussi bien euh |
Jacqueline_Pelletier: | il y a pou-~ pour être très sincère il y a peu de Français deux ju~ parce que les je veux dire que dans dans cette cité depuis quelques années il y a plus cette mixité qu' il y avait avant ce qui fait que des anciens disent ben oui ben voilà ce qu' on nous met machin et ça ça me je suis totalement révoltée parce que voilà alors bon c' est vrai que c' est peut-être pas toujours facile mais ça il faudrait quand même quelque part en tenir un peu |
Sonia_Branca-Rosoff: | compte mais vous voyez ce qui serait possible à faire est-ce que ça peut ça peut venir des habitants eux-mêmes de la cité est-ce que |
Jacqueline_Pelletier: | non non je je je pense pas que ça peut ve~ venir des ha~ des habitants je crois que |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça serait des quotas de population à respecter ça serait |
Jacqueline_Pelletier: | oui euh c' est-à-dire que oui il faudrait euh éviter de mettre dans des cités populaires que des gens qui sont en difficulté |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui il faut un équilibre entre les gens |
Jacqueline_Pelletier: | faut un équilibre hein parce que quand je vais être méchante quand je vais dire ça quand vous voyez euh la différence qu' il y a entre notre coin à nous quand vous vous dirigez vers la Porte d' Ivry c' est plus tout à fait la même chose au niveau population |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | bon voilà euh donc il gen-~ on en a déjà parlé hein en réunion la la ville il est quand même à l' écoute de tout ça mais il faut il faut reconnaître aussi que avec la pénurie de logements et et en et et et il il il faut il faut bien que ces pauvres gens euh les les leur donner un logement en sachant quand même euh que |
Sonia_Branca-Rosoff: | que faire des gens qui sont en train de s' entasser dans une chambre d' hôtel oui |
Jacqueline_Pelletier: | dans des des cités populaires on enfin attention hein je parle OP OPHLM on ne peut pas donner un appartement à des gens qui sont sans papiers voilà mais euh bon alors ce que ce que je vous dis à ce niveau là c' est surtout ce que ressentent les gens mais c' est vrai que quand on regarde on voit bien aussi hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | et du coup il y a une fuite des écoles vous qui avez travaillé a~ euh avec des écoles du coin non pas pas vraiment non pour l' instant là ça |
Jacqueline_Pelletier: | non non non pour le pour l' instant non et puis on a on a la chance aussi d' avoir le gymnase qui est jusqu' à à côté où les enfants peuvent aller faire du du sport où il y a quand même euh ce qu' on appelle Cap jeunes c' est des animateurs qui emmènent les enfants faire des promenades ou des jeux dans la cité des choses comme ça c' est quand même bien puis je sais pas si euh euh dans cette cité euh arrêtez-le je vais vous montrer par la fenêtre on va reprendre |
Sonia_Branca-Rosoff: | je suis bête j' ai oublié de le remettre en marche mais ça fait rien non ouf comme vous voulez comme vous voulez mais ça va gardons la le naturel de la conversation |
Jacqueline_Pelletier: | on recommence je sais pas bon donc ça é-~ euh et ben quand il y avait quand on faisait ce repas populaire on avait toutes |
Sonia_Branca-Rosoff: | les toutes les cuisines du monde c' est surtout la cuisine au fond le premier élément c' est la cuisine |
Jacqueline_Pelletier: | toutes les cuisines ouais la cuisine et les et les chants quand même |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | et les chants quand même |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh mais pour autant vous n' avez pas euh eu l' occasion ni d' apprendre d' autres langues ou d' aller un petit peu plus loin non dans |
Jacqueline_Pelletier: | le non non alors non parce que non non j' aurais non j' ai j' ai pas le manque de temps aussi hein parce que c' est vrai que le temps t~ tout ce parcours de de militantisme après ce parcours de euh en mairie fallait que je m' occupe de mes parents qui étaient en maison de retraite donc c' était euh en fait j' étais je voyais les gens |
Sonia_Branca-Rosoff: | et alors vos enfants euh ils ont des amis donc de toutes les nationalités ou alors de toutes les origines ou au bout d' un moment malgré tout on se retrouve plutôt entre Européens d' origine comment ça s' est passé comment vous diriez puisque les trois ont vécu quand même cette vie |
Jacqueline_Pelletier: | oui euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | dans des endroits très mélangés |
Jacqueline_Pelletier: | ben c' est-à-dire que des amis bon c' est vrai que que comment euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | je peux |
Jacqueline_Pelletier: | allez-y ah oui oui oui c' est vrai que bon ben j' ai enfin j' ai mes fils qui effectivement ont des des amis euh un peu de toutes origines |
Sonia_Branca-Rosoff: | un petit peu le le micro |
Jacqueline_Pelletier: | euh bon ma fille elle a des a des amis amis mais comment vous expliquer par exemple Nathalie elle euh elle reçoit pas chez elle hein euh bon on est très famille on se voit mais elle reçoit pas par par contre à l' extérieur euh il y a au-~ il y a aucun souci |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est plutôt des amitiés à l' extérieur |
Jacqueline_Pelletier: | plutôt des amitiés à l' extérieur |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais il y aura pas plus de gens d' origine française |
Jacqueline_Pelletier: | non il y a non non il y a non non c' est c' est vrai je euh je je vous prie de m' excuser mais je peux |
Sonia_Branca-Rosoff: | plus euh c' est ça vous vivez en famille mais je vous en prie vous avez une voix de fumeuse d' ailleurs |
Jacqueline_Pelletier: | c' est vrai |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est joli les voix de fumeurs ça fait des voix un peu graves mais je me suis dit que vous auriez envie de fumer à un moment donnné |
Jacqueline_Pelletier: | là je suis obligée là je vais ouvrir |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais ne ça ne me dérange pas hein vraiment ne vous inquiétez |
Jacqueline_Pelletier: | pas c' est sûr bon donc euh donc voilà euh et c' est vrai que moi j' ai jamais eu l' habitude et ça je pense que ça vient à l' époque du chômage et du manque de euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' espace aussi vous aviez un manque d' espace |
Jacqueline_Pelletier: | d' espace euh de de d' argent pour recevoir des voisins pas pas leur montrer qu' on est en qu' il manque ceci qu' il manque cela et puis j' ai eu quand même une éducation ou moi j' avais mes parents ils recevaient personne chez eux à part la famille voilà moi par exemple j' ai reçu des amies des des copines chez moi et ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est on se voit où on se voit au café |
Jacqueline_Pelletier: | ou on |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah non se voit dans le hall de l' immeuble |
Jacqueline_Pelletier: | on se voit dans la cité |
Sonia_Branca-Rosoff: | dans la cité on s' arrête on bavarde |
Jacqueline_Pelletier: | ah la la on passe des des heures si je vais pas dire que si j' ai par exemple ma voisine A~ Annie qui vient me voir j' ai Agnès qui vient enfin j' en ai plein qui viennent me boire un café avec moi mais je veux dire on a pas euh moi je n' ai pas eu cette éducation de dire vous venez manger à la maison |
Sonia_Branca-Rosoff: | et les pas plus les gens qui arrivent vos vos voisins tunisiens marocains c' est pareil hein donc |
Jacqueline_Pelletier: | non non |
Sonia_Branca-Rosoff: | non euh simplement c' est pas lié à l' origine c' est simplement lié aux façons de vivre |
Jacqueline_Pelletier: | non voilà aux façons de vivre voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | de toute façon je crois que c' est assez récent hein l' idée que les gens se reçoivent |
Jacqueline_Pelletier: | oui oui oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est ça passe beaucoup par les enfants |
Jacqueline_Pelletier: | moi je sais que enfin moi j' ai eu enfin de toute gamine les seules fêtes qu' on faisait c' étaient les fêtes en famille ah ça on en faisait hein tout était bon hein tout était |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon euh les nouvelles fêtes vous y participez |
Jacqueline_Pelletier: | qu' est-ce que vous appelez les nouvelles fêtes |
Sonia_Branca-Rosoff: | alors à Paris il y a ces fêtes de voisins qui correspond donc aux fêtes de cités euh fêtes d' immeubles |
Jacqueline_Pelletier: | ah on avait on avait essayé euh mais ça n' a pas continué parce que c' est alors c' est toujours pareil quand vous savez quand il faut préparer la fête d' Ivry qu' il faut p-~ moi j' étais complètement débordée donc on avait parlé qu' un jour il fallait faire justement des fêtes de voisinage hein à bon et puis euh bon ça ça n' |
Sonia_Branca-Rosoff: | a ça c' est pas fait |
Jacqueline_Pelletier: | c' est dommage parce que ça ça serait super bien par contre c' est vrai qu' à une époque aussi bon moi j' avais dit ben la on fête la galette voilà donc euh et ben on se retrouvait euh au gymnase puisqu' il fais~ fait froid cette époque là |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est une autre façon pour faire des liens |
Jacqueline_Pelletier: | et on on avait réussi avec la municipalité de se faire livrer des gra~ des galettes le champagne et et on se retrouvait les enfants faisaient des dessins on faisait un concours de dessins truc de voilà c' est des petites choses comme ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est très important ça crée des liens entre les gens oui |
Jacqueline_Pelletier: | mais c' est très très important |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh et sinon qu' est-ce qu' il y a alors ça pris chez vous Halloween comme fête d' enfants |
Jacqueline_Pelletier: | alors comme fête d' enfants euh je sais qu' au gymnase ils ils font ils fêtent Halloween et alors on a les enfants de la cité bien évidemment alors bien sûr on se munit hein de de gâteaux de bonbons et tout parce que tac tac tac tac et voilà alors là ils passent alors il y en a qui sont déguisés il y en a qui sont pas déguisés mais peu importe ceux qui sont déguisés c' est parce qu' ils |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc ça ça prend ça prend fait ça un petit peu pas de Carnaval en revanche |
Jacqueline_Pelletier: | tout le monde un petit peu non et c' est trop dommage parce que pendant on avait euh son nom m' échappe une directrice d' école que j' ai beaucoup regrettée qui qui est partie et qui elle justement faisait carnaval c' était sensationnel parce que les enfants défilaient tout autour de la cité et nous on les suivait c' était génial et puis |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon bon ça dépend tout ça de l' énergie euh il faut quelqu' un pour organiser |
Jacqueline_Pelletier: | voilà il faut quelqu' un pour euh pour lancer |
Sonia_Branca-Rosoff: | la fête de la Musique ça marche à Ivry |
Jacqueline_Pelletier: | ça dans certains |
Sonia_Branca-Rosoff: | quartiers mais pas spécialement la cité justement vous avez parlé de toutes les musiques |
Jacqueline_Pelletier: | non ils ont é-~ ils ont ils ont essayé ils ont essayé mais ça n' a les gens ne comme par exemple euh le théâtre les choses comme ça ça vient hein on a on a qu-~ ah oui on a dans la cité quand même une association de d' aide aux devoirs qui s' appelle Kinkiliha sensationnelle |
Sonia_Branca-Rosoff: | pourquoi Kinkiliha |
Jacqueline_Pelletier: | je me souviens |
Sonia_Branca-Rosoff: | plus c' est c' est un mot |
Jacqueline_Pelletier: | Kinkiliha je ne me souviens plus je sais qu' il y a une raison à l' époque puisqu' ils m' avaient demandé d' intervenir tout au début de mon mandat pour qu' ils aient un local je ils me l' ont dit mais bon je je ne sais |
Sonia_Branca-Rosoff: | plus et alors l' aide aux devoirs qui s' en occupe qui est-ce |
Jacqueline_Pelletier: | qui des habitants des habitants voilà donc les enfants euh après l' école vont à l' aide aux devoirs et alors bon c' est vrai que euh il y a comment euh un représentant de la CNL qui les fabuleux avec les momes il faut le reconnnaître les enfants l' appellent papy euh et puis les autres d' autres personnes qui vont et et voilà alors eux |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est pour les plus petits plutôt ou ça continue au collège non parce qu' au collège pourquoi ça marche pas arrivés au collège parce que c' est le moment où les enfants s' écroulent hein d' habitude |
Jacqueline_Pelletier: | ben de toute non ça continue pas au collège c' est plus oui oui mais je |
Sonia_Branca-Rosoff: | vous savez pas est-ce que c' est les gamins qui sont moins ah crise d' adolescence et pénibles et donc ils n' ont plus envie |
Jacqueline_Pelletier: | je pense que quand ils sortent du collège oui voilà voilà c' est là d' ailleurs que ça commence |
Sonia_Branca-Rosoff: | à oui |
Jacqueline_Pelletier: | à partir un petit peu hein mais le collège je sais pas ap~ après euh faut faut aussi quand euh pour recevoir des enfants qui sont au collège avoir un certain niveau si tu veux hein je je je connais pas le niveau des personnes qui s' occupent de l' aide aux devoirs mais je sais que moi personnellement j' en serais incapable je le dis très franchement |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui d' accord mais c' est et vous vous avez vous avez aidé à l' à l' aide aux devoirs vous êtes intervenue |
Jacqueline_Pelletier: | non non j' ai non non j' y suis pas allée trop prise vraiment vraiment trop prise ils m' ont sollicitée mais non j' y suis pas allée |
Sonia_Branca-Rosoff: | et alors les fêtes donc il doit y avoir des gens de culture musulmane |
Jacqueline_Pelletier: | oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | peut-être des juifs et des Arméniens des catholiques |
Jacqueline_Pelletier: | on n' entend pas parler on les connaît |
Sonia_Branca-Rosoff: | il y a encore une tradition politique qui est plus forte que le retour au religieux vous diriez |
Jacqueline_Pelletier: | non non non non non non pas du tout non je pense pas mais oui ils se font euh enfin discrets on va dire ça comme ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | la culture musulmane aussi vous n' avez pas de problème de filles ostens~ enfin hyper voilées euh |
Jacqueline_Pelletier: | pas dans la cité |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas dans la cité |
Jacqueline_Pelletier: | pas dans la cité on a eu pendant un moment euh une petite effectivement qui euh d' un seul coup euh voilà s' est voilée mais alors euh la burka hein carrément et bon on a quand même alerté parce que elle entraînait des |
Sonia_Branca-Rosoff: | ouais des copines des jeunes |
Jacqueline_Pelletier: | des jeunes des jeunes et sa maman qui à l' époque euh travaillait en mairie a quitté son travail et s' est retrouvée complètement euh mais ça été une ça pas duré très longtemps hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | bon donc ils sont toujours là mais elle a lâché son voile |
Jacqueline_Pelletier: | ah ben ah oui oui oui complètement elle a des enfants maintenant euh c' est c' est extraordinaire bon elle a elle a elle a dû euh je vais pas être méchante en disant qu' elle est qu' elle a dû quelque part disjoncter parce que bon elle a quand même euh essayé d' égorger son son ami hein donc ça été quand même très loin et à la suite de de ben d' un donc elle a été hospitalisée après tout a changé |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord mais personne a su si c' était l' ami qui essayait de la la contraindre |
Jacqueline_Pelletier: | voilà pas du tout vous voulez |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas si euh non non merci |
Jacqueline_Pelletier: | non |
Sonia_Branca-Rosoff: | non le café c' était parfait |
Jacqueline_Pelletier: | non non on sait |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas et vous n' avez pas eu l' occasion d' en parler |
Jacqueline_Pelletier: | on sait |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas ça serait trop lourd peut-être de revenir sur cet épisode oui |
Jacqueline_Pelletier: | non ben c' est oui oui oui ça serait oui je crois je pense que ça serait trop lourd quand même de revenir revenir là-dessus |
Sonia_Branca-Rosoff: | alors pour une part donc il y a cette immigration qui arrive puis pour une autre part Ivry elle est en train de se je sais pas moi je dis boboïser dans mon jargon |
Jacqueline_Pelletier: | oui elle se boboïse beaucoup à certains endroits euh ça me prend la tête non très sérieusement ça me prend la tête ça me prend la tête parce que on |
Sonia_Branca-Rosoff: | est expliquez parce que vous êtes aussi une Parisienne hein |
Jacqueline_Pelletier: | oui oui non mais on est regardés d' une autre manière et on le sent |
Sonia_Branca-Rosoff: | que voulez-vous dire |
Jacqueline_Pelletier: | et ben je veux dire que les personnes qui enfin les bobos ben on a l' impression que vivant dans dans une cité populaire on est montrés du doigt moi je le ressens |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah mais euh vous vous croisez comment à quelle occasion |
Jacqueline_Pelletier: | ils nous parlent |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas vous allez dans les mêmes commerces par exemple |
Jacqueline_Pelletier: | ah on va dans les mêmes commerces mais c' est on nous connaît pas et puis on nous regarde un petit peu de côté et une fois de plus on ne les voit jamais quand il y a des fêtes à l' époque où il y avait les fêtes dans la cité ils venaient c' est et ils ont d' ailleurs c' est ils ont réussi entre guillemets puisque la fête ne se fait plus dans la cité elle se fait plus du côté de la porte d' Ivry et on le voit très bien euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | quand et alors dans cette fête justement il y a les deux groupes qui coexistent il y a des gens de la cité qui y vont puis il y a les nouveaux arrivants |
Jacqueline_Pelletier: | ben ben c' est c' est c' est c' est-à-dire que euh les gens de la cité une certaine population de la cité ressentait tellement ça qu' ils évitent d' al~ d' y aller parce que quand on tient stand puis qu' on dit ah ne touche pas ça ben oui bien sûr c' en est encore un de PMC |
Sonia_Branca-Rosoff: | ah vous avez entendu |
Jacqueline_Pelletier: | ah ben j' ai pas entendu ah ben j' ai j' ai plus qu' entendu et que j' ai je suis montée sur mes grands chevaux ah oui non mais très sér-~ je |
Sonia_Branca-Rosoff: | pendant ça c' est un épisode dont vous vous souvenez pendant une fête une dame un monsieur |
Jacqueline_Pelletier: | ah oui ben oui tout à fait oui oui oui oui ah non mais oui oui oui mais |
Sonia_Branca-Rosoff: | tout à fait alors donc vous avez protesté et et la personne s' est excusée quand même |
Jacqueline_Pelletier: | ah ben je oui mais oui non mais vous voyez pas comment ils se comportent et ben oui ils se comportent ils ils sont c' est c' est des enfants ils sont vivants voilà et puis en plus euh quand on leur sort ça aux enfants s' ils sont tout petits ça va mais s' ils sont douze ans ben qu' est-ce qu' ils font ils se rebiffent |
Sonia_Branca-Rosoff: | bien sûr |
Jacqueline_Pelletier: | ce qui est tout à fait logique hein ben qu' est-ce qu' ils vont dire une connerie nique ta mère ou le machin le langage qu' on trouve parfois dans les cités mais c' est normal qu' ils agissent comme ça qu' ils se rebiffent quand on les montre du doigt |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc ça se passe mal avec eux |
Jacqueline_Pelletier: | pas très bien je vais pas dire que j' ai je veux pas généraliser |
Sonia_Branca-Rosoff: | et la ville change vite |
Jacqueline_Pelletier: | je vais pas di-~ mm voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | au fond vous êtes v-~ d' un côté elle se paupérise et de l' autre côté elle se elle s' embourgeoise |
Jacqueline_Pelletier: | on va dire que ce que je trouve si on continue comme ça on va avoir d' un côté ceux qui sont embourgeoisés et ben de l' autre les autres |
Sonia_Branca-Rosoff: | quoi et ça c' est lié aux emplois si les usines ferment |
Jacqueline_Pelletier: | c' est oui et puis bon quand même vous vous rendez compte quand même Ivry c' est c' est quand même une ville qui a augmenté énormément sa population qui a construit beaucoup c' est proche de Paris il y a des gens qui étaient sur Paris qui viennent sur Ivry |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui je connais des gens qui ne pouvaient pas acheter sur Paris qui sont venus acheter à Ivry |
Jacqueline_Pelletier: | d' accord voilà et ces gens qui peuvent acheter enfin ils sont pas souvent dans une grande précarité |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | on est bien d' accord et et ces gens qui arrivent de Paris ne sont pas habitués aux gens qui vivent à Ivry c'~ donc c' est quand même encore assez difficile ce vous voyez |
Sonia_Branca-Rosoff: | bien sûr |
Jacqueline_Pelletier: | hein il y a des trucs qui sont qui sont tout cons que moi je enfin j' ai dit mais quand par exemple vous voyez les illuminations au moment de Noël hein je me suis un peu battue hein pour ça j' ai dit attendez euh euh faut faut illuminer un peu telle rue telle rue telle rue euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | par exemple votre cité n' avait pas droit à des illumina |
Jacqueline_Pelletier: | la la cité si si la cité a toujours eu des petites choses mais certaines illuminations s' arrêtaient dans le grand boulevard Maurice Thorez je dis attendez euh quand vous prenez la rue Pierre-Curie vous prenez la rue Jean-le-Galleux là aussi il y a des commerçants bon ils m' ont interpellée au moment où je suis passée conseillère municipale bon dis donc Jacqueline pourquoi nous on a pas des j' ai dit vous me gavez hein donc le bon c' est vrai et en r-~ en fin de compte ils avaient entièrement raison quand on voyait comment sont les illuminations à la porte d' Ivry pourquoi on peut partager c' est ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc il y a quand même cette idée qu' il y a des quartiers mal aimés un peu relégués c' est qu' il faut défendre |
Jacqueline_Pelletier: | quoi voilà se c' est une bataille c' est une bataille et c' est vrai ça je reconnais le maire se bat pour ça moi je suis bon voilà la municipalité gardons notre mu-~ municipalité comme elle est ça un peu évolué hein mais quand même hein on a on a quand même cette chance là |
Sonia_Branca-Rosoff: | pour l' instant les habitants sont plutôt derrière j' ai l' impression |
Jacqueline_Pelletier: | j' espère qu' ils vont toujours l' être j' espère |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc vous savez pas trop là aussi où ça va |
Jacqueline_Pelletier: | quoi ben il y a quand même il y a quand même au niveau politique il y a quand même un certain mélange maintenant donc euh moi je veux bien croire |
Sonia_Branca-Rosoff: | en tout donc vous avez des écologistes par exemple |
Jacqueline_Pelletier: | mais bon moi je vais être je vais être très mauvaise hein après tout j' en ai rien à faire |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | hein moi quand je vois que dans cette cité hein euh euh Force ouvrière nous nous débinait et j' étais obligée de me battre pas pas de les foutre dehors mais pratiquement et puis et puis bon me battre pour dire attendez euh vous êtes là que pour critiquer ceci celà mais venez quand il y a eu la réhabilitation venez faites tous les tous les bâtiments allez voir tous les locataires pour savoir ce qui va pas et tout parce que ça aussi hein a fallu le faire |
Sonia_Branca-Rosoff: | eux ils arrivent |
Jacqueline_Pelletier: | après ouais vas-y euh tu arrives tu es là que pour critiquer mais t-~ tu sais pas ce qui se passe tu sais pas si on a pas mis en place quelque chose pour que les gens viennent se plaindre et qu' on puisse hein bon alors voilà quoi donc moi je veux bien qu' on il arrive un moment je veux bien moi si on veut faire ami ami mais je suis un peu sceptique hein pour le moment on verra après hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais les mouvements qui montent nouveaux les partis qui montent c' est quoi parce que derrière derrière le changement de population je pensais aux écologistes de Montreuil hein |
Jacqueline_Pelletier: | oui oui bien sûr ben ben ben oui il y a les écologistes bon il y a les soc-~ |
Sonia_Branca-Rosoff: | qui les soc |
Jacqueline_Pelletier: | les socialistes ah pardon |
Sonia_Branca-Rosoff: | non c' est moi c' est d' accord il y a des socialistes oui les so~ les socialistes bon il y a il y a le Nouveau Parti Anticapitaliste aussi mais bon ça va enfin on on arrive quand même on tient quand même le terrain nous ici à à Pierre et Marie Curie hein apparemment il y a encore des militants vous en faites partie ça se joue là-dessus n' est-ce |
Jacqueline_Pelletier: | pas ah ben il y a oui ben |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est hein |
Jacqueline_Pelletier: | il y a que ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | est-ce qu' il y a des militants est-ce qu' il y a pas de militants |
Jacqueline_Pelletier: | mais faut quand même faut quand même se dire que les militants moi ce que je regrette beaucoup c' est puis puis puis j' en ai un peu ras la casquette aussi c' est que quand on fait des quand on fait des tables on distribue des ta~ des tracts c' est toujours les mêmes hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | alors vos enfants vous leur avez passé euh la fièvre militante |
Jacqueline_Pelletier: | ah ben oui |
Sonia_Branca-Rosoff: | ils sont prêts à tenir des tables ou |
Jacqueline_Pelletier: | non non non non ils sont communistes mais euh je crois qu' ils en ont trop bavé justement de mon militantisme |
Sonia_Branca-Rosoff: | qu' il y a il y a cette crise hein quand même on voit bien ça ne passe pas les générations il y a une vieille génération militante et puis ça se renouvelle difficilement quand même |
Jacqueline_Pelletier: | mais oui ben c' est à-dire que bon moi j' ai quand même quand même entendu mes mômes dire mais écoute il y a que ton parti qui compte c' est pas ce qu' ils voulaient dire mais c' est vrai que bon moi il s' est trouvé que des fois mon mon petit dernier je le laisse en disant bon tu ouvres à personne je vais en réunion hein euh pas pas pas pas quand j' étais conseillère municipale parce que là il avait bien grandi |
Sonia_Branca-Rosoff: | et ça il vous l' a reproché |
Jacqueline_Pelletier: | il me l' a pas reproché mais je me rends compte maintenant je me rends compte et c' est pour ça que maintenant je lève le pied parce j' ai j' ai dit quand même je les ai souvent laissés euh quand je tenais l' APEIS que mes parents étaient par exemple en maison de retraite j' ai jamais été au au banquet avec eux parce que ça tombait le jour de la rencontre des droits sociaux et que j' avais mon stand APEIS j' y allais après mais le jour même j' ai quand même délaissé ça qui était quand même alors vous savez malgré tout quand on prend de l' âge on repense à tout ça et j' ai dit quand même ils t' ont rien dit mais quand tu allais aux manifestations que tu les laissais mais il y a quand même tout ça hein quand qui revient et on se dit nom d' un chien alors c' est pour ça je dis maintenant la famille avant |
Sonia_Branca-Rosoff: | parce qu' il y a les petits enfants aussi qui arrivent donc vous ne voulez pas rater |
Jacqueline_Pelletier: | les voilà ben non et puis et puis oui et puis après il faut se dire bon faut |
Sonia_Branca-Rosoff: | cette relation là |
Jacqueline_Pelletier: | peut-être quand même que je sois un peu plus proche d' eux maintenant euh j' avance dans l' âge ai eu ce ce coup de problème au coeur |
Sonia_Branca-Rosoff: | je sais plus où on en était en fait au moment où ah oui vous parliez de l' aide aux devoirs euh à ce moment-là je crois |
Jacqueline_Pelletier: | je sais |
Sonia_Branca-Rosoff: | plus j' ai oublié mais justement moi j' avais des questions sur l' école quand vous avez vos enfants étaient scolarisés |
Jacqueline_Pelletier: | oui moi mes enfants ont été scolarisés ben ici euh euh à la maternelle et à l' élémentaire Makarenko donc ça s' est bien passé |
Sonia_Branca-Rosoff: | bien passé |
Jacqueline_Pelletier: | hein et ensuite ben ils été au collège Wallon et et ça s' est bien passé aussi |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais pas non plus si bien que ça puisqu' il y en a un qui a voulu tout arrêter |
Jacqueline_Pelletier: | toux al~ enfin il y il y a que Patrick hein parce que les autres étaient on était pas sur Ivry hein avec les autres les autres étaient grands hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | déjà ma-~ enfin mariés enfin bref ils étaient déjà plus avec moi mais on se voyait |
Sonia_Branca-Rosoff: | ceux-là ont fait des études poussées |
Jacqueline_Pelletier: | non mes enfants n' ont jamais voulu faire d' études |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui et vous savez pourquoi parce qu' ils vous voyaient en difficulté que euh ils se disaient qu' il fallait travailler vite ou parce que ou parce que quelque chose n' allait pas dans le rapport |
Jacqueline_Pelletier: | peut-être peut-être non ça les ça leur ça leur plaisait pas ça leur plaisait |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas mais vous ne savez pas |
Jacqueline_Pelletier: | pourquoi non l' école ils voulaient travailler tout de suite en fait alors certainement que ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | un c' est pas parce que ça ne marchait |
Jacqueline_Pelletier: | pas écoutez je je pense que ça une cause à effet hein quand même hein hein euh de vouloir euh travailler tout de suite |
Sonia_Branca-Rosoff: | mais vous n' avez pas vu à quel moment ça se passait pas si bien que ça l' école et si les enseignants euh |
Jacqueline_Pelletier: | moi j' ai toujours eu je parle pour euh pour mon dernier j' ai toujours eu d' excellents rapports avec les les enseignants j' ai j' ai toujours été voir les les nouvelles maîtresses j' ai toujours été voir les profs quand il y avait quelque chose on me le marquait klt le lendemain matin hein j' étais en bas j' ai toujours suivi mes enfants donc |
Sonia_Branca-Rosoff: | donc il n' y avait ils avaient ou ils n' avaient pas de problèmes de discipline aucun donc c' était pas ça hein mais ça les ennuyait |
Jacqueline_Pelletier: | av- aucun problème de aucun problème de discipline c' est que ça les in-~ ça ça les ennuyait on me disait toujours ils ont plein de capacités mais voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | et vous n' avez pas vu ce qui se passait mais peut-être que pour vous aussi c' était pas si important qu' ils continuent |
Jacqueline_Pelletier: | effectivement pour moi c' était pas euh à l' époque euh important de d' abord ils me l' ont dit assez tôt hein qu' ils voulaient pas faire de de longues études et peut-être aussi |
Sonia_Branca-Rosoff: | de longues études |
Jacqueline_Pelletier: | que c' est parce que moi j' ai pas fait de longues études que après tout euh voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui on s' en tire très bien dans la vie |
Jacqueline_Pelletier: | sans on s' en tire très bien et c' est vrai que |
Sonia_Branca-Rosoff: | et et c' est comme ça que ça s' est passé et c' est comme ça que ça s' est passé pour les trois d' accord donc au fond l' école a passé |
Jacqueline_Pelletier: | sans pour les trois sans aucun problème |
Sonia_Branca-Rosoff: | sans problème et sans investissement très fort |
Jacqueline_Pelletier: | non voilà et pourtant bon moi je regardais hein euh ils arrivaient j' ouvr-~ enfin pour Patrick il arrivait j' ouvrais le cartable je prenais le cahier de correspondance les devoirs machin et tout euh mais bon voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | euh et alors lui il y a a fait partie d' une com-~ comment ça s' est passé à l' adolescence d' une bande de copains qui qui étaient dehors ou non |
Jacqueline_Pelletier: | pas du tout non non alors Patrick il a toujours fait du sport moi je lui ai toujours fait faire du sport |
Sonia_Branca-Rosoff: | qu' est-ce qu' il fait comme sport |
Jacqueline_Pelletier: | alors il a fait euh il a commencé par le judo ensuite il s' est je lui ai fait faire du foot il a été recruté par une équipe d' Alfortville l' UJA et après il faisait des compétitions il a été en Hollande et cetera et tout donc en fait |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça prenait tout son temps |
Jacqueline_Pelletier: | ça prenait son temps donc le soir il avait des entraînements le week-end il allait il était toujours en en compétitions il avait plein de copains dans la cité c' est vrai euh il faisait du vélo il allait jouer avec eux au foot il savait à quelle heure il devait rentrer si mon fils je lui disais six heures et qu' à six heures dix il était pas là on voyait la Pelletier débouler et on disait Patrick il y a ta mère |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | donc ça toujours été comme ça ah c' est vrai que ça pas été facile hein parce que quand il voyait ses copains sortir à neuf heures je lui disais hors de question tu as rien à foutre dehors à neuf heures du soir oui mais après c' est un choix hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | et il a su ça pas facile mais il s' est laissé faire |
Jacqueline_Pelletier: | ben il avait ben il avait pas le choix hein il claquait les portes hein des fois il tapait du poing sur les murs j' ai dit tu veux que moi hein mais je ne cédais pas donc euh donc euh il y a pas le choix hein mais par contre euh bon il y avait des réunions de famille il y avait son sport il avait les vacances à l' époque j' avais mes parents ah non je parle pas de Patrick c' est pas vrai Patrick ça s' est pas passé comme ça mais pour mes premiers mes parents les emmenaient un mois en vacances et moi ils avaient un mois euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | avec la colonie donc il a eu une enfance heureuse hein |
Jacqueline_Pelletier: | voilà pour les premiers aussi voilà donc euh et puis alors nous euh avec ma fille et puis avec mon mon fils enfin mes deux plus âgés alors euh tous les week-ends quand Patrick sauf quand Patrick faisait des compétitions moi j' allais quand même avec eux je le récupérais mais il y avait toujours quand même c' était pas tous les week-ends complets hein les compétitions c' étaient Vincennes Torcy Draveil |
Sonia_Branca-Rosoff: | Draveil c' est quoi ça |
Jacqueline_Pelletier: | Por-Port aux cerises |
Sonia_Branca-Rosoff: | il y a des cerises |
Jacqueline_Pelletier: | ah ben alors moi j' ai connu on a connu tout tous ces endroits tout à fait au début où ça commençait à se développer c' est-à-dire on a vu l' embellissement euh on allait euh comment euh à Choisy hein à l' époque on allait à Choisy c' était que de la broussaille machin et tout et les enfants aimaient beaucoup pêcher donc on se baladait avec euh non mais je vous dis je vous dis pas on revenait euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | ben au fond vous me dites que vous avez été très militante mais vous n' a~ vous avez quand même fait |
Jacqueline_Pelletier: | ah oui ben il fallait il fallait aussi hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | des choses avec eux hein d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | mais et c' est vrai que quand on nous voyait revenir dans la cité où c' est que vous avez encore été vous êtes crades et tout on revient de de Fontainebleau ou on voilà mais |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est tout le monde a pas cette habitude de grandes balades beaucoup restent dans la cité |
Jacqueline_Pelletier: | mais oui ben voilà c' est ça le problème mais bon euh c' est que nous à l' époque on a~ enfin moi je sais qu' à l' époque ma fille n' avait pas de voiture mais on se tapait Ivry Vincennes à pied hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | ça fait combien de |
Jacqueline_Pelletier: | kilomètres ça fait pas mal avec poussettes le barda pour pickniquer et tout on se tapait Choisy à pied euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | ah oui mais voilà hein quand on est seule avec des mômes parce que ma fille élevait ses enfants toute seule aussi et ben je peux vous dire que il y a pas le choix hein si on veut leur faire faire des choses et pas les faire rester euh là |
Sonia_Branca-Rosoff: | en tout cas votre fils euh donc pas de la bande du foot et pas la bande il il s' est rêvé professionnel pendant un moment non il savait que c' était euh ben il il av- le le problème c' est que ayant quitté l' école en troi-de à la troisième il a travaillé tout de suite non tout de suite je peux dire que il a bon il a peut-être mis euh une semaine mais il a été tout de suite embauché au Mac Do sa première paie il est arrivé bon maman je t' invite au restaurant et il savait que il devait participer tous mes enfants ont participé quand ils ont commencé à travailler vous me donnez tant par mois ah ça c' est p~ enfin moi c' est comme ça que je conçois la vie moi mes parents me l' ont fait quand j' étais jeune faut leur donner la valeur de l' argent et que tout euh non tu vas pas garder ta paie pour t' acheter des conneries bien sûr |
Jacqueline_Pelletier: | tu as du mal à la gagner ça sert à ça le restant tu en fais ce que tu veux |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord euh |
Jacqueline_Pelletier: | euh |
Sonia_Branca-Rosoff: | si vous deviez caractériser le l' esprit dont vous dites je crains qu' il se perde de d' Ivry qu' est-ce que c' était un vrai habitant d' Ivry enfin c' est un peu naïf ma question vous diriez ça comment d' Ivry ou du quartier que vous habitez je sais pas s' il y a Ivry en général |
Jacqueline_Pelletier: | ben je crois que c' étaient des battants dans le vraiment des battants c' est-à-dire que euh quand il y avait une injustice ils étaient là voilà ils se laissaient pas faire |
Sonia_Branca-Rosoff: | collectivement |
Jacqueline_Pelletier: | collectivement |
Sonia_Branca-Rosoff: | et maintenant c' est plus individuel |
Jacqueline_Pelletier: | et je et les gens sont devenus individuels c' est-à-dire que moi j' ai ça qui va pas je vais par exemple aller à l' APEIS pour qu' on me règle mon problème et si il y en a un autre derrière qui arrive et quand on demande de venir pour faire des réunions expliquer les choses il y a plus personne voilà |
Sonia_Branca-Rosoff: | il y a plus personne |
Jacqueline_Pelletier: | et c' est ça qui je trouve que les gens maintenant euh sont comme vous l' avez dit sont individuels c' est-à-dire que ils en ils en ont tellement sur les épaules |
Sonia_Branca-Rosoff: | la vie est plus dure |
Jacqueline_Pelletier: | la vie est beaucoup plus dure |
Sonia_Branca-Rosoff: | malgré l' amélioration matérielle c' est plus dur |
Jacqueline_Pelletier: | la vie est beaucoup plus dure |
Sonia_Branca-Rosoff: | ouais qu' est-ce qui est plus dur |
Jacqueline_Pelletier: | la vie est beaucoup plus dure euh attendez |
Sonia_Branca-Rosoff: | vous m' avez parlé d' une vie sans toilettes sans oui oui oui |
Jacqueline_Pelletier: | euh le coût le le coût le cou-~ oui non mais le coût de la vie ça c' est pas dur de pas avoir de toilettes enfin moi ça m' a pas semblé dur du tout hein hein mais le coût de la vie quand même quand j' entends et c' est c' est dire qu' il faut manger autant de légumes et machin et tout mais attendez quand quand il y a quel-~ il y a quelqu' un qui touche trois cent cinquante à quatre cent cinquante euros par mois comment vous voulez qui qu' il se p-~ qu' il se permette et la vie est beaucoup plus dure pour les personnes âgées aussi on a de plus de plus en plus de per~ de personnes âgées qui qui vont au au resto du coeur et ça moi je m' en étais déjà rendu |
Sonia_Branca-Rosoff: | compte mais depuis peu quand même parce qu' en gros ça s' est ça s' est pas amélioré en gros les les retraites les gens n' avaient rie le R M I |
Jacqueline_Pelletier: | le ben vous savez les retraites euh il y a beaucoup de de personnes âgées qui ont des toutes petites retraites parce que dans le temps parce que bon les femmes ne travaillaient pas comme à notre époque |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui justement |
Jacqueline_Pelletier: | ben oui et ben moi je oui mais il y a beaucoup de personnes le mari travaillait ils gardaient les enfants mais mais il y a beaucoup de de personnes âgées qui sont en difficulté à l' heure actuelle |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord |
Jacqueline_Pelletier: | je vous assure hein moi j' ai j' étais j' ai halluciné euh quand j' étais je tenais les commissions d' action sociale en mairie |
Sonia_Branca-Rosoff: | d' accord donc je me rends pas compte je j' avais l' impression que ça c' était amé- si que si je comparais à mon enfance où où je me souviens d' avoir vu des gens très pauvres âgés |
Jacqueline_Pelletier: | ah non non non non non oui et ben là je vous assure que vous il y en a plein des gens très très pauvres moi je vois des hier encore j' ai été choquée j' ai été voir mes copines j' ai été me faire faire une prise de sang donc j' ai été à l' Action sociale euh à Pablo donc c' était vraiment ils remballaient les au marché ben si vous saviez ce que j' ai vu j' ai vu comme de personnes âgées |
Sonia_Branca-Rosoff: | le nombre de gens qui qui ramassent |
Jacqueline_Pelletier: | qui étaient là qui cherchaient ben vous savez quand vous voyez ça ça me fous les boules hein |
Sonia_Branca-Rosoff: | je comprends |
Jacqueline_Pelletier: | bien sûr |
Sonia_Branca-Rosoff: | comment vous voyez l' avenir |
Jacqueline_Pelletier: | hum comment je vois l' avenir ben j' espère moi moi ce que je voudrais surtout c' est que je parle de de mes enfants qu' ils conservent leur travail parce que quand on perd son travail à l' heure actuelle pour en retrouver ben c' est pas fa-~ ça ça sera encore bien plus difficile qu' avant et on pose des emplois maintenant à temps partiel quelques heures par ici quelques heures par là et je vous assure que c' est ça |
Sonia_Branca-Rosoff: | on construit pas une vie comme ça |
Jacqueline_Pelletier: | on construit pas une vie comme ça on construit pas une vie comme ça en se disant euh je ne sais j' ai que des contrats et si on a que des contrats à durée déter-euh déterminée et ben on p-~ on peut rien construire on peut rien construire parce qu' on veut un appartement un peu plus grand on vous demande des depuis combien de temps vous travaillez est-ce que vous êtes en contrat durée indéterminée est-ce que vous avez un emploi stable et ben |
Sonia_Branca-Rosoff: | non donc c' est le travail hein pour l' instant la première préoccupation |
Jacqueline_Pelletier: | le travail |
Sonia_Branca-Rosoff: | et tout ce discours sur l' écologie le changement climatique vous sentez ça comme euh |
Jacqueline_Pelletier: | non mais c' est |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est enfin c' est |
Jacqueline_Pelletier: | pour c' est c' est vrai que c' est important |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui |
Jacqueline_Pelletier: | c' est bien sûr que c' est important mais vous savez quand on a quand je prends mon parcours l' écologie des fois ça me passe un peu au-dessus de la tête vous voyez hein franchement parce que quand je me rends compte moi vous savez j' ai un exemple là te tiens qui est pas vieux et là où je me fais des cheveux et des et très sérieusement j' ai mon fils le dernier hein qui a euh Marc il il va avoir quarante-huit ans il vient d' être licencié |
Sonia_Branca-Rosoff: | votre fils aîné |
Jacqueline_Pelletier: | mon fils aîné il vient d' être licencié bon c' est clair ils ont été neuf licenciés ça il y a ils ont l' employeur est aux prudhommes si bon mais en attendant c' est le parcours du combattant là pour lui vous voyez pour trouver du boulot c' est le parcours du combattant et là je me fais des cheveux parce que je me dis à quarante-huit ans quand moi mon ép-~ ben oui et puis ah ben ben non seulement c' est que c' est comme si ça recommençait et qui va le prendre maintenant |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est comme si ça recommençait hein vous avez l' impression que |
Jacqueline_Pelletier: | i~ il a bien sûr ses années d' expérience mais |
Sonia_Branca-Rosoff: | il fait |
Jacqueline_Pelletier: | quoi alors il était euh il tra-~ il travaillait dans une entreprise d' agro-alimentaire euh il était si vous voulez gestionnaire c' est-à-dire que il il rentrait sur ordinateur les produits qui arrivaient et ceux qui sortaient il en faisait la facturation voilà parce que au préalable tout à fait au début il avait u excellent métier il était essayeur en photogravure c' était un très très bon métier et puis avec la nouvelle technologie klp ben le le comment le service où il était |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui c' est un |
Jacqueline_Pelletier: | un ben ils ont arrêté ils ont pris des machines et voilà alors qu' avant ils c' étaient les rouleaux pour faire les couleurs enfin voilà quoi donc voilà là c' est mon inquiétude le travail je vous assure quand vous voyez tous nos jeunes ben je vous dis ça vous je sais pas ce que vous en passez ce que vous en pensez qui ont des bacs plus machin et qui trouvent pas de boulot hein c' est dramatique |
Sonia_Branca-Rosoff: | mm j' imagine que vous voyez pas l' avenir comme très rose |
Jacqueline_Pelletier: | non je je à l' heure actuelle |
Sonia_Branca-Rosoff: | hein |
Jacqueline_Pelletier: | je vois pas ça très rose hein franchement hein moi je vous assure je souhaite qu' une chose c' est que euh ben ils aient toujours du travail du côté de ma petite belle-fille je m' inquiète pas bon elle elle travaille au Palais de justice elle va probablement passer greffière dans peu d' enfin proche enfin dans peu de temps donc voilà mais mais bon mon fils il a il a il a un travail qui est bien sauf que euh ben lui c' est pareil hein le patron est au prudhomme mon dernier il a été licencié bon il a collé son patron aux prudhommes il va il a gagner je vous dis c' est pas un fainéant ça y est il retravaille hein mais il se démène hein oh moi c' est ce qui me fait le plus peur |
Sonia_Branca-Rosoff: | c' est pas l' échelle de la famille c' est bien la société française |
Jacqueline_Pelletier: | c' est la société française c' est la |
Sonia_Branca-Rosoff: | société et la mondialisation vous en pensez |
Jacqueline_Pelletier: | quelque chose la mondialisation qu' est-ce que vous voulez que je vous dise moi quand j' entends nos agriculteurs en ce moment moi ça me fout les jetons quoi quand vous allez euh à Carrefour vous voyez comment la viande qui vient d' Argentine et tout le bastringue alors qu' on a tout ce qu' il faut en France moi voilà quoi ça me passe je suis pas vraiment d' accord quoi mais bon après c' est vrai que politiquement si vous voulez je suis moi ce qui m' intéressait et ce qui m' intéresse toujours c' est l' humain le vécu des gens savoir comment qu' on va pouvoir les les sortir de cette foutue merde où on est en ce moment voilà loyer comment se dire qu' on va pouvoir continuer à payer son loyer pouvoir faire manger ses enfants quand on voit tous les gens qui sont licenciés ou qui se retrouvent avec des emplois |
Sonia_Branca-Rosoff: | et alors vous imagineriez quoi qu' on sorte de l' Europe qu' on ferme les frontières qu' on |
Jacqueline_Pelletier: | je sais |
Sonia_Branca-Rosoff: | pas c' est pas des choses qui sont |
Jacqueline_Pelletier: | je je |
Sonia_Branca-Rosoff: | discutées euh en ce moment |
Jacqueline_Pelletier: | si c' est discuté mais bon euh euh autant autant avant comment dire je je disais on va s' en sortir autant maintenant je j' arrive vraiment à me dire est-ce qu' on va pouvoir battre ce putain de capitalisme et tout et et je suis euh là je suis vr~ déboussolée je je suis en train de me dire est-ce qui est-ce qu' on peut encore croire à |
Sonia_Branca-Rosoff: | quelque chose est-ce qu' il y a des alternatives |
Jacqueline_Pelletier: | et voilà est-ce qu' il y a des alternatives lesquelles et comment on peut les appliquer j' en suis là en ce moment |
Sonia_Branca-Rosoff: | oui je crois que vous n' êtes pas la seule |
Jacqueline_Pelletier: | voilà où j' en suis en ce moment et ça me fait peur |
Sonia_Branca-Rosoff: | à s' inquiéter effe |
Jacqueline_Pelletier: | et ça fait peur |
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