_: L' émergence de la notion de « complément » est -elle une invention ou une innovation ? Bérengère Bouard Histoire des théories linguistiques ( HTL ) berengere.bouard@linguist.jussieu.fr Dans l' histoire de la terminologie grammaticale française , nous pouvons situer précisément l' apparition du terme de « complément » . Le terme de complément apparaît en 1747 dans Les vrais principes de la langue françoise de l' abbé Girard , dans l' expression de « complément du raport » ( 1747 , vol. 1 : 75 , vol. 2 : 181 ) . Dumarsais emploie également le terme dans les différents articles qu' il écrit pour l' Encyclopédie ou dictionnaire raisonné des sciences , des arts et des métiers de Diderot et D' Alembert , il évoque notamment le « complément de la préposition » ( Dumarsais , 1729 - 1756 , article « accusatif » : 177 ) . Beauzée , prenant la suite de Dumarsais , substitue le « complément » au régime dans l' article « Régime » ( Encyclopédie , tome XIV : 5 ) puis il lui accorde une définition spécifique dans l' Encyclopédie Méthodique de Panckoucke ( 1782 - 1786 , article « complément » , tome I : 441 - 447 ) . Il étend l' usage du « complément » dans sa Grammaire Générale ( 1767 ) en créant une typologie et une terminologie différenciées . Mais le terme ne se généralise pas d' emblée , et son prédécesseur , le « régime » , perdure . Pour autant , il n' est pas vrai que le phénomène de la complémentation verbale n' est pas décrit auparavant . L' idée d' un syntagme qui complète le sens du verbe et qui en dépend syntaxiquement , est présente dans le discours des grammairiens avant l' apparition du terme en 1747 . En effet , la catégorie fonctionnelle de « complément » apparaît partiellement , sous d' autres termes et d' autres concepts . Le « régime » , notion provenant de la tradition des grammaires latines , joue ce rôle depuis les premières grammaires du français jusqu'au milieu du 19e siècle . C' est aussi le cas du « modificatif » chez Buffier ( 1709 ) reposant sur l' opération de « modification » , notion interférant avec celle de la « particularisation » réalisée par le « régime » , ou encore du « déterminant » et de la « détermination » chez Dumarsais ( 1729 - 1756 ) . Autrement dit , l' apparition du terme ne coïncide pas avec l' invention de la catégorie moderne , qui s' élabore dans la longue durée à partir de concepts autres . Face à ces deux constats : le décalage entre la création terminologique isolée de « complément » et la construction conceptuelle sur la longue durée , le maintien du « régime » après la définition du « complément » , on peut se demander dans quelle mesure l' émergence de la notion de complément est une « invention » . La notion d' « invention » est définie comme l' « acte de trouver quelque chose ; ( la ) production d' idées ou de choses nouvelles , par combinaison nouvelle des moyens en vue d' une fin. » ( Auroux , 1990 , Encyclopédie philosophique universelle , II les notions philosophiques , dictionnaire , vol. 1 : 1374 ) . Autrement dit , l' invention correspond à la production d' une connaissance nouvelle . En outre , la notion d' « invention » s' oppose à la notion de découverte : Pour les réalistes ( ou platoniciens ) « invention » s' oppose à « découverte » . Ce dernier terme se dit , dans ce cas , de ce qui préexistait à la connaissance nouvelle . Chez les autres , les deux termes sont plutôt traités comme synonymes . ( ibid. ) . Il est nécessaire de distinguer ici la découverte d' un fait ( linguistique , interne à la langue ) et la découverte d' une notion expliquant les faits ( un savoir métalinguistique , une connaissance sur la langue ) . La notion d' invention est aussi à opposer à celle d' « innovation » . L' « innovation » consiste à stabiliser l' invention dans un espace social et à lui conférer le statut de connaissance scientifique . La différence entre les deux termes ( qui échangent parfois leur valeur sémantique ) provient de ce que toute invention ne se transforme pas en innovation ( ... ) . ( Auroux , 1990 , Encyclopédie philosophique universelle , II les notions philosophiques , dictionnaire , vol. 1 : 1313 ) . Notre objectif est de rechercher en quoi le « complément » apparaît comme une connaissance nouvelle qui va se stabiliser dans le discours grammatical . En quoi est -il un savoir nouveau sur la langue ? Incidemment , cette question en soulève d' autres , dont celle du statut particulier de l' invention en sciences du langage , et de la relativisation de la notion de « progrès » dans la science grammaticale ; peut -on dire que le « complément » est mieux mieux que le « régime » en tant qu' outil de l' analyse syntaxique ? Nous proposons d' examiner ici un moment charnière dans l' histoire de la syntaxe : le passage du « régime » au « complément » , en nous demandant dans quelle mesure l' émergence du « complément » apparaît comme une « invention » . Dans un premier temps , nous tentons d' identifier les traits de « nouveauté » du complément en comparant les deux notions . Dans un second temps , nous avançons comme élément de réponse principal que la construction du concept de complément ressortit en fait à l' évolution globale d' un faisceau de notions et de représentations grammaticales tenant à la structure de la proposition ( la transitivité verbale , la notion de « genre verbal » , le nombre et la forme des constituants dans le modèle propositionnel adopté ) . Les concepts de régime et de complément : quelles similitudes ? quelles différences ? quelle nouveauté ? On peut définir un concept comme un complexe constitué d' une définition , manipulant un contenu idéel , impliquant parfois d' autres concepts , relié à une terminologie . On peut ajouter une série de faits auxquels la définition s' applique , eux-mêmes représentés par des exemples . Chacun de ces éléments se trouve être soumis à l' histoire , et le concept ne forme pas une entité de signification stable ou fixe . L' histoire du complément n' est pas l' histoire d' une invention ex nihilo mais c' est celle d' une construction longue et complexe , à partir de divers termes hérités ou forgés , et à partir d' autres notions provenant de la logique ou de la grammaire . Le « complément » se construit notamment en interférence avec le « régime » . C' est en relevant les points de convergence et les points de divergence que l' on observe le mieux la nouveauté existant entre les deux notions . Les points de convergence entre le régime et le complément Premièrement , il faut noter qu' aucun de ces deux termes ne provient du domaine spécialisé et technique de la logique ( à l' inverse d' « attribut » , « prédicat » , ou « objet » ) . La notion de régime provient du vocabulaire de Priscien mais elle se développe au Moyen-Age : La notion médiévale de rection semble avoir pour origine l' idée d' exigence qui se trouve chez Priscien ; certains noms , par leur nature , exigent un cas oblique , comme fils demandant le génitif . ( Rosier , 1983 : 139 ) . Pierre Hélie explique ainsi que le terme de régir est employé pour désigner la relation du verbe au nominatif au moyen d' une métaphore militaire ; le verbe gouverne le nominatif comme le chef gouverne son armée ( ibid. , et Chevalier , 1968 : 55 ) . Le régime est défini à l' aide de différentes images dont le point commun est l' idée d' un rapport de domination . Cependant , sa définition est variable et la notion n' est pas encore totalement stable au Moyen-Age . Alexandre de Villedieu emploie le terme de regimen dans le chapitre 8 du Doctrinale puerorum , associé à ceux de rector , regere et gubernare ( Colombat , 1999 : 428 - 429 ) . Le terme est traduit et emprunté directement par les premiers grammairiens du français . La dépendance au verbe est pensée en termes de « régime » et les fonctions sont décrites à l' aide du système des cas . L' idée que le verbe « gouverne » le nom qui le suit c' est-à-dire qu' il impose un cas à sa suite , s' implante solidement dans la grammaire française . Quelques grammairiens , comme Palsgrave ( 1530 ) ou Ramus ( 1562 , 1572 ) , tentent de différencier les types de régimes , ce qui est souvent visible par le traitement du pronom ou de la préposition et de l' adverbe . Le substantif « complément » n' apparaît lui qu' au milieu du 18ème siècle , de façon minoritaire au sein d' un réseau terminologique varié , séparé du traitement du verbe ou des fonctions , en lien avec la préposition pour désigner le syntagme qui la suit , qui lui est « conséquent » . Chez Girard , le terme apparaît au sein du discours II sur les parties d' oraison ( vol. 1 : 75 ) , puis du chapitre spécialement consacré aux prépositions ( Girard , 1747 , vol. 2 : 181 ) . Les prépositions sont les manifestations du « propre génie de nôtre langue » qui suppléent aux cas ( op. cit. : 180 ) . Elles indiquent « un raport déterminatif » en lien avec les autres « parties d' oraison » ( substantifs , pronoms , adjectifs , verbes et nombres ) c' est-à-dire qu' elles servent à « restraindre l' étendue de leur acception » et leur permettent de « recevoir réciproquement diverses déterminations de sens ( ... ) » ( op. cit. : 181 ) . Le groupe qui suit la préposition est placé sous son régime « pour être le complément du raport et en former le sens entier » ( Girard , 1747 : 181 ) comme dans tendre sans foiblesse , coquin à pendre , homme de rien , parler avec fermeté ( ibid. ) . Le « complément du rapport » n' est pas plus amplement décrit , mais il apparaît clairement sous trois aspects essentiels . Premièrement , il est remarquable que la première occurrence du terme , connue à ce jour , de « complément » est liée à une définition de la préposition comme partie du discours incomplète , conception qui perdurera longtemps . Deuxièmement , elle est liée à une conception de la préposition comme forme rectrice . Girard explique bien que les mots qui la suivent sont sous son « régime » : Les prépositions doivent être toujours à la tête des mots qu' elles régissent , c' est-à-dire de ceux qui forment le complément du raport qu' elles indiquent . C' est même de cette place qu' elles ont tiré le nom qu' elles portent ; préposition signifiant dans l' étymologie un mot qui se place avant d' autres . ( op. cit. : 234 ) Cependant , le « complément du rapport » ne prétend à aucune fonction logico-syntaxique , il est plutôt assimilé à une sous-division sémantique à l' intérieur de la fonction quelle qu' elle soit . En effet , sur le plan sémantique , on comprend que c' est la préposition , selon le « raport » qu' elle exprime , qui oriente le sens du complément . En somme , le « complément du raport » désigne la séquence post-prépositionnelle dont la forme et le sens sont dirigés par la préposition . Sous la plume de Dumarsais , l' expression de « complément de la préposition » apparaît à plusieurs reprises , dans différents articles de l' Encyclopédie ( « Accusatif » , « Article » , « Adverbe » , « Construction » ) . La préposition est considérée comme une partie du discours incomplète qui crée l' attente d' un autre terme à sa suite , comme chez Girard : Il est allé à , à n' énonce pas tout le sens particulier ; et je me demande où ? on répond , à la chasse , à Versailles , selon le sens particulier qu' on a à désigner . Alors le mot qui achève le sens , dont la préposition n' a énoncé qu' une partie , est le complément de la préposition , c' est-à-dire que la préposition et le mot qui la détermine , font ensemble un sens partiel , qui est ensuite adapté aux autres mots de la phrase en sorte que la préposition est , pour ainsi dire , un mot d' espèce ou de sorte , qui doit ensuite être déterminé individuellement : par exemple , cela est dans ; dans marque une sorte de manière d' être par rapport au lieu : et si j' ajoute dans la maison , je détermine , j' individualise , pour ainsi dire , cette manière spécifique d' être dans . ( op. cit. : 458 ) . La préposition impliquée par le verbe nécessite d' être complétée , mais elle n' est pas présentée comme soudée au verbe et c' est avec le mot qui la suit qu' elle forme un syntagme analysable en soi et par rapport aux autres groupes constituant la phrase . Ce syntagme prépositionnel se rapporte ensuite au verbe dont il restreint la signification . La complémentation du verbe s' effectue donc en deux temps . Elle prend forme tout d' abord par la préposition qui a un statut central ; nous voyons bien que c' est elle qui dirige le complément du point de vue syntaxique et sémantique . Ensuite , le groupe prépositionnel est mis en relation avec le verbe qui la précède . Ainsi , c' est le groupe entier , formé de la préposition suivie de son complément , qui joue un rôle logico-syntaxique dans la proposition . Dans l' exemple « Celui , qui me suit , dit J . - C . , ne marche point dans les ténèbres » , le groupe ne marche point dans les ténèbres est analysé comme l' attribut , comprenant le verbe avec une négation , suivi d' une modification du verbe marcher : dans les ténèbres , composé de la préposition dans et du « complément de la préposition » ( 1729 - 1756 : 451 - 452 ) . Cet emploi du « complément » en lien avec la préposition est repris par Beauzée , et perdurera longtemps ( Loneux 1799 , Lévizac 1809 , Bescherelle 1834 , Burggraff 1863 ) . En outre , le « régime » et le « complément » ont en commun de construire leur signification sur les concepts de « détermination » , « modification » ou « particularisation » . Chez Buffier ( 1709 ) le « régime » est défini comme opérant une « particularisation » dans trois cas . Dans « le pasteur connoît ses brebis » ; « ses brebis » est le régime du verbe « parce que c' est l' objet qui particularise la signification du verbe connoît , marquant en particulier ce que le pasteur connoît » ( ibid ) , dans « vous êtes savant » , l' adjectif « savant sera le régime parce que savant particularise ici le verbe être » ( ibid. ) , et dans « un ami de plaisir ( ... ) la signification d' un ami est particularisée par le mot de plaisir » ( op. cit. : 62 ) . Le point commun de ces « régimes » est bien de « particulariser » la signification du mot auquel ils se rapportent : Tous les noms ou même tous les mots qui servent ainsi à particulariser la signification d' un autre mot sont le régime de ce mot ( op. cit. : 61 ) La « particularisation » peut s' entendre comme la sélection d' un élément précis qui entraîne une restriction de l' ensemble des individus auxquels le sens du nom ou du verbe pourrait s' appliquer . Mais différentes unités ou syntagmes appelés « modificatifs » sont reconnus aussi comme réalisant une « modification » ( en particulier adverbe , préposition , conjonction ) Le modificatif indique une circonstance ou une « modification » du nom-sujet ou du verbe-attribut , et du point de vue de l' analyse syntagmatique , il constitue une expansion interne de chacun des groupes sujet et attribut ( Buffier , 1709 : 9 : 49 ) comme dans « le zèle sans prudence agit témérairement » ( op. cit. : 49 ) . Dumarsais utilise lui la notion de « détermination » pour penser et décrire la complémentation . La notion de « détermination » est redéfinie et le rapport de détermination ( vs le rapport d' identité ) remplace la syntaxe de régime de Port-Royal , devenant alors le fondement des relations de dépendance ( Dumarsais , 1729 - 1756 : 456 - 458 ) . Lorsque le verbe est transitif direct , Du Marsais parle de « déterminant » du verbe : Il en est de même des verbes actifs : quelqu' un me dit que le roi a donné ; ces mots a donné ne font qu' une partie du sens particulier , l' esprit n' est pas satisfait , il n' est qu' ému , on attend , ou l' on demande , 1 ° ce que le roi a donné , 2 ° à qui il a donné . On répond , par exemple , à la première question , que le roi a donné un régiment : voilà l' esprit satisfait par rapport à la chose donnée , régiment est donc à cet égard , le déterminant de a donné , il détermine a donné . ( op. cit. : 458 ) Cependant , Dumarsais mentionne aussi le terme de « déterminatif » ( op. cit. : 515 - 516 ) . Tous les compléments essentiels sont ainsi considérés comme des « déterminants » ou « déterminatifs » du verbe car il y a autant de déterminations que de questions que nous pouvons poser à propos de l' action : Un verbe doit être suivi d' autant de noms déterminans , qu' il y a de sortes d' émotions que le verbe excite nécessairement dans l' esprit . J' ai donné : quoi ? et à qui ? ( Dumarsais , 1729 - 1756 : 460 ) On retrouve ici le verbe donner traditionnellement pris comme exemple pour différencier les deux types de régimes , direct et indirect , ainsi que les questions traditionnelles de repérage . La première définition du « complément » par Beauzée repose sur la notion de détermination : On doit regarder comme complément d' un mot ce qu' on ajoute à ce mot pour en déterminer la signification de quelque manière que ce puisse être . ( Beauzée , 1782 - 1786 , Encyclopédie Méthodique , Article « Complément » , tome I : 441 ) Mais il lui accorde ensuite une signification générique ; le « complément » apparaît alors comme un concept englobant , s' étendant à de multiples faits de dépendance grammaticale : Le complément d' un mot est une addition faite à ce mot , afin d' en changer ou d' en compléter la signification . ( Beauzée , 1767 , Grammaire Générale , tome 2 , « Du complément » : 44 ) On doit regarder comme complément d' un mot , ce qu' on ajoute à ce mot pour en déterminer la signification , de quelque manière que ce puisse être . ( E.M. , « complément » : 441 ) . En somme , « Régime » et « complément » participent d' une même invention ; celle de l' élaboration de la catégorie fonctionnelle de complément , et d' une même description linguistique : celle du procédé de complémentation . De ce point de vue , le passage du « régime » au « complément » consiste en un simple remplacement d' une notion par une autre , sans caractère de nouveauté ( hormis la création terminologique ) , sans véritable modification conceptuelle : Entre la première apparition de la notion de complément et l' utilisation de la notion de régime , il n' y a qu' une différence de nomination : le nom de complément est une invention des Lumières mais il n' y a pas d' article Complément dans l' Encyclopédie , B.E.R.M . s' explique sur cette absence dans l' article Gouverner ( ... ) ( Autrement dit ) l' invention de la notion de complément apparaît comme une simple innovation terminologique : ( ... ) ( Auroux , 1973 : 64 - 65 ) Mais Beauzée invite à ne pas confondre les deux termes de « régime » et de « complément » ( article « régime » ) . En effet , la naissance du « complément » marque un changement de perspective dans l' analyse , la notion se construisant également en opposition avec le « régime » , issu de la tradition latine . Les points de divergence entre le régime et le complément : Le régime est issu d' une conception de la dépendance syntaxique selon la « nature » , le « pouvoir » des mots . Cette force se traduit par une modification morphologique . Le régime , dans la grammaire latine implique un cas , c' est-à-dire la modification morphologique , visible , du terme qui suit . « Régir » signifie alors impliquer un cas . Ce concept sert de support à la distinction entre deux types de syntaxe , distinction formulée et théorisée par Despautère , entre « la syntaxe de régime » et « la syntaxe de concordance » . La « Syntaxe de régime » définit l' emploi et la valeur des cas , et la « syntaxe de concordance » règle les questions d' accord . Ces deux pôles du domaine syntaxique demeurent dans la Grammaire Générale et Raisonnée de Port-Royal ( 1664 : 157 - 158 ) , la « syntaxe de régime » recense les cas qui suivent les prépositions ou les verbes . A l' inverse , le « complément » n' est attaché à aucune considération sur le « pouvoir » des mots et ne renvoie à aucune modification morphologique imposée . Sous la plume de Beauzée , les définitions du « complément » évoluent et se détachent de la tradition latine pour prendre un sens grammatical générique . Le « complément » désigne ce qu' il évoque ; l' ajout d' un terme ou d' une séquence linguistique à la suite d' un autre , les deux unités entretenant une relation de dépendance ne correspondant pas à une opération logique précise ni à une modification morphologique casuelle . Inventer le complément revient en fait à refuser l' existence de cas pour les noms français ( jusqu'aux Encyclopédistes les grammairiens du français décrivent une déclinaison des articles , noms et pronoms ) et à fonder les bases d' une nouvelle syntaxe française , non plus sur la latine , mais sur les spécificités de la langue française . L' opposition entre syntaxe de régime et syntaxe de concordance est remplacée par la distinction énoncée par Dumarsais entre deux rapports syntaxiques entre les mots : le rapport de détermination et le rapport d' identité . Le rapport de détermination est marqué par l' ordre : mot déterminé / mot déterminant , et par les prépositions . Ce changement de perspective syntaxique entraîne , dans le discours des Encyclopédistes , la spécialisation du régime pour les langues casuelles et le délaissement des cas comme catégories de fonction , notions jugées inappropriées pour l' analyse du français . Par ailleurs , une autre différence observable entre le complément et le régime , est que la définition du complément par Beauzée s' accompagne d' une typologie spécifique nouvelle . Alors que le régime ne s' associait qu' à deux caractérisations ( forme directe ou indirecte ) régime absolu / respectif chez Buffier ( 1709 : 62 - 63 ) , régime indirect ou relatif / direct ou absolu chez Restaut ( 1732 : 253 , 256 ) , le « complément » est le support d' une caractérisation multi-critères donnant lieu à des productions terminologiques foisonnantes au 19e siècle . L' évolution du réseau terminologique de la complémentation suit différentes étapes que nous ne pouvons détailler ici mais dont nous rappelons le mécanisme général . On note tout d' abord un transfert des caractérisations du régime vers le complément , ensuite les grammairiens inventent des qualificatifs spécifiques au complément ( selon son sémantisme comme c' est le cas pour les circonstanciels de Beauzée , selon son caractère nécessaire ou non chez Domergue qui distingue les compléments éloignés et prochains ) , la terminologie du régime peut coexister avec celle du complément ( engendrant des systèmes de désignation doubles ou plus complexes ) , avant que le complément ne devienne le principal nom de la catégorie au milieu du 19e siècle . Ceci s' explique par le fait que le « complément » reçoit un sens plus large que le « régime » . Entendu comme hyperonyme , le complément désigne des réalités plus larges que le régime , et recouvre tous les cas sauf le nominatif ( accusatif , datif , génitif , ablatif ) . Aux yeux de certains grammairiens , comme Domergue , la notion de « complément » peut apparaître plus « pratique » pour cette raison . L' écueil de l' application de cette conception du « complément » est que le terme peut servir à désigner tout mot ou groupe de mots , attaché à l' unité qui le précède , comme chez Bescherelle . En somme , on distingue quatre stades , qui peuvent se chevaucher , dans le processus d' émergence de la notion de « complément » . Tout d' abord , la construction des notions préliminaires de « modification » , « détermination » , « particularisation » , ensuite l' apparition du terme en lien avec une définition positionnelle spécifique liée à la préposition , cette phase est suivie de la définition du « complément » comme substitut du régime , puis de l' élargissement de sa signification vers un sens grammatical générique . Pour autant , la notion de complément est -elle plus utile , plus avantageuse , que celle de régime ? On peut apporter un élément de réponse à cette question en observant les modalités de réception de la notion de « complément » par les grammairiens de la fin du 18e siècle et du début du 19e siècle : quel succès reçoit -elle ? comment est -elle jugée par les grammairiens de cette époque ? Certains , lecteurs de l' Encyclopédie , l' adoptent rapidement et reconnaissent une importance à ce qu' ils jugent être une invention , mais ils sont isolés ( Père François Xavier 1776 , Thurot 1796 , Domergue 1798 , Silvestre de Sacy 1799 ) . Chez Condillac et les Idéologues , la nouvelle catégorie n' est quasiment pas utilisée . Les auteurs de grammaires générales , connaissant les articles de l' Encyclopédie , ont tendance à l' intégrer , tout en conservant le régime pour certains , comme Thiebault ( 1802 ) . Dans les années 1830 - 40 le complément tend à se généraliser dans les grammaires d' usage ( Bescherelle , 1834 , Boniface , 1843 ) . Aux questions suivantes : qu' est -ce qui est nouveau entre le régime et le complément ? qu' est -ce qui change dans le passage du régime au complément ? Nous pouvons répondre que c' est la conception de la syntaxe ( identité / détermination , abandon des cas ) , ce qu' a montré Chevalier ( 1968 ) . Mais on peut avancer aujourd'hui une nouvelle hypothèse : c' est toute la représentation de la proposition dans la grammaire qui est en mouvement . En réalité , l' émergence du « complément » n' est pas un phénomène isolé , c' est le versant visible de l' évolution de la conception de la structure propositionnelle et de la prise en compte par les grammairiens du français de la problématique de la transitivité verbale . L' évolution de la structure propositionnelle : verbe transitif et constituants de la proposition La question de la définition du complément versus celle de régime , est en relation avec celle de la représentation de la proposition dans la grammaire et avec celle du statut du verbe dans la structure propositionnelle . En effet , le verbe , dans le modèle propositionnel de la grammaire générale et raisonnée de Port-Royal , prend nécessairement la forme du verbe être à la troisième personne et au présent de l' indicatif , c' est le « verbe substantif » ( GGR , 1845 [ 1664 ] : 47 - 48 ) , il est suivi du participe présent ( analysé comme « attribut » ) ( GGR , 1845 [ 1664 ] : 47 ) . Cette structure pose différents problèmes dans l' analyse grammaticale . Premièrement , ce schéma propositionnel impose la réécriture de chaque verbe au moyen du verbe substantif . Dans les pratiques grammaticales , ceci se traduit par une réduction de tous les énoncés au modèle initial tripartite : sujet-est-adjectif / participe , et par une lecture attributive de la proposition . Deuxième point , corrélé au premier , ce modèle écarte l' analyse du verbe comme noyau de transitivité . On peut alors considérer le modèle tripartite comme un frein à l' émergence de la catégorie de verbe transitif , cette histoire étant inscrite de façon plus large dans celle du classement des « genres du verbe » hérités de la tradition latine . Celle -ci distingue les verbes actif , passif , neutre , commun et déponent , en se fondant sur la morphologie latine ( l' opposition -o / -or ) mais aussi sur le sémantisme lexical ( action / passion ) du verbe ou sa construction ( le cas , la possibilité de transformation passive ) . Durant tout l' âge classique cette typologie des verbes se transmet de façon stable , les grammairiens reproduisant les principales catégories de verbe actif , passif , ou neutre , notamment la Grammaire Générale et raisonnée de Port-Royal , mais ce calque du modèle latin se réalise avec des transformations . En effet , l' opposition formelle étant absente en français , les définitions des catégories se centrent sur le critère sémantique , tandis que l' absence de cas conduit à identifier les classes à partir de la notion de régime puis de complément . L' évolution du modèle de classement des verbes s' articule clairement à l' émergence de la fonction de complément et à l' évolution de la structure propositionnelle . Ainsi , Beauzée ( 1767 ) inaugure la période de remise en question du système traditionnel des genres du verbe , en distinguant le verbe absolu ( intransitif ) du verbe relatif ( transitif ) en contrepoint de la différence entre compléments immédiat ( direct ) et médiat ( indirect ) , et objectif , primitif ou relatif , secondaire . Cet ébranlement se poursuivra jusqu'à la fin du 19e siècle , moment où l' on distinguera la « voix » du verbe ou forme du verbe , de son sémantisme et de sa construction ( Jullien , B . , 1832 , 1852 - 1854 ) . Cette évolution est parallèle au processus de déconstruction de la structure propositionnelle tripartite érigée comme modèle par Port-Royal . Les grammairiens adoptent plusieurs positions allant de l' adoption pure et simple à la déconstruction totale . On propose ici une échelle théorique des réactions observées face au modèle propositionnel initial , sachant que ces positions ne se succèdent pas ; elles n' obéissent pas à une évolution linéaire mais illustrent différentes tendances dans le processus de déconstruction . L' adoption univoque et fidèle : sujet- est- attribut Dans ce premier cas , le modèle propositionnel de la GGR est adopté sans modification , ce qui est particulièrement observable chez les Idéologues et les enseignants des Ecoles Centrales , l' institutionnalisation d' un programme d' Idéologie concourant à la stabilité et à la diffusion de la doctrine . Le verbe est identifié au verbe substantif , la typologie des « genres » du verbe est réduite à l' opposition de l' expression de l' action ou de l' état , comme chez Condillac . Condillac cite d' emblée les Messieurs de Port-Royal ainsi que Dumarsais ( 1775 , Grammaire : 1 ) et conserve le modèle tripartite comprenant la décomposition du verbe . Ainsi , l' exemple qui suit « Corneille est poète » ( ibid. ) correspond à l' association d' un sujet et d' un attribut , qui sont « les signes des deux idées que vous comparez » ( Condillac , 1775 , Grammaire : 102 ) , au moyen du verbe être qui demeure le « signe de l' opération de votre esprit qui juge du rapport entre Corneille et poète » ( op. cit. : 103 ) . Ce qu' il résume ainsi : Toute proposition est donc composée d' un sujet , d' un verbe et d' un attribut . ( ibid. ) L' analyse est identique au début du chapitre suivant : Considérons actuellement les trois termes d' une proposition . Le sujet et la chose sont on parle , l' attribut est ce qu' on juge lui convenir et le verbe prononce le rapport de l' attribut au sujet . Telles sont les idées qu' on se fait de ces trois sortes de mots . ( op. cit. : 107 ) Le verbe est toujours décomposé en est suivi du participe présent , la proposition « s' exprime par conséquent avec trois mots ou avec deux équivalents à trois . Je parle par exemple est pour je suis parlant. » ( op. cit. : 03 ) . Par ailleurs , Condillac ne propose pas de classement des verbes et simplifie le système à l' opposition entre verbe d' action et verbe d' état . Dans le chapitre VI « Du verbe » parmi les « Eléments du discours » ( Condillac , Grammaire , 1775 , p. 160 ) on ne trouve aucune référence à la notion de transitivité . Les points présentés concernent les personnes , le temps , les modes , la conjugaison , et les formes composées . Le verbe être est « proprement le seul » ( ibid. ) . Enfin , il ne parle pas de complément mais utilise la notion d' « accessoire » ( op. cit. : 115 ) pour décrire les dépendances du verbe , ainsi que celle de « modification » ( tome 2 , Art d' écrire et de raisonner : 31 ) . L' adoption du modèle mais en combinaison avec le complément : sujet-verbe-attribut ( complément ) / sujet-verbe-attribut-complément Dans ce second cas , le verbe substantif est conservé mais le complément est évoqué , comme un constituant supplémentaire dont les caractéristiques sont absconses . Deux cas de figure se présentent . i ) le complément est mentionné et appartient à l' attribut , comme chez Serreau et Boussi ( 1824 ) . Le modèle propositionnel prend la forme suivante : sujet-être-attribut-objet-adjoints : « Une proposition se compose nécessairement d' un sujet et d' un attribut lié au sujet par le verbe pur ( ... ) ainsi dans cette proposition j' aime l' étude , je est le sujet , aime est l' attribut composé de suis aimant , l' étude est l' objet direct , c' est-à-dire le signe de l' objet sur lequel se porte directement l' action , ce que quelques grammairiens appellent complément ( ... ) » . Or les grammairiens réservent le terme de complément au syntagme prépositionnel ( complément du nom ou complément indirect du verbe ) ou à la proposition complément d' une autre : « .. mais je ne veux appliquer cette dénomination dans ce sens qu' à une proposition qui devient l' objet direct d' une autre proposition logique . Hors de là j' appelle complément un mot précédé d' une préposition qui a pour antécédent le sujet ou l' objet direct ou indirect d' une proposition comme dans ces exemples une étincelle de feu a brûlé le pan de mon habit , obéissez aux ordres de vos chefs. » ( op. cit. , p . 358 - 359 ) . ii ) le complément est extérieur à l' attribut et se greffe au noyau tripartite , comme chez Domergue ( 1798 ) . Domergue conserve en effet l' analyse tripartite de la proposition : sujet-verbe-attribut , il désigne ses trois composantes à l' aide d' une nouvelle terminologie formée sur le verbe juger en latin « judicare » : judicande - judicateur - judicat . Il ajoute ensuite à ce schéma une quatrième partie qui est le « complément » mais celui -ci ne s' applique pas au judicateur . Le complément apparaît comme un quatrième constituant , faisant suite aux trois autres . Cependant il semble parfois inclus dans le judicat , Domergue expliquant que c' est « le judicat qui contient le complément et le complément du participe » ( op. cit. , p . 17 ) , le complément participant aussi de la « chose jugée » . Le fait est que le complément reçoit la plupart du temps une place ambiguë dans ces grammaires . Souvent , il n' est pas possible d' identifier sa place , les deux descriptions pouvant être disjointes ( analyse de la proposition du point de vue grammatical / du point de vue logique ) . Cette coexistence ( indifférenciée ) d' une structure propositionnelle attributive et d' une structure transitive , crée de nombreux problèmes dans l' analyse tels que celui de la détermination de la portée des compléments suivant le verbe : sont -ils compléments du verbe substantif , ou du participe ( appelé aussi adjectif , modificatif ou modatif ) tiré du verbe adjectif ? Soit les grammairiens séparent les compléments du verbe être et ceux du participe ( sur le modèle de Condillac distinguant les accessoires du verbe et ceux de l' attribut ) soit ils affirment que le verbe être se suffit à lui-même ( comme Domergue ) , donc tous les compléments sont des compléments du participe . L' adoption du modèle initial en concurrence avec un autre modèle On observe une troisième attitude qui consiste à conserver la structure attributive originelle en parallèle de l' ébauche d' une structure transitive . Cette position est notable lors de la période de transition qui précède l' abandon du modèle initial , c' est-à-dire dans les grammaires générales tardives . Les grammaires générales du milieu du 19e siècle prolongent la grammaire générale de l' âge classique . Elles adoptent donc un modèle propositionnel majoritairement tripartite ( ou augmenté ) où la décomposition du verbe est acquise comme une évidence , elles reprennent aussi pour la plupart une division des mots inspirée de la GGR ou de Harris en un système binaire ou ternaire des classes de mots . L' intégration du complément est très nette chez certains ( Caillot , Poitevin , Jullien , Lavielle , Leterrier ) mais d' autres conservent le régime comme seule fonction ( Jonain ) ou comme synonyme du complément ( Montémont , Poitevin ) , ou bien ne comportent pas de syntaxe ( Montlivault , Barthe ) ou quasiment pas ( Jonain ) . Ceci s' accompagne d' une conservation de la distinction syntaxe de concordance , d' accord ou d' identité , face à la syntaxe de régime parfois renommée syntaxe de complément ( Bel ) , de dépendance ( Burggraff ) ou de détermination ( Leterrier ) . Les textes témoignent aussi de la connaissance des écrits de Dumarsais , Condillac , Court de Gébelin et Destutt de Tracy , mais surtout de Beauzée , dont la distinction des verbes peut être reprise ( Burggraff ) . L' adoption d' un modèle autre : sujet + x - verbe + x , y , z Dans ce dernier cas de figure , le modèle de la GGR n' est absolument pas repris et la description de la structure propositionnelle se réalise à partir de l' adjonction de constituants aux deux groupes essentiels que sont le sujet et le verbe . On l' observe chez Buffier qui inaugure une véritable tendance en inventant le « modificatif » , ou chez Girard qui pousse à cinq le nombre de fonctions supplémentaires et fournit un modèle muti-fonctions aux noms nouveaux qui inspirera les derniers auteurs de grammaires générales comme Jullien , ou Montémont . Cette représentation de la proposition s' articule à une remise en question du verbe substantif ( Girard , Jullien ) , ou s' accompagne d' une définition autre . Ces modèles fonctionnels , en rupture avec le modèle propositionnel , d' origine logique , de la GGR , n' intègrent pas la décomposition du verbe et s' accompagnent d' une remise en question de la définition du verbe de Port-Royal . Ceci dit , la remise en question du verbe substantif n' implique pas pour autant une redéfinition des catégories de fonction , comme cela est observable chez les membres de la Société Grammaticale ( 1818 ) , dont le problème central est la délimitation des classes de mots . Des liens évidents existent entre l' émergence du complément , la déconstruction du modèle propositionnel de la grammaire générale et la construction des classes de verbes transitif et intransitif , sur critère sémantico-syntaxique . Les tentatives de désignation d' un nouveau constituant représentent en effet des aménagements du modèle propositionnel et s' accompagnent d' une redéfinition du verbe . En conséquence , l' émergence de la fonction de complément ne peut être envisagée isolément . Son invention n' est pas un phénomène isolé . Elle s' inscrit dans le mouvement global d' évolution de la structure propositionnelle et elle ne prend sens qu' en relation avec la conception du verbe et des constituants de la proposition . En guise de conclusion , nous pouvons reconsidérer les questions que nous posions en introduction : en quoi l' émergence du complément est -elle une « invention » ? le « complément » est -il un meilleur outil grammatical que le « régime » ? et tenter d' y apporter quelques éléments de réponse . Premièrement , ce qui est saillant dans le processus de généralisation et de stabilisation du complément dans le discours grammatical , c' est l' abandon d' un modèle de la proposition . L' histoire du complément est l' histoire de l' invention d' une certaine description de la dépendance syntaxique , à l' aide de notions diverses , notamment empruntées à la logique , et de termes nombreux forgés par les grammairiens . Cette histoire est parallèle à la déconstruction du modèle propositionnel tripartite attributif de la grammaire générale . Deuxièmement , l' historien des sciences du langage n' a pas de réponse à la question de savoir si le complément permet de mieux décrire , penser , appréhender , représenter , formaliser , ou enseigner la syntaxe du français . L' intérêt d' une étude historique est précisément de montrer qu' il n' existe pas de réponse à cette question . En revanche , ce que l' on observe , dans la perspective d' une histoire sérielle , c' est que les grammairiens adoptent le complément , pas immédiatement ni de façon unanime , et pour des raisons différentes . Bibliographie primaire Arnauld , A . , & Lancelot , C . ( 1660 ) Grammaire générale et raisonnée , Paris : Le Petit . Arnauld , A . , & Lancelot , C . ( 1664 ) Grammaire générale et raisonnée [ reproduction de l' édition de Paris 1845 , suivie des remarques de Duclos , et du supplément par l' abbé Fromant , Genève : Slatkine Reprints , 1993 ] . Barthe , F . ( 1830 ) Programme des leçons de logique et de grammaire générale , Versailles : Augé . 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